Louis Augros
1898-1982
Louis AUGROS naît en 1898 à Belmont au
nord-est de la Loire.
En 1910 il entre au Petit Séminaire et
en 1916 au Grand Séminaire de Lyon.
En 1924 il est ordonné prêtre du
diocèse de Lyon.
Il entre immédiatement dans la Société
des Prêtres de Saint-Sulpice, qui se consacrent essentiellement à la formation
des prêtres.
En 1925 il est nommé professeur de
philosophie au Grand Séminaire d’Orléans puis en 1928 à celui
d’Issy-les-Moulineaux.
En 1935 il devient supérieur du Grand
Séminaire d’Autun.
Le 24 juillet 1941 l’Assemblée des
Cardinaux et Archevêques de France, sous l’impulsion de l’archevêque de Paris,
le cardinal Suhard, fonde la Mission de France avec un séminaire à Lisieux,
dans le diocèse de Bayeux dont avait été évêque le cardinal Suhard, pour former
des prêtres séculiers spécialisés dans l’évangélisation pour des diocèses peu
pourvus en prêtres. Dès l’origine le séminaire est lié au Carmel de Lisieux,
qui l’aide matériellement, et à la personnalité de sainte Thérèse, patronne des
missions.
Ce patronage n’a
pas été choisi au hasard. L’ardeur apostolique et missionnaire de la Sainte,
complément de sa « petite voie » d’amour – zèle si purement
surnaturel, exemple de vie intérieure pour nos missionnaires -, enfin le
patronage qu’elle exerce déjà sur les missions extérieures de l’Eglise
universelle, et qu’elle ne peut manquer de vouloir exercer dans notre pays de
France, dont elle est la fille, - tout nous invitait à nous mettre sous sa
protection.
(AUGROS, 1941, p.6)
En juillet 1941 L.AUGROS est appelé
comme supérieur du Séminaire. Mais faute de candidats le séminaire ne peut
ouvrir à l’automne. Il rencontre alors Madeleine Delbrel, qui a fondé une
équipe missionnaire composée de laïcs à Ivry en région parisienne ; il
voit là un modèle d’action pour les prêtres : une vie imprégnée des
conseils évangéliques sans avoir pour autant un statut religieux. Il rédige
alors une brochure préfacée par le Cardinal Suhard expliquant La Mission de France largement
distribuée.
De janvier à juillet 1942 il visite les
séminaires de France pour présenter le projet de la Mission de France. Il
s’agit d’un idéal missionnaire : des prêtres ou des équipes de prêtres
sont mis à la disposition des évêques de France pour christianiser ou
re-christianiser des secteurs de leurs diocèses.
Nous avons à
inventer le type de prêtre capable d’évangéliser la civilisation qui se répand
aujourd’hui sur toute la terre. Nous ne sommes qu’au seuil de cette opération.
Il s’agit d’une transformation intérieure, d’une vision de l’Eglise et de sa
mission en cette civilisation qui se fait.
(in GIARD, 1994, p.69)
Le séminaire accueille ses 23 premiers
séminaristes et 9 prêtres en octobre 1942 à la Maison Saint-Jean.
En 1943 paraît l’ouvrage de Daniel et
Godin, France, pays de mission ?.
En 1945 est rééditée la brochure La
Mission de France.
L.AUGROS dirige le séminaire, où
l’enseignement est entrecoupé de stages de travail, et règle avec les évêques
qui le veulent bien les questions d’implantation des prêtres de la Mission de
France.
Très rapidement des équipes de laïcs se
mettent en place. Ainsi en 1946 « les
équipes féminines d’Ivry » sont reconnues comme membres de la Mission
de France.
Sont mises en place les Rencontres de Lisieux qui chaque année
réunissent des personnalités soucieuses de l’évangélisation : les Pères
Michonneau des Fils de la Charité, Ancel du Prado, Godin et Hollande de la
Mission de Paris, Voillaume des Petits Frères de Foucaud, Epagneul des Frères
de campagnes, des membres de l’équipe professorale de la Mission de France, le
sociologue Boulard, des représentants de l’A.C.O., de l’A.C.I., du M.F.R.
Le 29 novembre 1946 et le 28 janvier
1947 il est à Rome pour expliquer le projet de la Mission.
En 1947 le cardinal Suhard, président
de la Mission de France, vient ordonner les 17 premiers prêtres. En 1949, juste
avant son décès, sont acceptés par Rome les statuts de la Mission pour une
durée de trois années. C’est le cardinal Liénart, président de l’Assemblée des
Cardinaux et Archevêques de France qui remplace le cardinal Suhard et non le
cardinal Feltin, qui lui a succédé à Paris.
Souvent les prêtres, une fois nommés,
demandent de travailler.
En 1951 des désaccords apparaissent
entre évêques au sujet de la Mission. L.AUGROS propose sa démission si celle-ci
peut sauver la Mission de France. Le 28 mars le cardinal Liénart vient annoncer
à Lisieux le départ prochain de L.AUGROS.
Le 12 avril 1952, la Commission
épiscopale du clergé le décharge de ses
fonctions et modifie le fonctionnement de la Mission :
- à la tête du Séminaire est nommé un autre sulpicien, le Père
Joseph Basseville, et le Séminaire part à Limoges ; il sera fermé une
première fois provisoirement en 1953 puis définitivement le 18 janvier 1954 sur
ordre de Rome et, bien qu’interdit par Rome de toute fonction de direction, le
Père Basseville sera appelé par le cardinal Gerlier à diriger le Grand
Séminaire de Lyon,
- un délégué général de la Commission épiscopale auprès de la
Mission de France, le Père Daniel Perrot, est nommé pour régler les relations
avec les évêques.
