les béates
XVIIè s.
En
1666 l’évêque du Puy approuve l’œuvre fondée dans son diocèse par Anne-Marie Martel
pour l’instruction des enfants, l’accompagnement des malades et l’aide aux
pauvres des campagnes de Haute-Loire et la place sous la tutelle des Sulpiciens
du Puy. Il y a d’une part les Demoiselles
de l’Instruction qui vivent en communauté et d’autre part les Filles de l’Instruction qui vivent
seules dans les hameaux.
- Les Demoiselles de
l’Instruction fusionneront avec
les Religieuses de l'Enfant-Jésus
pour former la Congrégation
des sœurs de l'Instruction de l'Enfant-Jésus.
- Les Filles de l’Instruction sont appelées « Béates » par les gens, c’est-à-dire « bénies de Dieu », ou encore la Sœur, la Demoiselle...
Statut
La Béate est formée par les Demoiselles ou par d’autres groupes de
religieuses.
Elle ne prononce pas les
vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, mais les vit.
Elle conserve sa
liberté et pourrait se marier, mais elle reste célibataire.
Elle ne réside pas dans
un couvent, mais dans une maison du hameau.
Maison
Cette maison est
construite par les habitants du hameau.
Elle comporte une partie privée pour la Béate et une
partie publique pour les activités communes des gens du hameau : d’où les noms de Maison de l'Assemblée ou de Maison
de la Béate.
Elle est surmontée d’un
campanile dont la cloche rythme la vie locale avec l’Angélus, les débuts du
catéchisme, etc.
Missions
La Béate fait le catéchisme aux enfants et leur fait réciter leurs
prières.
Elle donne aussi des
éléments d’instruction scolaire.
Elle apprend aux jeunes
filles à travailler : la dentelle dans le Velay, la passementerie dans le
Jarez et le Pilat.
Elle apporte les premiers
soins aux malades.
Elle veille les mourants.
Elle organise les prières
de dévotion : Mois de Marie, Mois de Saint-Joseph, Rosaire, Chemin de Croix…,
Elle dirige la prière
dominicale lorsque le hameau est isolé par la neige.
Etc.
Relation avec les habitants
D’ordinaire ce sont
les habitants d’un hameau qui demandent au curé d’avoir une « béate » chez eux. Une fois obtenu
l’accord de l’évêque, les habitants s’engagent à subvenir à ses besoins et lui
construire une maison. Ils lui donnent de quoi se nourrir et se chauffer, et
parfois un peu d’argent. Le produit de l’ouvroir permet d’avoir aussi quelque
revenu.
Soutenues par les
habitants, les Béates traversent la
Révolution sans encombre.
A la fin du XIXème
siècle, avec l’organisation de l’instruction scolaire, elles ne sont plus
autorisées à enseigner. Dès lors elles se consacrent davantage à l’instruction
religieuse et aux soins.
Lieux
Des Béates sont connues
jusqu’au milieu du XXème siècle dans le sud-est du diocèse de
Lyon : Velay, Jarez, Pilat. Il existe encore des Maisons de la Béate dans plusieurs hameaux. Sont cités :
- La Versanne (hameau des Préaux),
-
Riotord,
-
Maclas,
-
Saint-Sauveur en Rue,
-
Estivareilles,
-
Usson-en-Forez
(hameaux de Daniecq, la Breurette, Lissac et Pontempeyrat),
-
Apinac
(hameau de Gachat),
-
Jonzieux,
-
Saint-Genest-Malifaux
(hameaux du Pleynet, des Chomeys),
-
Marlhes
(hameaux de l’Allier, du Rosey),
-
Pélussin
(hameau de La Chaize),
-
Chavanay,
-
Saint-Pierre-de-Bœuf,
- Saint-Régis-du-Coin
(hameaux de La Bonche, de Prélager)
Historiographie
Les maisons d'assemblée de Béates, présentes
essentiellement aux confins méridionaux du diocèse de Lyon et les providences,
installées dans les villes, sont apparues à la même époque, à la fin du XVIIe siècle ; par ailleurs, elles avaient le même type
d'activité et poursuivaient un but similaire : elles instruisaient
chrétiennement des enfants pauvres et ignorants, en particulier des jeunes
filles, et les initiaient au travail de la soie ou de la dentelle.
(MAS, 2007)
(L’Eglise) tenait essentiellement à rechristianiser les
campagnes et les villes, après la Révolution, par le biais de l’apostolat des
Béates, aux confins montagneux du sud du diocèse, et de celui des jeunes femmes
pieuses au sein des providences des villes et en particulier, à Lyon. L’œuvre
des Béates et celle des providences avaient déjà fait leurs preuves sous
l’Ancien Régime, aussi furent-elles reconduites de façon similaire.
(MAS, 2007)
Exagérée par les uns et par les autres, l'influence des
Béates est certaine. Malgré leur statut équivoque, et la précarité de leur
situation ? A cause de cela, plutôt. La Béate jouait un rôle parce qu'elle avait
avec les populations des rapports de familiarité et d'égalité plus que
d'autorité. Ni directrice de conscience ni coadjutrice du curé mais, comme une
sorte de parente collective que le célibat laissait disponible pour tous, elle
occupait au village la place que tenait dans certaines familles, la tante ou la
sœur non mariée, vouée aux autres et un peu sacrifiée. Une vie partagée entre
la dévotion, l'instruction, les réunions et les aides matérielles lui valait
plus d'estime que de pouvoir. Elle était à l'aise dans une société
compartimentée et fermée où elle rendait sans éclat des services menus mais
indispensables.
(RIVET, 1978)
Les Béates ne doivent pas être confondues
avec les Béguines et les Béguins, qui s’apparentent dans le Forez
et le Jarez avec le jansénisme dans sa tendance « convulsionnaire »
(voir notice sur les Béguins).
DOCUMENTS
LOCAUX
- Aux confins du Forez et du
Velay, les béates, forez-histoire
- Usson-en-Forez, Traditions,
les Béates, Mairie de Usson-en-Forez
- Marlhes
o
Maison
de l’Allier, (photographies), forezinfo
o
Maison
de la Béate de l’Allier, Marlhes, (photographie), pilat-patrimoine
o
Maison
de la Béate, Marlhes, Les Guides du
Pilat
- Apinac,
la Maison de la Béate,
Gachat, (photographie), racinesardéchoises
- Les Assemblées ou Maisons de la
Béate (photographies), Massif du
Mézenc et du Gerbier des Joncs
GENERAUX
- site CEF, Anne
Marie Martel (1644-1673)
- BUISSON Ferdinand,
1911, Nouveau dictionnaire de pédagogie
et d’instruction primaire, Béates,
Institut français de l’Education,
- RIVET Auguste, 1978, Des
« ministres » laïques au XIXe siècle ? Les Béates de la Haute-Loire, Revue d'histoire de l'Église de France, 64/172,
pp.27-38
- RIVET A., MORET P., BURGER P., CREMILLEUX A, 2003, Un voyage au pays des béates
- MAS Gabriel, 2007,
Le
cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870), Chapitre 8.
L'encadrement du travail des jeunes gens par l'Eglise : des Béates aux
providences, thèse Université Lyon 2
a.chapel