Œuvre du Pont
1180-1309
Confrérie du
Saint-Esprit
Chapelle du
Saint-Esprit
Chapelle
Saint-Nicolas
Jusqu’au XIIème siècle la traversée du Rhône à partir
de l’est pour entrer sur Lyon se fait par bac. Un groupe de « bourgeois » lyonnais organise l’accueil des pèlerins, voyageurs et pauvres
errants dans un abri sur la rive droite, qui est lyonnaise.
1180
Vers cette date cette confrérie fait appel aux Frères
pontifes, qui avaient déjà à leur actif la construction de ponts sur le
Rhône vers Avignon, pour construire un pont
en bois reposant sur des pilotis.
1183
Le pont de bois est achevé. Le 5 septembre
de cette même année, le pape Lucius III soutient l´Œuvre du Pont dans ses droits
sur une chapelle, un cimetière et une maison pour les pèlerins ;
l’authenticité de ce document semble incertaine ainsi que sa datation (1184 ou
1185).
1184-1185
La maison des pèlerins, construite en amont du pont, est
connue sous les noms successifs d’Hospice
Beatae Mariae, Hôpital Notre-Dame-de-Pitié, puis Hôpital du Pont du Rhône. Cet
hôpital ne doit pas être confondu avec l’Hôpital Notre-Dame, fondé au VIème siècle sur les bords de Saône,
dont les statuts sont approuvés au concile d’Orléans de 549 et qui au XIIème
siècle est l’objet d’un conflit entre le Chapitre de Saint-Paul
- notice sur le concile d’Orléans
de 549
- Accord
entre le Chapitre Saint-Paul & Hôpital Sainte-Marie, 1193, renouvelant
celui établi sous l’archevêque GAUCERAND.
Cet hospice comporte dans ses murs une chapelle distincte de celle
évoquée dans la bulle du pape Lucius et qui fait bientôt l’objet d’un litige.
1185
Le premier document qui atteste l’existence de ce pont est une
lettre de l’archevêque BELLEMAIN qui doit régler un premier litige entre les
Frères pontifes et l’abbaye d’Ainay, propriétaire des terres de la rive droite
du Rhône.
Pour mener à bien l’œuvre du pont, les moines d´Ainay cèdent aux Frères deux
emplacements, l´un sur la paroisse Saint-Michel en aval du pont et l´autre sur
la paroisse Saint-Nizier en amont du pont.
-
Accord entre l’abbé d’Ainay et les
Frères pontifes de Lyon, au sujet de la chapelle du Pont du Rhône
Dans une deuxième lettre
l’archevêque BELLEMAIN doit régler un nouveau litige au
sujet de la chapelle et de l’usage du cimetière : l’emplacement sera loué
pour dix ans à l’abbaye par les Frères pontifes qui devront ensuite transférer
cette chapelle sur une autre paroisse, pour ne plus porter atteinte aux droits
de la paroisse Saint-Michel.
Le même archevêque
fait construire sur la rive gauche du Rhône, en Dauphiné, pour défendre
l’entrée du pont côté est, le château fort de Béchevelin, autour duquel se crée
un nouveau quartier.
1186-1187
Le pape Urbain III, par trois bulles
successives mentionnées dans l’inventaire de 1632 et perdues depuis, place l’hôpital et sa chapelle sous la protection et la sauvegarde
de saint Pierre et accorde aux Frères pontifes la possibilité de recevoir des
aumônes pour leur œuvre : à cet effet est édifiée la petite Maison de l’aumône.
1190
Le pont de bois s’écroule au passage des Croisés de Philippe II de
France et Richard Cœur de Lion.
1193
L’archevêque
de Lyon, RENAUD de Forez, décide la reconstruction du pont :
celui-ci sera en pierres et plus en aval, dégageant ainsi en amont du terrain
pour agrandir l’hôpital.
La chapelle du pont détruite est remplacée
par celle de l’hôpital, donc en
amont du pont, sur la paroisse Saint-Nizier.
