musée du diocèse de lyon

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Syndicat ecclésiastique

1923

 

 

 

 

 

LETTRE CIRCULAIRE

DE

SON EMINENCE LE CARDINAL ARCHEVEQUE DE LYON

ANNONÇANT LA

CONSTITUTION D'UN SYNDICAT ECCLÉSIASTIQUE

 

Lyon, le 8 février 1923

 

Cher Monsieur le Curé,

 

 

Au cours de nos dernières retraites pastorales, je vous ai fait part du projet que j’avais conçu de fonder un syndicat d'ecclésiastiques. J'ai aujourd'hui la satisfaction de vous annoncer que ce projet vient d'être mis à exécution.

 

L'Église est une société parfaite qui, comme telle, a reçu de son divin fondateur, le droit absolu et indépendant d'acquérir et d’administrer les biens qui lui sont nécessaires pour remplir la mission dont elle a été investie. Ce droit, non seulement les pouvoirs publics se refusent en France à le reconnaître, mais, en outre, ils l'ont dépouillée du patrimoine que, sur la foi d'un traité régulièrement et solennellement signé, elle était parvenue à reconstituer après la tourmente révolutionnaire.

 

En présence d'un tel déni de justice, il restait aux évêques, comme Pie X les y a invités dans l'encyclique Gravissimo à. s'organiser en recourant aux moyens que le droit commun met à la disposition de tous les citoyens. C'est pourquoi, au lendemain de la séparation, ils ont établi l’Œuvre du Denier du Culte. Vous savez comment l’Œuvre fonctionne dans notre diocèse, sous notre responsabilité personnelle, avec votre concours, celui de tous les fidèles et sous le contrôle d'un Comité qui se réunit, chaque année, à l'archevêché, pour être mis au courant de la situation financière et donner les conseils qui lui sont demandés. Cette organisation légale et canonique, qu'aucune autre, à mon avis, ne pourrait aujourd'hui avantageusement remplacer si ce n'est la reconnaissance entière des droits de l'Église, a permis jusqu'à présent de procurer aux membres du clergé, sinon l'aisance, au moins le pain de chaque jour.

 

Mais ce pain doit également leur être assuré quand l'âge ou les infirmités les obligent à se retirer du saint ministère. C'est dans ce but que j'ai cru devoir encourager la fondation d'une Mutualité ecclésiastique avec caisse de retraite. A peine à ses débuts, la Mutualité laisse concevoir déjà de belles espérances. Vous ne manquerez pas d'en faire connaitre l'existence à vos paroissiens, et vous voudrez bien les exhorter de ma part à l'aider à se procurer des ressources en acceptant, si leur situation de fortune le leur permet, le titre et les modiques charges de membres honoraires. Ainsi les catholiques s'acquitteront de leur dette de reconnaissance à l'égard de ceux qui leur consacrent leur intelligence, leur dévouement et vont parfois jusqu'à sacrifier pour eux leur santé.

 

Par suite de la guerre et des dures conditions que nous ont créées les Iois spoliatrices, le nombre de nos prêtres est considérablement réduit, et vous n'ignorez pas d'autre part que la question du recrutement sacerdotal et la question des séminaires me préoccupent au plus haut point. Après 1906, nos séminaristes ont pu être recueillis dans des locaux que leurs légitimes propriétaires réclament aujourd'hui et qu'il va bien falloir leur laisser. Nous serons donc obligés de trouver de nouveaux immeubles, pour remplacer ceux que nous devions à la seule libéralité des catholiques et que le Gouvernement nous a pris. J'ai le très vif désir, quand le moment sera venu d'exposer cette situation critique et il ne saurait tarder beaucoup, de ne pas avoir à mettre en cause une administration à laquelle je m'efforcerai, au contraire, de rallier des sympathies pour peu que ma tâche me soit facilitée par elle.

 

Mais, en toute hypothèse, cher Monsieur le Curé, je compte avant tout sur la charité des fidèles et l'aide de mes prêtres, cette aide devrait-elle, pour être plus efficace, s'exercer sous la forme nouvelle et, en apparence, un peu étrange de l'action syndicale. Il est incontestable qu'il n'y aurait pas lieu de recourir à cette forme si l'Eglise jouissait, en France, d'un statut légal pleinement conforme à sa constitution et lui donnant une capacité suffisante d'acquérir et d'administrer les biens indispensables à sa mission. Il n'en est malheureusement rien, comme je l'ai dit plus haut. Fort du passage de l'Encyclique Gravissimo relatif à l'utilisation du droit commun, et muni de l’autorisation du Saint-Siège, je n'ai donc pas hésité, à la suite de notre vénéré doyen dans l'épiscopat, Monseigneur l'Evêque de Viviers, à recommander la constitution d'un syndicat d'ecclésiastiques pour le diocèse de Lyon.

 

A cet effet, sur la convocation de Mgr Bourchany, Mgr Faugier, évêques auxiliaires, Mgr Vindry, Mgr Faure, vicaires généraux et de quelques autres membres fondateurs, un certain nombre d'archiprêtres venus des diverses régions de notre diocèse se sont réunis à Lyon ce matin 8 février, à 10. 1/2 rue Sainte-Hélène 30. Lecture leur a été donnée d'un rapport présenté au nom de la section du Contentieux du Comité diocésain, section qui comme vous le savez, se compose de jurisconsultes éminents entièrement dévoués aux intérêts de l'Eglise. Ces Messieurs avaient, dans leur réunion tenue, il y a quelques jours, conclu à l'unanimité, à la parfaite légalité d'un syndicat ecclésiastique constitué conformément aux lois de 1884 et 1920. lls avaient en outre, signalé dans leur rapport les écueils à éviter et indiqué à titre d'exemples quelques-uns des actes syndicaux prévus à l'article 5 de la loi du 12 mars 1920. Ils avaient, enfin, élaboré un projet de statuts qui pourrait être soumis au vote de l'assemblée cons-titutive.

 

Tous les ecclésiastiques présents ont été d'avis qu'il fallait profiter des avantages accordés aux syndiqués. Les statuts mis aux voix ont été adoptés à l'unanimité. La qualité de membres titulaires a été confirmée aux dix membres fondateurs et reconnus à de nouveaux adhérents. Il a été ensuite procédé à l'élection des membres de la Chambre syndicale et du Bureau. Le syndicat étant ainsi regulièrement constitué, Mgr Bourchany s'est chargé d'assurer le dépôt des Statuts et de faire toutes les formalités admi-nistratives nécessaires pour assurer le fondement légal du Syndicat.

 

J'ai tenu à vous dire moi-même, Cher Monsieur le Curé, que tout a été fait avec mon entière approbation et mes encouragements. Je vous exhorte donc à donner votre adhésion. Comme vous pourrez le remarquer par la lecture des statuts publiés à la suite de cette lettre circulaire dans ce même numéro de la Semaine religieuse tous les membres du Syndicat, titulaires et associés jouiront des mêmes avantages.

 

Veuillez agréer, cher Monsieur le Curé, l’assurance de mon paternel dévouement en Notre-Seigneur.

† Louis Joseph Cardinal MAURIN

Archevêque de Lyon.