Vœu des
Echevins de Lyon
1643
Du jeudi 12e jour de mars 1643, après midi, en l’hôtel commun de la ville de Lyon, y étant Messire
Alexandre Mascranny, trésorier général de France en
la généralité de Lyon, prévost des marchands ;
Louis Chappuis, Janton Boniel,
Guillaume Le Maistre, et Jean Pillehotte, échevins.
Lesdits sieurs ayant mis en considération que le plus
grand bien et advantage qu'ils pouvaient procurer à
cette ville estoyt de la mettre soubs
la protection toute puissante de la très-sainte et immaculée Vierge Marie, Mère
de Jésus-Christ, nostre Seigneur, par quelque honneur
et dévotion extraordinaire que le corps consulaire lui rendrait
annuellement : invités à ce bon œuvre par le pieux exemple de nostre Roy très-chrestien duquel
les armes et les desseings prospèrent au point que
chacun sait soubs une si puissante protection.
A quoi faire ils se trouvaient d'autant plus obligés
que faisant réflexion sur ce que nonobstant les soings
très-exacts et le bon ordre fort ponctuellement observé en cette dite ville
depuis l'année 1628, le mal contagieux n'a laissé presque d'y continuer jusques
à présent, de manière qu'il semble n'y avoir lieu d'espérer en estre si promptement délivré par des remèdes humains, et
que pour obtenir du Ciel cette grâce, il soit nécessaire de recourir
puissamment aux intercessions, prières et protection de la très-sainte Vierge,
par quelque dévotion plus grande qu’à l’ordinaire.
L'affaire mise en délibération, a esté
résolu que sur la terrasse qui est au devant de la
loge des Changes, à l'endroit qui sera jugé le plus honorable et le plus
commode, l'on dressera un piedestail de la hauteur de
cinq pieds et demi, fait de bonne pierre noire de Saint-Cyr, bien polie, ayant
le dit piedestail deux tables de mesme
pierre, l'une du costé de la place des Changes, et
l'autre de celui de la dite loge, pour y pouvoir faire graver l'inscription que
l'on advisera, et que sur le dit piedestail
sera posée une figure de la Vierge faite de marbre blanc, de la hauteur de cinq
pieds, tenant on petit Jésus sur son bras gauche, en lui présentant de la main
droite un cœur.
En outre ce, les dits sieurs ont résolu et arresté que sur le bout de la pile du pont de Saosne, sur laquelle il y a une croix de pierre posée, l'on
placera une autre figure de la Vierge, de marbre blanc, de la hauteur de cinq
pieds et demi, soubs un petit dôme triangulaire,
composé de trois petites arcades de la largeur de trois pieds sur six de
hauteur, et que celle des dites arcades qui fera face du costé
du midi, qui est celui du dit pont, sera enrichie de deux petites colonnes de
pierre noire polie, de la hauteur de six pieds et de l'ordre dorique, et le
reste du dit dôme basti de mesme
pierre noire sans polissure. Au devant duquel dôme
sera construit un autel de la dite pierre noire, au parement duquel autel sera
posé une table aussi de pierre noire bien polie, pour y écrire telle
inscription que l’on résoudra. Et sera la croix, qui est à présent au dit
endroit, posée au plus hault du dit dôme ; le tout
suivant les desseings qui en ont esté
faits par le voyer de la dite ville.
Et finalement, les dits sieurs prévost
des marchands et échevins voulant accompagner ces actes extérieurs de dévotion
envers la dite Vierge, de la dévotion intérieure du cœur, et la continuer par
une recognoissance annuelle ; ont résolu que tant eux que leurs successeurs
ès dites charges iront à pied, toutes les fêtes de la Nativité de la Vierge,
qui est le huitième jour de septembre, sans robes, néanmoins avec leurs habits
ordinaires, en la chapelle de Nostre-Dame de
Fourvière, pour y ouïr la sainte Messe et y faire leurs prières et dévotions à
ladite Vierge, et lui offrir, en forme d'hommage et recognoissance,
la quantité de sept livres cire blanche en cierges et flambeaux propres au
divin service de ladite chapelle, et un escu d'or au
soleil. Et ce pour disposer ladite Vierge à recevoir en sa protection ladite
ville.
Dont a esté fait le
présent acte ;
signé Mascranny,
Chappuis, J.Boniel, Le Maistre, Pillehotte.