Marcel Rifaux
1872-1938
Marcel
RIFAUX naît à Tonnerre (Yonne) en 1872.
Il
s’installe comme médecin à Chalon-sur-Saône où il dirige une clinique, à
Saint-Rémy précisément.
Gendre
de Léon CHAINE, il fréquente les milieux catholiques « progressistes » lyonnais.
En
1905, il publie un ouvrage, L’Agonie du
christianisme… ?, où il aborde les questions des relations entre la foi
chrétienne et les sciences, physique, biologique et historique.
Il
devient secrétaire général de la revue Demain
à partir du numéro 4 daté du 17 novembre 1905
Comme
il l’avait annoncé en conclusion de son premier livre, il aborde le thème du
« retour au catholicisme »
en publiant en 1907 Les Conditions de
retour au catholicisme, enquête philosophique et religieuse.
Les Conditions de retour au catholicisme,
enquête philosophique et religieuse (1907)
M.RIFAUX rassemble dans
cet ouvrage les réponses à un questionnaire envoyé à des intellectuels
catholiques sur la « crise
intellectuelle » du catholicisme français. Il les fait précéder d’une
synthèse personnelle et conclut en rappelant son état d’esprit, partagé par les
autres membres de l’« Ecole de Lyon »,
à quelques mois de la condamnation de leur recherche intellectuelle par Rome.
Un catholique vraiment
conscient de son catholicisme ne saurait sans inconséquence sortir du giron de l’Eglise
parce que les idées qu’il veut faire prévaloir sont condamnées temporairement
par son Eglise. Les avertissements et les condamnations dont il pourrait être
l’objet seront toujours pour lui matière à réflexions salutaires et générateurs
de lumière. Ce sera une occasion nouvelle et bienfaisante pour lui,
d’approfondir son catholicisme.
Son erreur lui apparaît-elle
clairement, il se soumettra simplement, chrétiennement, puisant dans cette
soumission un surcroît de force, pour reprendre sa marche.
S’il se sent, au contraire,
incompris et soutenu par sa conscience, il ne désespérera pas de l’avenir,
sachant par expérience que l’Eglise finira par accepter tôt ou tard ce qui est
vraiment confirmé par la raison et par la science. Et alors il reprendra son
travail laborieusement. Confiant dans la valeur de sa cause, il s’efforcera de
la faire valoir par des clartés nouvelles, s’attachant à présenter ce qu’il
croit être la vérité, sous les aspects les plus séduisants et les plus
aimables. Ce qu’il n’obtiendra jamais par la révolte, il l’obtiendra sûrement
par sa bonne foi, sa persévérance et son esprit de discipline.
Chalon-sur-Saône, 1er
novembre 1906
M.RIFAUX pense que,
pour sortir de la crise présente, « la tâche la plus urgente (…) sera
tout d’abord la réforme intellectuelle du catholicisme. Si nous ne pensons pas
notre religion en fonction du temps dans lequel nous vivons, nous resterons des
isolés, inintelligibles pour la masse de nos contemporains et totalement
dépourvus d’influence ».
La
critique sera faite à l’ouvrage de céder au « modernisme » : chercher à tout prix une adaptation aux
temps modernes en tournant le dos au passé et au renouveau thomiste en
particulier. Ainsi l’évêque de
Châlons-sur-Marne, Mgr Latty publie-t-il en 1907 Une question téméraire et mal posée.
Dans
un nouvel ouvrage paru la même année, La
Crise de la foi catholique. I. « Une question téméraire et mal
posée », réponse à Mgr Latty, évêque de Châlons-sur-Marne. II. La vitalité
catholique. III. Les deux courants, M.RIFAUX répond aux critiques :
science et foi ne s’opposent pas, de nombreux intellectuels catholiques peuvent
en témoigner. Comme il l’avait écrit en 1906 dans la revue Demain, « deux courants »
partagent l’Eglise : ceux qui ont peur et préfèrent le repli et ceux qui
péniblement cherchent à avancer avec leurs contemporains dans une « laborieuse adaptation » de la
pensée et de l’action catholiques. (voir la notice sur Demain, textes)
Dans
la revue Demain, il publie les
articles : La Vitalité
catholique, Les deux
Courants, La Valeur de la
Personne morale, Penseurs libres, L'Action sociale de la Femme. (voir la notice sur Demain, sommaires).
Après
l’encyclique Pascendi, il arrête
toute recherche intellectuelle au sein du catholicisme et se consacre à son
métier médical.
Pendant
la guerre de 1914-1918 il lance la revue Le
Corps et l’esprit, revue d’hygiène physique et de réconfort moral pour
préparer « la restauration du pays »
selon le principe mens sana in corpore
sano.
Il
dirige cette revue jusqu’à sa mort en 1938 près de Chalon-sur-Saône à
Saint-Rémy.
OUVRAGES
-
1905, L’Agonie du christianisme… ?
(texte intégral)
-
1907, Les conditions
du retour au Catholicisme. Enquête philosophique et religieuse (texte intégral)
critique
par Edgar JANSENS, Revue néo-scolastique,
14/56, pp.601-603
- 1907, La Crise de la foi catholique. I. « Une
question téméraire et mal posée », réponse à Mgr Latty, évêque de
Châlons-sur-Marne. II. La vitalité catholique. III. Les deux courants
DOCUMENTS
- BRUGERETTE Joseph,
1935, Le Prêtre Français et la Société
Contemporaine. Vers la Séparation de l’Eglise et de l’Etat (1871-1908)
-
BRUGERETTE
Joseph, 1938, Le Prêtre Français et la
Société Contemporaine. Sous le régime de la séparation. La reconstitution
catholique (1908-1936)
-
POULAT Emile, 1969, «
Modernisme » et « Intégrisme ». Du concept polémique à l'irénisme critique,
Archives des sciences sociales des
religions,
27, pp. 1-28
- MAYEUR Jean-Marie,
1972, Catholicisme
intransigeant, catholicisme social, démocratie chrétienne, Annales, Économies, Sociétés, Civilisations,
27/2, pp. 483-499
- COMTE Bernard,
1974, Un rassemblement de catholiques libéraux : la naissance à Lyon de la
revue « Demain », Les
Catholiques libéraux au XIXème siècle, pp.239-280
- WEILL Georges,
1979, Le
Catholicisme libéral en France (1828-1908) (texte intégral)
- FOUILLOUX Etienne,
1997, «
Intellectuels catholiques » ? Réflexions sur une naissance différée, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 53,
pp. 13-24
-
SORREL Christian, 2003, Libéralisme et modernisme Mgr Lacroix (1855-1922). Enquête sur un
suspect
recensions par : Chauvin Charles, Esprit & Vie 2003/95 ; Perrin Luc, Archives des Sciences Sociales des Religions 2004/128 ; Laplanche François, Revue de l’Histoire des Religions 2005/2
- SORREL Christian,
2006, 1905–2005.
La séparation des Églises et de l’État en France entre mémoire et histoire, Université Lyon II.
g.decourt