musée du diocèse de lyon

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Union Jeanne d'Arc

 

 

 

Une préoccupation importante des évêques français, comme de Pie XI, entre les deux guerres, fut de favoriser l'essor de l'Action catholique, tout en en gardant le contrôle afin d'éviter concurrences et dispersion. C'est dans cet esprit qu'en 1930 le cardinal Maurin chargea le chanoine Rouchouze, directeur des Œuvres, de fonder une association dénommée « L'Union Jeanne d'Arc », ayant la double mission :

-      1. de fédérer les œuvres et mouvements de jeunesse féminine,

-      2. de grouper, dans les paroisses où rien n'existait encore, les jeunes filles isolées.

 

Ce n'était pas une innovation. Rien que dans le diocèse, une Union Jeanne d'Arc existait déjà à Saint-Etienne, fondée en juin 1924 par le chanoine Heurtier : Lyon ne faisait que suivre (ce n'était pas la première fois en un tel domaine). Mais des unions semblables vivaient en de nombreux diocèses, sous des noms divers : par exemple, « Les Edelweiss » à Chambéry, depuis 1924 également ; la plus ancienne était peut-être l'Union Jeanne d'Arc de Châlons-sur-Marne, fondée à Vitry-le-François en 1911, sous Monseigneur Sevin.

 

Le chanoine Rouchouze garda la direction de l'Union, aidé, au titre d'aumônier, par l'abbé Charavay, déjà aumônier du lycée de jeunes filles de la place E. Quinet. En décembre 1930, le secrétariat général fut confié à Mademoiselle Denyse Géraud, qui prit ses fonctions le 6 janvier 1931. Cette dernière appartenait à une famille de grande piété et d'un dévouement total aux œuvres de l'Eglise, dont tous les membres étaient tertiaires de Saint-François.

 


 

L'Union (l'U.J.A.) prit rapidement son rythme. Elle était organisée par paroisses, où les mouvements de jeunesse féminine formaient dans chacune un « groupe », dirigé par les présidentes ou déléguées des mouvements réunies en un « bureau ». A l'échelon diocésain, un « bureau » restreint coordonnait l'ensemble, et veillait à élargir les horizons paroissiaux. Les réunions annuelles de cadres se faisaient à Lyon, le plus souvent au Cénacle, et étaient occupées par la diffusion d'informations, conseils et consignes, et par des réflexions autour d'un thème de formation. Les assemblées générales, également annuelles et tenues à Lyon, occupaient la journée : messe, séance de travail (rapports sur la vie des mouvements), séances théâtrales à la salle François Coppée, allocution du directeur ou de l'aumônier. Aux « réunions-rencontres », venaient les groupes de plusieurs paroisses (dix, douze). Elles se tenaient un dimanche après-midi, dans tout le diocèse, sauf dans les arrondissements de Saint-Pierre et Montbrison, dont l'Union Jeanne d'Arc conservait son autonomie. Il y en eut treize en 1933, vingt-trois en 1935 et 1937. Partie récréative (saynètes, chants) alternait avec les comptes-rendus d'activités, le salut du Saint-Sacrement, et une allocution du directeur ou de l'aumônier, plus rarement de Monseigneur Granger. Les réunions des groupes paroissiaux, à fréquence variable selon les lieux, étaient conçues dans le même esprit.

 

Apparemment, tout allait bien. Une assemblée générale mémorable, à l'occasion de l'Exposition catholique, en mai 1936, emplit l'allée centrale du Palais de la Foire de plusieurs centaines de jeunes filles coiffées du béret blanc d'uniforme, avant d'aller en grand cortège fleurir la statue de Jeanne d'Arc, place Puvis de Chavannes. Mais, vite, il s'avéra qu'on piétinait, les effectifs, plusieurs milliers, stagnaient. Malgré la volonté répétée de laisser à chaque mouvement sa totale autonomie, des craintes se faisaient jour çà et là, par exemple chez les Enfants de Marie, de se voir absorber. Quant à l'Action catholique spécialisée, en dépit d'une participation loyale à plusieurs réunions de cadres, comme en 1937 et 1938, il était évident que, par son esprit comme par son organisation, elle n'avait rien de commun avec l'U.J.A. D'ailleurs, le cardinal Gerlier, dès 1938, fit comprendre qu'à ses yeux l'Union, certes très méritante, était surtout une transition vers les mouvements spécialisés.

 

Le 10 janvier 1940, mourut Denyse Géraud, cheville ouvrière de l'Union. Sylvie Mingeollet, nommée à sa succession, se consacrait entièrement à la Chronique Sociale. Il semble que l'U.J.A., dès lors, n'ait cessé de décliner sans bruit : après 1942, on n'en trouve plus trace dans la Semaine Religieuse. Une réunion de cadres se tint encore en 1949, où l'abbé Charavay insista sur son importance pour éviter à l'Action catholique le « cloisonnement par milieux sociaux ». Mais la situation générale du catholicisme français, pour laquelle l'U.J.A. avait été conçue, n'existait plus.

 

 

Henri HOURS

Eglise à Lyon, 1997, n°21