Pour mener à bien cette œuvre de reconstruction l’Œuvre du Pont va
bénéficier de donations de terres, de legs, d’aumônes et d’indulgences
pontificales.
Ainsi entre 1193 et
1226, l’archevêque de Lyon, Renaud de Forez, cède de nouveaux terrains à
l´Œuvre du Pont. De nombreux autres legs viennent abonder le budget de l’Œuvre
du Pont ; plusieurs papes accorderont des indulgences aux bienfaiteurs, à
commencer par Innocent III en 1209.
- Bulle d’indulgence du pape
Innocent III
1216
L’archevêque
de Lyon, RENAUD II de Forez, cède des terres de Béchevelin à l’abbaye d’Ainay
pour y édifier une église, dédiée à sainte Madeleine et un cimetière.
Il
édifie une église dédiée à Notre-Dame dite de Béchevelin ; cette nouvelle
paroisse dépend de la paroisse Saint-Michel d’Ainay sur la rive droite.
1226
Un accord est conclu entre les Frères du Pont et l’abbé d’Ainay
qui stipule que :
• la possibilité
est offerte au Frères d’édifier une chapelle sur une terre que l’abbaye leur
loue en amont de l’église sans toucher aux droits des Eglises Saint-Michel et Saint-Nizier ;
• un terrain
constructible leur est donné par l’abbaye d’Ainay, en amont du pont ; c’est
origine du bourg Chanin ;
• un autre terrain
en aval leur est loué par l’abbaye, celle-ci se réservant les droits de
mutation et de vente ;
• un passage doit
être laissé entre ce dernier terrain et le Rhône ;
• l’injonction est
faite aux Frères d’entreprendre des travaux pour éviter que les reflux autour
du pont ne viennent détériorer les terres de l’abbaye d’Ainay en bordure du
Rhône ;
1245
S’ouvre le 1er concile de Lyon avec le pape Innocent IV
qui aide beaucoup alors l’Œuvre du Pont. Une inscription en témoigne à l’entrée
du pont sur la rive lyonnaise. Elle disparaît dans les multiples modifications
ultérieures.
1253
La
chapelle, dédiée à saint Nicolas,
prévue au nord du pont, est finalement construite au sud, et l’abbaye d’Ainay
obtient une compensation financière par un accord à l’amiable.
1268
Une
bulle du pape Clément IV de 1268 place l’hôpital sous la protection de saint
Pierre et confirme les diverses propriétés dont les revenus servent à « la
maison hospitalière et la chapelle ».
1309
L’Œuvre du Pont,
qui a la responsabilité d’achever la construction du pont, la gestion de son péage
et l’administration de l’Hôpital, connaît de plus en de difficultés
financières. L’archevêque de Lyon, PIERRE de Savoie, leur ôte l’Œuvre du Pont pour la confier aux moines
de l’abbaye cistercienne de Hautecombe en Savoie.
1314
Mais devant les difficultés
de gestion, les moines d’Hautecombe demandent à en être déchargés ; l’Œuvre du Pont est alors confiée aux
moines de Chassagne en Bresse.
1328
Le 2 juillet, le pape Jean XXII intervient pour mettre
de l’ordre dans la gestion de l’Œuvre du Pont
par l’abbé de Chassagne ; il veut « se faire rendre des comptes
par tous ceux qui ont été administrateurs du pont depuis vingt ans » et «
ordonne de plus que désormais ces biens seront régis par deux hommes probes
nommés par les consuls de Lyon et un tiers désigné par l'archevêque, lesquels
rendront annuellement compte de leur gestion » (GUIGUE, 1876, Cartulaire).
1334
L’archevêque de Lyon, GUILLAUME de Sure, devant les
difficultés de gestion de l’abbé de Chassagne, « attendu que nul ne peut
être tenu à l’impossible, consent à la division de l’œuvre entre les religieux
de Chassagne et les citoyens de Lyon ». Les moines gardent l’hôpital et la
chapelle, la municipalité prend en charge la gestion du pont.
