musée du diocèse de lyon

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accord entre l’abbé et les religieux d’Ainay, d’une part,

et les Frères pontifes de Lyon, d’autre part,

au sujet de la chapelle du Pont du Rhône

et de plusieurs concessions de terre

1226

 

 

 

 

 

Guillaume, abbé, et le couvent d’Ainay, à tous, à jamais.

 

Nous faisons savoir à votre population que nous accordons aux Frères du Pont du Rhône d’édifier une chapelle en tête du pont, plus au-dessus, sur le côté gauche, et de posséder une terre à perpétuité en amont de l’église sur la rive du Rhône jusqu’au four à chaud, sans préjuger du droit de l’Eglise de Saint-Michel et l’Eglise de Saint-Nizier.

 

Et les Frères du Pont doivent chaque année payer à l’Eglise d’Ainay un cens de 5 sols en redevance de cette chapelle et de cette terre.

 

Et le Maître ou d’autres frères du Pont ne peuvent ou ne doivent obtenir quelque privilège ou exemption auprès du Siège apostolique ou d’un légat ou de quelle autre personnalité, mais la dite chapelle doit toujours rester dans l’état ponctuel même selon lequel elle leur est concédée.

 

En outre nous apportâmes du côté droit, plus en aval de la Maison du Pont, la terre contigüe au Rhône, selon les termes établis et fixés pour lesquels ils doivent payer chaque année à l’Eglise d’Ainay un cens de 3 poules et 3 sols.

 

Il sera aussi permis aux Frères du Pont dans ces dits lieux d’édifier ou de faire leurs ouvrages ou tout autre chose qu’il leur plaira, à leur guise.

 

Au vrai, si ou ces Frères du Pont, ou d’autres mandatés par eux, édifient ici des demeures, reviendront aux Frères du Pont conventions, attributions et perceptions de droits.

 

Au vrai, les droits de mutation et de ventes, s’il arrive que ces demeures soient vendues ou mises en gages, reviendront à l’Eglise d’Ainay.

 

Mais à noter que les demeures doivent être édifiées de telle sorte qu’à partir du pont jusqu’à Sainte-Hélène une voie de passage soit laissée entre les terrains et le Rhône.

 

De plus à noter que s’il arrive que le Maître et les Frères du Pont laissent la Demeure du Pont et le pont de sorte que la Demeure du Pont, à Dieu ne plaise !, n’ait ni responsable ni frères, tant cette chapelle que les autres possessions restent à la communauté d’Ainay sans contrainte.

 

Au vrai, pendant tout le temps où ils détiendront ces possessions, les Frères du Pont pour cette terre devront payer 10 sols à chaque nouvel abbé, qui sera nouvellement créé dans l’Eglise d’Ainay, à titre de redevance.

 

En outre les Frères du Pont doivent détourner ou retarder le reflux que fait le Rhône sous le pont plus en aval vers Sainte-Hélène, d’où menace un grand danger ; ainsi doivent-ils éloigner ou ralentir le flux par des bandes ou des pierres ou d’autres façons, de sorte que le cours du Rhône coule rectiligne, et ne puisse nullement pénétrer ou détruire la terre ou les possessions voisines de la Communauté d’Ainay du fait de ce reflux.

 

Aussi les Frères du Pont doivent-ils faire cela à la connaissance de l’abbé du moment, avec le conseil d’hommes experts suivant la situation présente et son évolution dans le temps, pour faire savoir si les Frères du Pont ont fait en totalité ou pas assez pour ce type de reflux, couramment appelé loy, ou bien doivent en faire davantage.

 

Tout cela le Maître et le Chapelain du pont jureront pour eux et pour les autres frères qu’ils l’observeront fermement et n’y contreviendront par aucune raison ou astuce, et ce serment tous les maîtres et chapelains qui seront établis ou nouvellement créés dans la Demeure du Pont ou dans la chapelle, seront tenus de le faire au Chapitre d’Ainay.

 

Et, afin que quelque plainte ne puisse à l’avenir renaître au sujet de ce qui précède, la présente charte partagée en lettres de l’alphabet, renforcée de notre sceau, fut faite de par la volonté des parties en témoignage de vérité.

 

Acté en l’année du Seigneur MCCXXI.

 

 

 

 

 

NOTES

 

recognitione : reconnaissance de propriété, traduit ici redevance

 

refuxus : reflux provoqué par la culée et les premières piles du pont qui cassent le cours rectiligne du fleuve et envoient une partie du flux vers la rive, risquant d’endommager les terres riveraines

 

carta per alphabeticum divisa : charte divisée par une série de lettres de l’alphabet pour assurer la continuité du document et éviter des suppressions dans le texte (voir chartes appelées chirographes)

 

 

 

DOCUMENTS

 

-      GUIGUE Marie Claude, 1867, Obituarium Lugdunensis ecclesiae: nécrologe des personnages illustres et des bienfaiteurs de l’Eglise métropolitaine de Lyon du IXè au XVè siècle, pp.198sq

 

-      voir notice sur l’Œuvre du Pont