le pape Pascal II à
Gaucerand au sujet de la primatie
1116
Pascal, évêque,
serviteur des serviteurs de Dieu,
au vénérable frère
Gaucerand, primat des Lyonnais, et à ses successeurs qui prendront
régulièrement ta place,
à jamais.
Le bien propre de
la charité est de se réjouir du bonheur des autres. En effet la charité ne
cherche pas son intérêt, et l’Apôtre ajoute : « nous vivons si vous vous tenez fermes dans le Seigneur », et
aussi « quelle est
en effet notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire si ce
n’est vous devant notre Seigneur Jésus ? » Pour cela nous
sommes appelés par le devoir de charité, et poussés par l’autorité du Siège
apostolique, à présenter l’hommage dû aux frères, et à partager la dignité de
la sainte Eglise romaine avec les autres Eglises, chacune à sa manière.
C’est pourquoi,
vénérable frère Gaucerand, archevêque de Lyon, par le texte de ce présent
décret nous confirmons à ta fraternité et à tes successeurs, et par vous à
cette Eglise de Lyon, le primat sur quatre provinces des Gaules, à savoir
celles de Lyon, de Rouen, de Tours et de Sens, comme il a été institué par nos
successeurs.
Nous décidons,
l’ajoutant à cela, que tout ce qui à présent appartient à l’Eglise de Lyon ou à
la maison épiscopale est propriété de ta fraternité : et ce que dans le futur,
par don de Dieu, vous aurez pu acquérir de manière juste et régulière, ou
reprendre, demeurera fermement acquis à vous et à vos successeurs.
Nous décrétons donc
qu’il n’est permis à absolument personne de venir mettre le trouble
inconsidérément dans cette Eglise ou ses possessions : enlever et garder
des biens prélevés sur la maison épiscopale, la mettre en pièces, l’épuiser par
d’inconsidérés mauvais traitements, mais tout doit être entièrement gardé et
profité tant à vos besoins qu’à ceux des clercs et des pauvres.
Si donc dans le
futur quelque personne ecclésiastique ou séculière, connaissant ce texte de
notre institution, tentait de lui contrevenir inconsidérément, si elle ne
s’amendait pas après le troisième avertissement par une réparation convenable,
qu’elle soit privée de sa dignité de pouvoir et d’hommage, qu’elle sache
qu’elle est accusée par le jugement de Dieu pour l’injustice commise, qu’elle
soit éloignée de très saint corps et sang de Dieu et Notre Seigneur Jésus
Christ, et soit soumise au jugement final à la punition sévère.
Aussi à tous les
proches serviteurs de cette Eglise soit la paix de Notre Seigneur Jésus Christ
jusqu’à ce qu’ils perçoivent ce fruit de leur action et trouvent auprès du juge
sévère les récompenses de l’éternelle paix. Amen.
Moi Pascal, évêque
de l’Eglise catholique.
Donné au Latran, de
la main de Jean, cardinal diacre et bibliothécaire de la sainte Eglise romaine,
aux secondes ides de mars, indiction 9, en l’année de l’Incarnation du Seigneur
mille CXVI, et en l’année XVII du pontificat de seigneur Pascal II.
NOTES
secondes ides de mars :
14 mars
signature
et sceau suivent ce texte
TEXTE LATIN
-
1644, Conciliorum.
Ab anno MLXXIII ad annum MLXXIII, tome 26
-
1701,
Recueil
de quelques-unes des principales pièces produites au procès
- 1734, Bullarum, privilegiorum ac diplomatum
Romanorum Pontificum amplissima, tome 2
- 1806, Recueil des historiens des Gaules et de la
France, tome 14
- MONTFALCON Jean
Baptiste, 1855, Lugdunensis
historiae monumenta
- voir notice sur GAUCERAND