1384
Par plusieurs bulles le pape Clément VII accorde de nouvelles
indulgences aux bienfaiteurs.
1478
Dans l’incapacité de faire face aux difficultés de gestion, les moines
de Chassagne remettent à la municipalité lyonnaise la gestion de l’hôpital.
1403
Une sédition a lieu : la ville est parcourue par des mutins
comme des « chevaux fous ». Les habitants du bourg Chanin vont
protéger l’hôpital et l’aumône du pont et empêcher le pillage de l’abbaye
d’Ainay. En souvenir de cet épisode une chapelle est dédiée au Saint-Esprit aux
portes du pont, en amont, fondée la Confrérie
du Saint-Esprit et organisée chaque année vers Pentecôte une Fête du Cheval
fou.
- voir
notice sur la Fête du
Cheval Fou
1550
L’hôpital prend le nom définitif d’Hôtel-Dieu. Un plan de cette époque représente le pont achevé.
1772
La Chapelle du Saint-Esprit est détruite pour permettre des
aménagements.
DOCUMENTS
(historiques et représentations)
- RENAUD
de Forez, 1226, Testament
- Plan de Lyon, Braun-Hohenberger,
1572
- Plan scénographique
de Lyon au XVIè siècle, Le
Pont du Rhône et l’Hôtel-Dieu
- Lyon en
1700, Porte
du pont du Rhône
- DE COLONIA Dominique, 1728, Histoire
littéraire de la ville de Lyon, avec une bibliothèque des auteurs lyonnais
sacrés et profanes, vol.1, chap.V, pp.333sq
- CLERJON
P., …, 1830, Histoire de Lyon, depuis sa fondation
jusqu’à nos jours, Chapelle
du Saint-Esprit, pp.113sq
- BOITEL
Léon, 1838, Lyon ancien et moderne, Chapelle
du Saint-Esprit, pp.37sq
- GUIGUE
Marie Claude, 1867, Obituarium
Lugdunensis ecclesiae: nécrologe des personnages illustres et des bienfaiteurs
de l’Eglise métropolitaine de Lyon du IXè au XVè siècle
- GUIGUE
Marie Claude, 1876, Notre-Dame
du Pont. Recherches sur l’origine du pont de la Guillotière et du grand
Hôtel-Dieu et sur l’emplacement de l’hôpital fondé à Lyon, au VIè siècle, par
le roi Childebert et la reine Ultrogothe, Société littéraire, historique et archéologique de Lyon. Années
1874-1875, pp. 183-328
- GUIGUE Marie-Claude, 1876, Cartulaire
municipal de la ville de Lyon …, recueil formé au XIVè siècle par Etienne
de Villeneuve
- VACHET
Adolphe, 1907, A travers les rues de Lyon,
Chapelle
du Saint-Esprit, pp.368sq
- BERTRAND Eric (dir.), 2011, Reconversion
du site de l’Hôtel-Dieu, 69002 Lyon, tranche 1, Rapport
de diagnostic d’archéologie préventive, pp47-56
- Représentation
philatéliques, Pont
de la Guillotière
- Patrimoine
Rhône-Alpes, Pont
de la Guillotière
- Patrimoine
Rhône-Alpes, L’Hôtel-Dieu
- Patrimoine de Lyon,
L’Hôtel-Dieu
- Arts en travaux, Le
Pont de la Guillotière et l’Hôtel-Dieu de Lyon
- Paroisse de Lyon 2ème, Histoire
des églises de la paroisse d’Ainay Saint-Michel et Saint-Martin
- Paroisse du bienheureux
Antoine Chevrier, Paroisse de
Béchevelin
- voir
notice sur notices sur RENAUD de
Forez, PIERRE
de Savoie, GUILLAUME
de Sure, Abbaye
de Chassagne
g.decourt