musée du diocèse de lyon

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Gabriel Matagrin

1919-2004

 

 

 

Gabriel MATAGRIN naît en 1919 à Saint Laurent de Chamousset (Rhône).

 

Il fait ses études à Lyon et en tant que membre de la JEC (Jeunesse Etudiante Chrétienne).

 

Juste avant la guerre de 1940 il entre au Séminaire Saint-Irénée ; il refuse de poursuivre ses études au Séminaire Universitaire, préférant se préparer à un ministère de « terrain » plutôt que d’enseignement. Il doit interrompre le séminaire pour les Chantiers de jeunesse dans les Bois Noirs au-dessus de la Côte roannaise. Il côtoie alors les mouvements de la Résistance.

 

Il est ordonné prêtre du diocèse de Lyon en 1945 en la basilique Notre Dame de Fourvière.

 

Ayant manifesté son désir d’être vicaire dans une paroisse rurale, il est nommé professeur puis bientôt directeur spirituel au Collège des Chartreux jusqu’en 1954. Il lui est demandé de préparer en même temps une licence en philosophie. Il est aussi aumônier d’équipe d’Action Catholique et en 1951 (ou 1952) aumônier diocésain de la JEC.

 

Ensuite il devient vicaire à la paroisse Saint-Augustin de la Croix-Rousse à Lyon jusqu’en 1956.

 

Aumônier de la Chronique Sociale de Lyon, il donne des cours à l'Institut social et à la Faculté de théologie jusqu’en 1960.

 

Il est alors nommé Vicaire Général, en charge de l'Action catholique, de l'Action sociale et du Secrétariat de la pastorale diocésaine, qui est une instance de coordination et de prospective.

 

En 1958, à la suite des enquêtes sociologiques du chanoine Boulard, il met en place la « pastorale d’ensemble à base de zones humaines » : le diocèse passe « d’une conception pastorale de la défense, de la préservation ou de la reconquête à une pastorale de la présence à même les réalités humaines en pleine mutation » (2002, p.64).

 

En 1963 il initie la démarche qui aboutit à la création le 17 janvier 1967 de la zone interdiocésaine de Vienne par les évêques de Lyon (Saint-Etienne étant un archidiaconé du diocèse), Grenoble, Valence et Viviers.

 

En 1963 il accompagne le cardinal Villot au Concile Vatican II comme expert.

 

Le 15 novembre 1964 il est nommé évêque auxiliaire du cardinal Gerlier et ordonné le 10 janvier 1965. Il participe à la dernière session du Concile ouverte le 14 septembre 1965.

 

Il reste ensuite auxiliaire du cardinal Villot (1965-1967) puis du cardinal Renard (1967-1969).

 

En 1966 il participe à la création du Comité de Liaison des Œuvres Religieuses d’Entraide (CLORE) qui coordonne les activités sociales des catholiques, des protestants et des juifs.

 

Le 19 septembre 1969 il est nommé évêque de Grenoble.

 

Il participe au synode des évêques à Rome en 1971 portant sur le ministère et la justice (il défend alors une évolution du statut du prêtre qui sera refusée), et à celui de 1974 sur l’évangélisation (où le rapport du futur pape Jean-Paul II n’est pas voté).

 

Il assure des fonctions importantes au sein de l’épiscopat français : président de la Commission sociale, il rédige en 1972 le rapport Politique, Église et foi, où est reconnu un certain pluralisme des choix politiques pour les catholiques.

 

En 1989, il donne sa démission et se retire à Saint-Didier au Mont d'Or.

 

Il meurt à Lyon en 2004.

 

Son action dans le diocèse de Lyon, enracinée dans la tradition du catholicisme social, cherche à prendre en compte les données nouvelles de la société comme l’urbanisation ou la politisation des questions sociales. Le sous-titre de son dernier écrit, Une Église avec les hommes de ce temps, exprime bien le courant d’ouverture au monde qu’il représente dans le catholicisme français, privilégiant l’insertion des laïcs dans les organisations non confessionnelles plutôt que la constitution d’organisations catholiques ; il prépare ainsi la transformation progressive de la Direction Diocésaine des Œuvres (DDO) en Délégation Diocésaine à l’Apostolat des Laïcs (DDAL), consacrant la pluralité des engagements des fidèles et des options pastorales.

 

C’est un homme mythique, une intelligence exceptionnelle, une mémoire étonnante, un jugement perspicace, une discrétion à la limite du secret, une fidélité sans faille qui ont fait de lui un être exceptionnel, tellement exceptionnel qu’il en fut parfois fragilisé.

(Christian Montfalcon)

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

- 1966, (dir.), Réflexions sur un plan de structures du diocèse de Lyon

 

- 1972, Politique, Église et Foi

 

- 1974, Un nouveau temps pour l'Église (entretiens avec J. Duquesne)

 

- 1976, Préparer aujourd'hui l'Église de demain

 

- 1987, Politique, Éthique, Foi et Église aujourd'hui, Le Supplément

 

- 2002, Le chêne et la futaie. Une Église avec les hommes de ce temps (entretiens avec Charles Ehlinger)

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

- PELLETIER Denis, 2004, France, la politique entre déni et engagement, Projet, CERAS, Le catholicisme social européen

 

- BERGER Yves, 2004, Mgr Gabriel Matagrin (1919-2004). Témoignage d’un ancien, Les Chartreux, n°30, pp.23-

 

- BUSUTTIL Martial, 2004, Episcopat  français, la fin d’un modèle (1978-1990). De la collégialité à l’« individuation », Université Lyon 2 thèse

        

- notices sur les enquêtes Boulard (thèse Chatelan, pp.188-289), sur l’enquête préalable en vue de l’érection du diocèse de Saint-Etienne

 

g.decourt