Patronage
Saint-Joseph
1863
En 1861 Célestin
Monnier, nouvellement ordonné prêtre, est nommé vicaire à la paroisse Saint-Roch
à Saint-Etienne. Il constate que plus de la moitié des enfants qui préparent
leur première communion travaillent déjà en atelier, certains ne sachant ni
lire ni écrire. Il cherche alors à faire quelque chose pour eux et on lui
conseille d’aller rencontrer l’abbé Timon David qui a fondé en 1846 l’Œuvre de la jeunesse ouvrière de Marseille.
En 1863, au retour
de son deuxième séjour à Marseille, il obtient de l’archevêque, le Cardinal de
BONALD, de se consacrer entièrement à une œuvre « qui recevrait les enfants pour les former aux pratiques chrétiennes ».
En 1863, le 8
décembre, avec l’aide de quelques notables stéphanois dont Auguste Gerin,
président du Conseil particulier de la société de Saint-Vincent-de-Paul, et de
plusieurs curés de la ville, il fonde l’Œuvre
de la jeunesse et du patronage des jeunes apprentis. Cette œuvre a pour
objectifs de réunir les enfants de la classe ouvrière afin d’améliorer leur
éducation morale et professionnelle par des jeux éducatifs et des exercices
spirituels, et de chercher à placer ces enfants, en accord avec leurs parents,
dans des ateliers convenables, entre autres ceux des administrateurs de
l’œuvre.
En 1864, le 2 février, au
rez-de-chaussée de la maison du passementier Epitalon rue Mi-Carême sont
accueillis les premiers garçons, au nombre de 27, venant du quartier
Saint-Ennemond et de l’école paroissiale de la Grand’.
En 1865, pour soutenir
l’œuvre, est fondée une société civile que patronne le baron Vital de
Rochetaillée pour acheter terrain et locaux plus adaptés au nombre de jeunes.
En 1867 l’œuvre est affilée
à l’Archiconfrérie du
Très-Saint-Enfant-Jésus de l’abbé Timon-David, dont elle suit la pédagogie
explicitée dans son livre Méthode de direction des Œuvres de jeunesse (1859).
Elle se démarque ainsi d’autres œuvres de la société de Saint-Vincent-de-Paul
qui, à Saint-Etienne, anime déjà l’Œuvre
des apprentis depuis 1845, un patronage en 1867, et en 1869 la Société de Saint-Louis-de Gonzagues à
Valbenoîte pour les adolescents.
En 1869 l’œuvre emménage
dans une maison plus vaste rue Saint-Michel, à côté de la place Jacquard.
Quelques-uns
des apprentis deviennent tuteurs des plus jeunes pour les accueillir les jeudis
et dimanches, et pendant les vacances ; on les nomme les « dignitaires ». La journée commence
par la messe suivie par des exercices physiques puis du catéchisme. Le reste de
la journée est consacrée aux jeux.
En
1871 s’arrête la publication de l’œuvre intitulée de L’Echo du Patronage.
En 1876 un différend oppose
le président du Comité, Vital de Rochetaillée, à l’abbé MONNIER. Celui-ci, dont
la santé s’est fragilisée, quitte l’œuvre et avec Alfred Gerin, président de la
Société de Saint-Vincent-de-Paul, demande à la Congrégation des Frères de
Saint-Vincent-de-Paul d’en prendre la direction.
Sont alors
accueillis 90 apprentis et 60 écoliers.
C’est
sous le nom de Patronage Saint-Joseph
qu’est connue désormais cette œuvre.
Bientôt
s’ajoutent diverses activités : cercles ouvriers, cours du soir, troupe de
théâtre, etc.
L’abbé
MONNIER décède à Lyon le 7 mai 1881 ; le 12 juin son cœur est déposé en la
chapelle de l’Œuvre de la jeunesse de
Saint-Etienne.
En
1887 est mis sur pied un Comité des bienfaiteurs et bienfaitrices.
En
1894 est reprise la publication d’un bulletin sous le titre de Le Patronage.
En
1903 est fondée une œuvre d’entraide : L’Echo
mutuel.
En
1908 est fondée une société de gymnastique, La
Saint-Joseph, accompagnée d’une fanfare, qui propose éducation physique et
préparation militaire.
En
1911 sont fondés une œuvre d’entraide pour les femmes, La Ruche, un Groupement
familial de la Fabrique des Passementiers, une société coopérative de
consommation, L’Abeille.
Parmi
ses dirigeants on note :
- LE GALL Yves Marie,
(1854-1941), prêtre
des Frères de St-Vincent de Paul, directeur puis supérieur pendant 50 ans du
patronage St-Joseph.
- GRENETIER Pierre
Joseph (1872-1948), stéphanois, frère de St-Vincent-de-Paul, directeur du
patronage St-Joseph pendant 47 ans.
- AVRIL Henri Julien
Joseph Marie (1890-1989),
prêtre de St-Vincent de Paul ; nommé à St-Etienne, il passe la plus grande
partie de sa vie au patronage Saint-Joseph ; il ouvre le Centre aéré de Longiron en 1946.
Une
résidence, le Foyer Grenetier, héberge 60 garçons.
Malgré les changements dans
la pastorale de l’Eglise locale et l’abandon ou la laïcisation des œuvres
catholiques, le Patronage Saint-Joseph
continue d’exister, rue Victor Duchamp à Saint-Etienne.
Ce genre d’institution sécrète, en effet, avec une
étonnante disposition, sa propre reproduction, en même temps qu’elle stérilise
ce qui risquerait, à long terme, de la transformer ; si l’adaptation peut
se réaliser dans les limites de la continuité, la métamorphose semble par
contre impossible.
(MANDON, p.312)
DOCUMENTS
- VANEL, 1881, Eloge
funèbre de l’abbé Joseph Célestin Monnier
- MABON (Joseph), 1914, Histoire du patronage Saint-Joseph de
Saint-Etienne, 2 février 1864-28 juin 1914
- MANDON Daniel,
1976, Les barbelés de la culture ; Saint-Etienne,
ville ouvrière
- BOUDAREL Roland, 1987, Les loisirs dans la
région stéphanoise au XIXème siècle (1830-1914), Etudes d’Histoire, n°1, Université de
Saint-Etienne
-
SIGOURE (Michel), 1991, Le patronage Saint-Joseph de
Saint-Etienne de sa fondation aux noces d’or, 1864-1914, Mémoire de
maîtrise, Université Jean Monnet, Saint-Etienne
- CARLIER Bruno, 2004, Sauvageons
des villes, sauvageons aux champs. Les prises en charge des enfants délinquants
et abandonnés dans la Loire (1850-1950), thèse d’histoire, Université
Lyon 2
-
MAS Gabriel, 2007, Le cardinal
de Bonald et la question du travail (1840-1870), thèse d’histoire, Université Lyon 2
- voir notice sur Célestin
MONNIER
a.chapel