fondation du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue
1061
Au nom de la très sainte et indivisible Trinité.
Que tous sachent que moi, Artaud d'Argental,
avec l’accord et selon la volonté de Fia mon épouse et de tous les chevaliers
d'Argental, pour la rédemption de mon âme et celles
de tous mes parents, je donne l'église de Saint-Sauveur avec toutes ses
dépendances, ses environs et tout le territoire, au Seigneur Dieu et au
monastère de la Chaise-Dieu et aux moines qui y servent Dieu, tant actuels que
futurs, entre les mains de dom Robert, abbé de ce lieu, afin qu’ils aient,
gardent et possèdent ces biens à perpétuité, librement et sans retard, pour
qu’il y ait ici un monastère de moines à demeure.
Je donne aussi aux habitants de ce lieu et de ce
village pour construire ce monastère et le village tout ce qui sera nécessaire
aujourd’hui, hier et toujours, en forêts, où quelles m’appartiennent, bois de
construction et de chauffage, sans quelque objection.
Et je leur donne les rivières qui traversent ce
territoire et son voisinage, et sur toute ma terre et tout mon mandement d’Argental je leur cède les prairies libres et tout ce qui
sera nécessaire en eaux en tout temps.
Et puisque j’ai appris que des laïcs ne peuvent
posséder d’églises, et que je veux agrandir ce lieu par mes biens, je donne à
perpétuité à ce monastère toutes les églises qui sont sur ma seigneurie, avec
l’accord de l’archevêque de Vienne, à savoir l’église du château d’Argental, les églises de Bourg, de Burdigne,
de Vanosc, de Riotord, de
Saint-Genest, avec tous les biens ecclésiastiques et tout ce qui leur
reviennent ou doivent leur revenir.
J’accorde aussi que quiconque, s’il voulait donner un
bien qu’il tient de mon fief à ce monastère, ou lui vendre ou échanger, il lui
soit permis de le faire sans mon avis ou celui de mes héritiers, et que le
monastère possède ce bien par alieu, et que le
monastère puisse acquérir mes serfs et affranchis, quelle que soit la manière,
et les ait pour toujours, librement et sans aucune objection.
Puisque j’ai fait cette donation et transfert de
propriété avec l’accord et selon la volonté de tous les chevaliers d’Argental, ils en sont les témoins ci-dessous mentionnés.
Cette donation a été faite entre les mains de dom
Robert, abbé de La Chaise-Dieu, en l’année 1061 après l’incarnation du
Seigneur, indiction 8.
Les témoins visuels et auditifs en sont :
Dalmas, moine, Arbert, moine, S. Rostang Ergollos, S. Arnaud Chantron, Afaleus, S. Guy de Valgela, Archingaux, S.Otmar, S.Arbert Rachas, Guy Arnaud, S. Arbert
Ado, S. Arricus, Et beaucoup d’autres.
Arbert a écrit l’ordre du seigneur Artaud et des autres.
TEXTE LATIN
- LA MURE Jean Marie
(de), 1860, Histoire
des ducs de Bourgogne et des comtes de Forez, pp.18-19, n°22
L’auteur titre
ainsi cette charte :
Fondation du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue, au pays
de Forez, faite par Artaud, seigneur d’Argental audit
pays, entre les mains Jde Saint Robert, fondateur,
instituteur et premier abbé de l'abbaye et chef d'ordre de la Chaise-Dieu. —
Extrait des archives de ladite abbaye et communiqué par Dom Pierre Laurens,
moine bénédictin de la congrégation de Saint-Maur.
Il donne comme date
l’indiction 8 ; une indiction
étant une période de 15 ans à compter de l’année 312, la charte daterait de
1055, selon le calcul suivant :
312 + (15x49) + 8 =
1055.
- CHARPIN-FEUGEROLLES,
GUIGUE M.C., 1881, Cartulaire de
Saint-Sauveur-en-Rue
comprenant des chartes de 1061
à 1281, des documents extraits de la Copie
des liasses du Chartier de Saint-Sauveur de 1258 à 1607, une notice
historique et la vie de saint Robert
Les éditeurs
présentent ainsi cette charte de fondation :
1061. – Artaud d’Argental,
par le conseil et du consentement de Fie, son épouse, et des autres chevaliers
d’Argental, donne à l’abbaye de la Chaise-Dieu, en la
main de Robert, abbé dudit lieu, l’église de saint-Sauveur et ses dépendances,
pour y établir un monastère de religieux. Il lui concède en outre, dans ses
forêts, tout le bois nécessaire pour la construction et le chauffage du
monastère et du village, le droit de prendre les eaux nécessaires et de faire
paître les troupeaux dans tout son mandement. De plus, et cela de l’avis de
Léger, archevêque de Vienne, il lui donne encore toutes les églises qui se
trouvaient dans sa seigneurie, savoir : celles du château d’Argental, de Bourg-Argental, de Burdinie,
de Vanosc, de Riotort et de
Saint-Genest. Il autorise enfin le monastère à tenir en alleu ce qui lui
proviendra de son fief par voies de donation, d’achat ou d’échange, et à
acquérir ses hommes serfs ou féaux, librement et sans aucune espèce de
contradiction.
Ils soulignent que
l’indiction doit être non pas VIII mais XIII, selon le calcul suivant :
312 + (15x49) + 13
= 1060, soit l’année 1060-1061.
alleu : propriété
sans contrepartie (voir dictionnaire
historique : alleu,
CNTRL : fief)
fief : propriété avec
contrepartie au seigneur, au bienfaiteur d’où l’emploi du terme de bénéfice
(voir dictionnaire
historique : fief,
CNTRL : alleu)