Albert Carteron
1912-1992
Albert
CARTERON naît en 1912.
Il
est ordonné prêtre du diocèse de Lyon.
En
1948, il est nommé à la paroisse du Saint-Sacrement à Lyon.
Dans
le quartier vivent environ 3.000 travailleurs algériens, dont 2000 à la caserne
de la Part-Dieu. Les prêtres de la paroisse décident de leur venir en aide :
cours de français, recherche de logements, rencontres avec des français…
En
1950, le cardinal GERLIER lui demande de se pencher sur les problèmes d'accueil
des 30.000 travailleurs nord-africains du diocèse. Il obtient pour ce faire
deux années de formation et part en Algérie apprendre l’arabe et partager la
vie des algériens en travaillant dans une entreprise de nettoyage. En 1952 il
est expulsé par les autorités françaises qui le jugent trop proche des
algériens et revient à Lyon.
Il
se donne alors un double objectif : informer l’Eglise (évêques, prêtres,
laïcs) de la situation concrète des émigrés, en restant proche d’eux, et
susciter des liens de fraternité entre ces émigrés sans débattre de leurs
options religieuses ou politiques (intégration ou assimilation », F.L.N. ou
M.N.A, etc.).
Il partage avec deux autres prêtres envoyés
comme lui en mission auprès des populations émigrées, Jean COURBON et Henri LE
MASNE, un appartement rue Villeroy qui devient un lieu où se rencontrent
séminaristes, travailleurs algériens, prêtres, laïcs chrétiens...
En
1958 il constitue un dossier sur des faits de torture en l’encontre de détenus
algériens au commissariat de la rue Vauban (cellules 305 et 308) qu’il transmet
au cardinal GERLIER.
Il
est sollicité par un groupe d’algériens qui veut organiser un service social
aux détenus et à leurs familles. Il obtient du Prado qu’une chambre du Noviciat de Saint-Fons (chambre 22) soit
affectée à cette activité.
Après
l’arrestation en octobre 1958 de membres de ce groupe, il quitte
clandestinement Lyon pour ne pas être à son tour arrêté et
« questionné » jusqu’à livrer des noms. C’est ce qu’on nomme « l’affaire du Prado ».
Ses amis algériens le surnomment El-bi’r, c’est à dire "le puits", qui garde enfouis les
secrets.
(voir notice sur « l’affaire du Prado »)
Après
l’indépendance de l’Algérie (1962), il obtient en 1964 l’autorisation de partir
en Algérie et devient infirmier à l’hôpital de Constantine. Puis, il va exercer dans une région dépourvue de
service médical.
En 1992, il meurt dans un accident de
voiture près de Biskra.
DOCUMENTS
- Paroisse
Saint-Sacrement – Immaculée Conception
- El
bi'r, le puits, documentaire de Béatrice DUBELL, Grand Ensemble
- MEYNIER Gilbert,
2008, préface à la présentation du film de Béatrice DUBELL, « El-bi’r
Le Puits »
- Histoire de l’immigration,
EL-BIR’S
LE PUITS. Résistances anticoloniales à Lyon pendant la guerre d’Algérie
- Cardinal BARBARIN,
2004, discours
au 10ème anniversaire de la Grande Mosquée de Lyon
g.decourt