Dans une lettre datée du 12 juin 1952
aux séminaristes et prêtres de la Mission, L.AUGROS rappelle ses
convictions :
La Mission,
c’est l’Evangile annoncé aux pauvres (Lc 4, 16-20). Par conséquent toute votre
vie doit être polarisée par les pauvres. C’est à eux que le Seigneur vous
envoie ; à eux que votre vie doit être consacrée.
…
Cette mission
d’annoncer l’Evangile aux pauvres, c’est la mission même de l’Eglise, confiée
par le Christ à l’Eglise, communauté hiérarchique, à l’Eglise de Pierre et de
Paul, du pape et des évêques ; le Seigneur vous envoie en elle, par elle
et pour elle.
(in VINATIER p.63, p.65)
En 1952 il est nommé curé de la
paroisse Notre-Dame de Givors, dans le diocèse de Lyon, confiée à une équipe de
la Mission de France jusqu’en 1972.
En 1954 la Constitution
apostolique Omnium ecclesiarum du
15 août 1954 reconnaît la Mission de France. Louis AUGROS est incardiné à la
Mission de France en 1955.
En 1954 il rejoint une équipe de la
Mission de France à Souk-Ahras en Algérie, juste au moment de l’insurrection.
Avec les Pères Mamet et Kerlan il cherche à être un « trait d’union entre les camps » (in VINATIER, p.85),
poursuivant « l’insertion de
l’Eglise au sein du monde arabe » (p.83). Leur action de soutien aux
blessés et aux familles au sein de l’Entr’aide
fraternelle, qu’il préside avec un imam et un rabbin, est peu appréciée
d’une partie de la population française : le Préfet prononce un arrêt
d’expulsion à l’encontre des trois prêtres en avril 1957 et le 10 mai L.AUGROS
est conduit manu militari à Alger. Un
communiqué de l’épiscopat les soutient dans leur œuvre humanitaire. L’arrêté
préfectoral est annulé en juillet mais L.AUGROS reste à Alger accueilli par une
équipe de la Mission de France.
Il devient alors vicaire à la paroisse
de Bal-el-Oued dont le curé est le Père Jean Scotto.
En 1957 il part implanter une équipe de
la Mission en Tunisie à Kairouan. Il n’y a pas d’église : il célèbre chez
les Sœurs Blanches, ni de presbytère : il loge à l’hôtel.
En 1970 il est envoyé à Tunis.
En 1972 il signe avec deux autres
membres de la Mission, Paul Laforge et Jean Vinatier, l’un et l’autre ancien vicaire général de la
Mission de France, un texte qui, dans l’un des moments de crise de la Mission,
formule quelques suggestions à partir de leurs expériences des responsabilités.
Durant ces années hors de France il
entretient une abondante correspondance avec des prêtres de la Mission, des
religieuses et des militants laïcs.
En 1975 il demande à être accueilli
dans son diocèse d’origine et à se rapprocher de sa famille : il devient
aumônier de la Maison de retraite de Lay près de Roanne.
En 1978 il fête ses 80 ans entouré de
ses amis de la Mission et de plusieurs évêques dont le cardinal Etchegaray,
supérieur de la Mission de France.
En 1980 il édite De l’Eglise d’hier à l’Eglise de demain.
Il décède en avril 1982.
DOCUMENTS
- AUGROS Louis, 1941 La Mission de France, préface du
cardinal Suhard, publiée dans les Annales
de sainte Thérèse de Lisieux
-
AUGROS
Louis, 1966, postface à DELBREL Madeleine, Nous
autres, gens de la rue (1ère éd. 1938)
-
AUGROS
Louis, 1980, De l’Eglise d’hier à l’Eglise
de demain. L’aventure de la Mission de France. Préface de M.D.Chenu
recension E.Fouilloux, Revue
d’histoire de l’Eglise de France, 1982/68, pp.113-118
-
WATTEBLED Robert, 1990, Stratégies
catholiques en monde ouvrier dans la France d'après-guerre
- VINATIER Jean, 1991, Louis Augros, premier supérieur de la
Mission de France (1898-1982)
- COLE ARNAL Oscar L., 1992, Prêtres
en bleu de chauffe: histoire des prêtres-ouvriers, 1943-1954
- GIARD Jean, 1994, Cinquante
ans aux frontières de l'Église : de la Mission de France aux équipes d’Ivry
-
VIET-DEPAULE
Nathalie, 2000, Stratégies
de présence : les prêtres au travail (1944-1965), in BRECHON P.,
DURIEZ B. ION J. (dir.), Religion et action dans l'espace public, p.141-134
- DURIEZ Bruno
(dir.), 2001, Chrétiens et ouvriers en France : 1937-1970
- SUAUD Charles, VIET DEPAULE Nathalie, 2004, Prêtres
et ouvriers: une double fidélité mise à l'épreuve, 1944-1969
- CAVALIN T.,
VIET-DEPAULE N., 2010, La
Mission de France et le carmel de Lisieux, pp.141-147, Histoire et
Mission chrétiennes, n°15, Thérèse
de Lisieux et les missions, LANGLOIS C. (dir.)
- site de la Mission
de France
- Librairie AUVOLAT, Le
père Louis Augros 1898-1982
- voir notices sur
les Prêtres
Ouvriers dans le diocèse de Lyon
g.decourt