musée
du diocèse de lyon
Entrée
Pierre Termier
1859-1930
Pierre
TERMIER naît à Lyon en 1859.
Après
ses études à l’institution des Maristes de Saint-Chamond et l’Ecole
Sainte-Geneviève à Paris, il intègre l’Ecole Polytechnique dont il sort major
en 1880. Il entre à l’Ecole des Mines de Paris comme élève ingénieur.
En
1885 il devient titulaire de la chaire de Géologie, de Minéralogie et de
Physique, à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne. En 1894 il part à Paris où il
exerce des activités d’enseignement, de recherche, dans les Grandes Ecoles, la
Haute Administration, les Sociétés savantes.
Il
se marie en 1883 et devient père de six enfants.
En
1906 il se lie d’amitié avec Léon Bloy qu’il aide financièrement dans l’édition
de ses œuvres.
Il
est membre du Tiers-Ordre de Saint-François d’Assise.
Il
meurt à Varces (Isère) en 1930.
Deux
lycées catholiques, à Lyon et à Grenoble, portent son nom.
A
sa mort et au centenaire de sa naissance, les hommages évoquent celui qui avait
réussi à être tout à la fois un savant, un artiste et un chrétien convaincu.
Il
était croyant dans toute la force du terme : il l'était dans sa parole, dans
ses actes, et l'Évangile fut toujours sa règle de vie.
(NELTNER Louis,
1931, Bulletin du Club Alpin Français)
Par
la conviction du rôle bienfaisant de la Science qui façonne « des âmes
capables de sortir du monde matériel et de s'élancer dans le monde de
l'esprit », par le sentiment de la collaboration générale, condition du
progrès dans le champ de la recherche désintéressée, et par celui de
l'universalité du patrimoine intellectuel sans acceptions de personnes ni
frontières entre les nations, l'amour de l'humanité et l'idéal scientifique
s'unissaient en lui intimement. Cette double et ardente aspiration trouvait son
sens complet et sa fin véritable dans la foi catholique qui a orienté tous les
actes de sa vie. Artiste de la parole et
de la plume, amoureux de beau style, de belle musique, des grandes visions de
la nature, de tout ce qui ennoblit et réjouit l'âme, il lisait en ces aspects
de la Beauté les mêmes raisons de croire qu'en l'édifice merveilleux des
connaissances intellectuelles. A fortiori, imprégnées de ce souffle de foi et
d'amour, sa vie familiale qu'ont rehaussée souvent de grands chagrins, ses
relations avec ses amis, et la trame normale de l'existence constituée des
mille détails des obligations professionnelles et des démarches ordinaires de
chaque jour, prenaient par là tout leur prix. Vus sous cet angle, les épisodes
de la vie s'ajustent et s'ordonnent pour enrichir toujours la destinée.
(RAGUIN
Eugène, Notice lue à la Séance générale
annuelle de la Société géologique, le 15 juin 1931, publiée dans Annales
des Mines, 1932, t.I)
Il
était porté par sa foi chrétienne, bien qu'il ne l'affichât pas.
(RAGUIN,
1960, Revue des Ingénieurs)
Dans
ses écrits savants et poétiques, il communique son enthousiasme pour la
découverte scientifique et la contemplation de la nature. Il parle ainsi de la
mission du savant par rapport aux autres :
La
joie d’être le premier à savoir quelque chose qu’ils ne soupçonnent même pas et
dont la révélation, demain, va les surprendre ; la joie de constater des
phénomènes jusqu’à ce jour inaperçus, ou de trouver des rapports nouveaux entre
des faits qui paraissaient sans liaison et qui, désormais enchaînés,
s’expliqueront les uns par les autres ; la joie de deviner et d’édicter
quelque loi naturelle qui, permettant de prévoir de nouveaux phénomènes encore,
ouvre soudainement aux recherches un domaine vierge, d’apparence
illimitée ; la joie d’allumer un flambeau dans le cachot obscur, un astre
dans le ciel noir, un phare sur le rivage de la mer ténébreuse, et de faire
reculer la nuit qui nous entoure ; la joie d’ajouter une vérité, une part
quelconque, fût-elle infime, de la grande Vérité, au trésor laborieusement
amassé, des siècles durant, par la pensée humaine ; la joie de
connaître !
(La Joie de connaître, pp.15-16)
Il
se pourrait donc que la Terre fût seule à porter la Vie, seule dans le vaste
monde. Bien entendu, cela n'est pas vérifiable ; je me contente de dire que
c'est possible ; et j'aurais grande envie d'ajouter que c'est tout à fait
vraisemblable. Mais alors, si c'était vrai, quel astre prodigieux serait la
Terre ! Et comment parler avec assez de respect de sa suréminente dignité ?
Réfléchissez à ce que contient ce simple mot, la Vie. Songez que
l'aboutissement, le couronnement des transformations de la Vie sur notre globe,
a été la naissance du premier couple humain ; songez à l'incomparable grandeur
de l'homme ; souvenez-vous qu'il est bien plus grand que l'Univers, puisque,
comme disait Pascal, il se connaît misérable, et puisque si l'Univers l'écrase,
l'Univers n'en sait rien. Alors vous serez conduits à révérer la Terre comme
l'une des plus nobles filles de Dieu. Non, ce n'est pas un astre quelconque. Je
vois, autour d'elle, des millions d'astres moins privilégiés, d'astres à tout
jamais stériles, les uns étincelants et couronnés de flammes, les autres
obscurs et pareils à des maudits. Ah ! si ces créatures de feu ou de pierre
avaient une âme, je suis sûr qu'elles envieraient la Terre, et, si elles
avaient une voix, je suis sûr qu'elles chanteraient, toutes ensembles, choeur
aux proportions démesurées, la gloire exceptionnelle de notre planète.
(La Vocation de savant, p. 57 à 61).
BIBLIOGRAPHIE
- 1922, A la Gloire de la terre
- 1929, La Joie de connaître
- 1929, La Vocation de savant
- 1930, Introduction à Léon Bloy
DOCUMENTS
- Les
Etudes rhodaniennes, 1930/6/6-4, p.460, nécrologie
par Allix André
-
Annales de Géographie, 1931/40/223,
pp.98-100, nécrologie
par De Margerie Emmanuel
-
Ecole des Mines, Pierre
Marie Termier (1859-1930)
g.decourt