Louis
le Pieux en faveur de l’abbaye de l’Ile-Barbe
816
Au nom du
Seigneur Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ.
Louis, auguste
empereur par la providence divine.
Si nous
prêtons volontiers notre sérénissime oreille aux demandes des serviteurs de
Dieu pour satisfaire quel que besoin ecclésiastique que ce soit, c’est que nous
croyons que cela servira de toute évidence à conduire notre vie mortelle
temporelle et nous obtenir la vie éternelle bienheureuse.
C’est pourquoi
nous voulons que soit connu de tous les fidèles de la sainte Eglise de Dieu,
aussi bien nos contemporains que les générations futures, ce que Leidrade,
prélat de l’Eglise de Lyon, nous a si bien expliqué.
Un certain
monastère situé au lieu-dit l’Ile-Barbe, construit autrefois en l’honneur de
saint Martin, a été rebâti pour l’amour de Dieu, et les moines y ont été
institués selon la règle de saint Benoît pour servir le Seigneur, autour de
leur abbé qui se nomme Campion.
Craignant que,
dans les temps à venir, ce qu’il a institué pour l’amour de Dieu soit mis à mal
par des successeurs peu éclairés, il a prié notre grandeur que, suivant l’usage
de nos pères, nous prenions la décision de faire un décret d’immunité où serait
déclaré :
-
que nul pontife de l’Eglise de Lyon ne prétende demander
aux dirigeants de ce monastère plus d’une livre d’argent comme cens annuel, ni
ne tente d’exiger loyers, fermages ou autres redevances ;
-
que les frères tiennent et possèdent à perpétuité ce dit
couvent avec tout qui lui appartient, avec les droits de péage pour leurs
bâteaux, sans aucune division ni diminution ;
-
qu’e les frères aient aussi la possibilité d’élire leurs
abbés au sein de leur couvent, et de présenter leurs élus à l’évêque de la
cité, de sorte qu’après avoir reçu la bénédiction ceux-ci s’appliquent à
gouverner selon la règle la communauté qui leur est confiée.
Selon cette
demande que nous avons volontiers entendue, nous avons décidé que soit fait de
par notre autorité ce décret d’immunité et de protection à l’égard de ce
monastère, pour l’amour de Dieu et pour notre salut et celui de nos
successeurs.
C’est pourquoi
nous décrétons et ordonnons que ce qui a été établi avec clarté par
l’archevêque Leidrade, et nous a été présenté, soit désormais respecté par nous
et tous les fidèles de la sainte Eglise de Dieu, et aussi par les évêques
eux-mêmes ou tout clerc de l’Eglise de Lyon.
Dès réception
de cet ordre, que l’évêque applique notre décision et celles de nos
successeurs ; que les moines au service de Dieu se montrent, comme il se
doit, obéissants à leur évêque, et parviennent à respecter au mieux son intention
avec l’aide de Dieu.
Nous ordonnons
aussi qu’aucun magistrat n’entende causes, n’exige impôts, n’établisse loyers
ou fermages, ne donne cautions, ne punisse hommes de ce monastère, libres ou
serfs, n’exige quelque cens ou quelque redevance.
(et encore que
ce qui est rappelé ci-dessus ne soit en rien remis en question).
Pour que cet
acte ait une autorité plus forte et soit plus scrupuleusement respecté dans le
futur par les fidèles de la sainte Eglise, nous ordonnons que soit apposé
ci-dessous le sceau de notre anneau.
Signé Louis,
empereur sérénissime.
Hélisachar,
notaire, j’ai collationné et souscrit.
Le III avant
les ides de novembre, de l’année 816 après la naissance du Christ, le 9 de l’indiction,
l’année 3 de l’empire, par le Christ bienveillant, de notre seigneur auguste
sérénissime Louis.
Fait au palais
d’Aix-la-Chapelle.
Bienheureux au
nom de Dieu. Amen.
NOTE
III
idus novembris = 3ème jour précédant les ides de novembre
qui sont le 13, soit donc le 11 novembre.
Indictione
VIIII = 9ème année de
l’indiction qui est un cycle de 15 ans à dater de l’année 312, soit 312 +
(15x33) + 9 = 816.
Anno
III imperii Hludovici = l’empire de Louis débutant en 814,
il s’agit donc de l’année 816.
DOCUMENTS
-
Texte latin CNRS, Telma
-
voir notices sur l’abbaye
d’Ainay, le site de l’Ile-Barbe ,
accord de Louis le
Pieux pour trois navires à l’abbaye de l’Ile-Barbe