Louis Thomas
1892-1989
Louis
THOMAS naît à Lyon en 1892 et vit sa petite enfance à la Croix-Rousse.
De 1901
à 1905 il est élève au Petit Séminaire de La Côte-Saint-André dans l’Isère.
En
1910 il entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, qui doit fermer en 1914. Il est
réformé militaire. Il retourne aux Beaux-Arts en 1919.
Il
se marie en 1922.
L’architecte
En
1921 il obtient son diplôme d’architecte. Il travaille dans plusieurs cabinets
d’architecture.
En
1923 il entre à l’Atelier de l’architecte Tony GARNIER.
En
1924 il y rencontre le docteur MALESPINE fondateur de la revue dadaïste Manomètre, dans laquelle est publié en
1925 son article sur la cité-jardin.
Tony
GARNIER l’associe à la conception de l’Hôpital Edouard Herriot et lui confie
celle de la Chapelle pour accueillir la communauté religieuse des sœurs de l’Hôtel-Dieu
et de l’Hôpital de la Charité qui vient d’être détruit (actuelle place Antonin
Poncet). L.THOMAS participe à d’autres monuments lyonnais de Tony GARNIER comme
le Stade de Gerland ou le Monument aux morts de l’Ile aux cygnes.
Il
occupe plusieurs fonctions officielles : de 1933 à 1939 membre du Comité
Régional des Arts Appliqués, de 1939 à 1940 architecte en chef par intérim des
bâtiments civils et palais nationaux, de 1940 à 1944 architecte conseil de
« Jeune France » pour
l’amélioration de l’habitat.
Il
est l’architecte de l’« église hellénique orthodoxe » de la rue
Dumoulin, devenue rue du Père Chevrier (1948-1949).
De
1952 à 1957, il est salarié du Comité Lyonnais pour l’Amélioration du Logement,
puis il ouvre son propre atelier d’architecture. Il cesse toute activité
professionnelle en 1972.
Le peintre
Louis
THOMAS est peintre. Il introduit le cubisme au Salon d’automne de Lyon dont il
est sociétaire à partir de 1926.
En
1930 il peint « Golgotha » :
un Christ, de couleur rouge orangé, enroulé autour de l’arbre de la croix
planté sur le côté Ouest de la Croix-Rousse, « la colline qui travaille », face à la basilique de Fourvière
sur « la colline qui prie ».
En
1936 il permet à d’autres artistes lyonnais de tendance surréaliste de participer
avec lui au Salon d’automne. Il fonde avec eux le groupe Témoignage où vont se croiser plusieurs personnalités des arts :
les peintres Jean Bertholle (alias Aléric), René-Maria Burlet, Camille Niogret,
Jean Le Moal, Jean Manessier, le sculpteur Étienne-Martin, le peintre et
critique Léon Reymond, le musicien César Geoffray, le poète et marchand d’art
Marcel Michaud, le professeur Claudius Pierre Petit, futur ministre de la
reconstruction et maire de Firminy où il fera travailler Le Corbusier.
Ce
groupe est traversé d’interrogations spiritualistes, parfois ésotériques. En
1937 le groupe participe au premier numéro de la revue Le Poids du Monde, lancée par Marcel Michaud, qui tient une galerie
d’art et design, Stylclair, à Lyon.
En
1936 il peint « Guerre d’Espagne ».
En
1939, « Le Christ dans la ville » :
la crucifixion se déroule au cœur de la cité moderne comme un spectacle qui
laisse la foule indifférente.
En
1962, ayant abandonné l’huile pour l’aquarelle, il peint « Christ déchiré » et en 1968 « Buisson ardent ».
M.MICHAUD
dit de lui :
Thomas, qui est chrétien, voudrait évidemment un art
religieux, art de signification, car l’art religieux représentatif, de
convention, qui fut, ne peut être. De nouvelles règles de la perception s’élaborent
et les apparences du monde sensible s’évanouissent… Alors des sujets se
multiplient, à partir du premier de la Bible : « Au commencement,
l’esprit de Dieu flottait sur les eaux »… Surréalisme si l’on veut, mais
surréalisme régénérateur puisque conçu dans la foi et dans l’ordonnance des
grandes lois.
(cité par LERRANT,
p.16)
L.THOMAS
exprime ainsi son dessein à la fin de sa vie :
Ma petite fille peint des anges et des fées. L’artiste
raisonnable des bouteilles, des pipes. Là est le sujet-type évidemment. Mais le
buisson ardent de Moïse, serait-il moins sujet à peindre ? Question de
plan imaginatif et intellectuel, c’est tout. Le sujet n’est pour le peintre
qu’une occasion.
L’artiste est là pour nous émouvoir, non pour nous
étonner de son bagage professionnel.
Le lyrisme, autant que possible, déchaîné selon le
tempérament, tel doit être le sujet de la moindre peinture.
L’artiste est là pour nous donner non pas le possible,
dont nous nous moquons bien vraiment ! Mais l’impossible merveilleux.
Ecoutez la leçon de l’enfant-poète, il sait bien que le
réel est un mensonge.
(cité par LERRANT,
p.20)
De 1936 à 1989, il loge rue Rivet, au
pied de la Croix Rousse, près de la Saône, pas très loin de la maison natale de
Tony GARNIER.
Il meurt presque aveugle en 1989.
DOCUMENTS
-
LERRANT
Jean-Jacques, 1994, Louis Thomas ou
l’impossible merveilleux, préface de Alain Vollerin
-
Inventaire
du patrimoine Rhône-Alpes, Chapelle
de l’Hôpital Edouard Herriot
g.decourt