le pape Urbain II à
Hugues au sujet de la primatie
1099
Urbain évêque serviteur
des serviteurs de Dieu au vénérable frère dans l’épiscopat Hugues, primat de
Lyon,
salut et
bénédiction apostolique.
Au sujet de la
querelle pour laquelle la fraternité de tes prédécesseurs et la tienne s’activa
jusqu’ici avec énergie contre l’Eglise de Sens, le Siège apostolique fut
interpellé pour maints conflits, maints cris, et de notre temps et au temps de
nos prédécesseurs.
Il n’est pas
nécessaire de rappeler ce que et les écrits de nos prédécesseurs indiquent et
ce que la mémoire commune des conciles auxquels nous avons assisté par
l’autorité de Dieu en Gaules affirme.
Puisque cette cause
a été traitée et définie au concile plénier d’Auvergne, et comme Richerius,
archevêque de Sens, n’avait point acquiescé à la définition synodale, elle a
été reprise dans les mêmes termes aux conciles de Tours et de Nîmes grâce à ton
assiduité, et Richerius mourut interdit pour son obstination, ses suffragants
ayant déjà professé leur obéissance à toi en tant que primat ainsi qu’au
jugement synodal.
Notre frère
Daimbert, qui préside maintenant l’Eglise (de Sens) sur l’ordre du Seigneur,
comme il t’a été signifié par nos lettres, a reçu la grâce de la consécration
par notre ministère, juste après cette querelle.
Récemment, comme il
revenait à la Maison des apôtres autant pour poursuivre sa cause que pour la
convocation synodale, en présence de tes légats, Isméon évêque de Die, le doyen
Girin et le chapelain Girin, ayant accueilli le jugement du Siège apostolique,
mettant fin à toute tergiversation, il professa lui-même entre nos mains et de
reconnaître le primat de l’Eglise de Lyon sur Sens et d’obéir pour le reste à
toi et à tes légitimes successeurs en tant que primats.
Pareillement aussi
il promit qu’au moment établi par nous, c’est-à-dire avant la prochaine
solennité du bienheureux Denys, il ira chez vous, et sous les regards de
l’Eglise de Lyon il professera lui-même cela de sa propre bouche ; sauf
entrave des chanoines, sous trente jours il s’affairera à remplir tout cela.
Voilà donc ce que
nous avons confié à vos vicaires et par eux à toi et à l’Eglise de Lyon, en
présence de nos frères dont les noms sont écrits ci-dessous :
Anselme de
Canterbury, Léger de Bourges, Amat archevêque de Bordeaux, Gualterius d’Albano,
Odon de Ostie, Gontard de Fundi, Liétaud évêque de Senlis,
Runierus du titre
de saint Clément, Teuton du titre des saints Jean et Paul, Jean du titre de
saint Anastasie, cardinaux prêtres de notre Siège apostolique,
Pierre de Léon,
Jean Frejapane, nobles romains.
Voilà pourquoi ta fraternité
doit désormais s’appliquer à manifester envers le Siège apostolique encore plus
d’amour et de déférence.
Donné à Rome auprès
du bienheureux Pierre, de la main de Jean, cardinal diacre de la sainte Eglise
romaine, indiction 7, le 7 des calendes de mai, année de l’Incarnation du
seigneur MXCIX, année 12 du pontificat de seigneur pape Urbain II.
NOTES
limina : seuil,
traduit ici maison, terme qui se
retrouve aujourd’hui encore dans l’expression « visite ad limina », qui désigne la visite
régulière des évêques au Saint-Siège
7 des calendes de mai : 25 avril
TEXTE LATIN
-
1644, Conciliorum.
Ab anno MLXXIII ad annum MLXXIII, tome 26
-
1701,
Recueil
de quelques-unes des principales pièces produites au procès
-
1734, Bullarum,
privilegiorum ac diplomatum Romanorum Pontificum amplissima, tome 2
- 1806, Recueil
des historiens des Gaules et de la France, tome 14
- MONTFALCON Jean
Baptiste, 1855, Lugdunensis
historiae monumenta
DOCUMENTS
- VILLARD François, 1991, Primatie
des Gaules et réforme grégorienne, Bibliothèque
de l'Ecole des chartes, 149/2, pp.421-434
- voir notices sur
Hugues de Lyon, sur le procès
de 1698-1702