Clotilde
474-545
CLOTILDE naît à Lyon en 474 (465 ou
476) de Hilpéric II (Chilpéric), roi burgonde arien, et d’une mère catholique,
dont on ignore le nom mais dont sait l’influence pour conforter la tolérance
religieuse de son époux.
Le droit coutumier burgonde donne à
l’épouse le droit de choisir la religion de ses enfants. CLOTILDE est donc
baptisée dans la foi catholique.
Quatre frères dirigent alors le royaume
burgonde, dont Gondebaud, arien lui aussi, qui, selon Grégoire de Tours, fait
assassiner Hilpéric et noyer son épouse, et dirige seul le royaume à partir de
486.
CLOTILDE est alors éduquée par sa tante
Caretène, l’épouse même de Gondebaud, qui a installé sa cour à Lyon. Caretène
est catholique. Ainsi dit-on que CLOTILDE vécut dans le quartier d’Ainay, plus
précisément à l’abbaye Saint-Michel fondée par Caretène.
Clovis, roi des francs saliens, qui est
de religion païenne, au cours d’une visite à la cour burgonde, remarque
CLOTILDE. Celle-ci lui est accordée par son oncle en mariage. Le mariage est
célébré en 493 à Soissons. Clovis renonce dans les faits à exercer son droit de
paterfamilias au profit du droit
coutumier burgonde : CLOTILDE fait donc baptiser ses enfants.
Elle joue de son influence pour
convertir son époux, en particulier à l’occasion de sa victoire à Tolbiac.
Les évêques catholiques du royaume
burgonde se sentent désormais plus proches du roi des francs qui s’est
rapproché de la foi catholique (la date de son baptême posant encore problème
aux historiens) que du roi burgonde demeuré arien, encore pour un temps.
A la mort de Clovis en 511, CLOTILDE se
retire au couvent des Andelys (Grand Andely) qu’elle a fondé à Tours près du
tombeau de saint Martin.
Elle y meurt en 545 (ou 544). Elle est
inhumée près de son époux à Paris en la basilique des Saints-Apôtres Pierre et
Paul, qui deviendra l’église Sainte-Geneviève.
Bruno DUMEZIL dans sa thèse intitulée Conversion et liberté dans les royaumes
barbares Ve-VIIIe siècle, étudie les stratégies
de conversion dans divers pays d’Europe, entre autres celle des mariages royaux
mixtes.
A l’époque romano-barbare,
la pratique du mariage mixte était demeurée courante parmi les membres des
élites. L’union entre le roi burgonde arien Gondebaud et la catholique Caretène
n’amena aucune remarque désobligeante de la part de saint Avit ou de Marcel de
Die, deux familiers du couple. De même, le mariage entre Clovis et Clotilde ne
fut pas critiqué, mais plutôt célébré par Grégoire de Tours et Frégédaire.
p.161
Le projet
chrétien contenu dans le mariage mixte demeure donc, à terme, sa disparition,
c’est-à-dire la résolution de l’hétérogénéité de l’union par la conversion du
mari.
p.162
En elle-même,
l’union est vaguement ressentie comme impure, mais la femme qui l’assume
réalise une sorte de sacrifice personnel, ou du moins Boniface veut-il le
croire. (...) Aux yeux de l’Eglise, le mariage mixte n’est donc qu’une sorte de
concubinage, toléré à condition qu’il ne soit pas durable et qu’il s’inscrive
dans une dimension sacrificielle.
p.163
Or une constante
difficulté posée aux évêques par les mariages mixtes était le faible degré de
leur propre implication. Les stratégies matrimoniales étaient généralement de
nature diplomatique, et leur composante religieuse, bien que réelle, demeurait
souvent mince. Ainsi, l’épiscopat semble avoir eu aucune capacité de contrôle sur
le mariage de Clotilde et de Clovis, ni sur la méthode de prédication
matrimoniale à appliquer envers le roi franc.
p.164
DOCUMENTS
- GREGOIRE de TOURS, Histoire
des Francs, II
- DUMEZIL Bruno, 2005, Les
racines chrétiennes de l’Europe. Conversion
et liberté dans les royaumes barbares Ve-VIIIe siècle
- voir notice sur Etienne évêque de Lyon
g.decourt