musée du diocèse de lyon

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Hugues

1040-1106

 

 

 

 

 

HUGUES naît à Romans (Isère) vers 1040, dans la famille de ducs de Bourgogne. Il est connu sous le nom de Hugues de Romans ou Hugues de Bourgogne.

 

En 1073 Hugues devient « chamarier » du chapitre cathédral de Lyon.

 

En 1074, il est élu évêque de Die dans la province ecclésiastique de Vienne. Il est connu aussi sous le nom de Hugues de Die.

 

Il est alors ordonné prêtre et évêque à Rome par Grégoire VII (1073-1085) et assiste au Concile de Rome de 1074 au cours duquel le Pape le nomme son légat pour la Francie et la Bourgogne.

 

A ce titre il met en place la réforme « grégorienne » et se trouve rapidement en conflit avec d’autres évêques.

 

En 1078 le Pape Grégoire VII restitue plusieurs des évêques déposés ou suspendus par HUGUES.

 

Le 24 octobre 1082 il devient archevêque de Lyon et Grégoire le nomme « vicaire du Pape ». Il prend possession de son siège au début de l’année 1083. C’est au titre de Primat des Gaules (selon la bulle Antiqua Sanctorum Patrum de Grégoire VII datée du 20 avril 1079) qu’il convoque des conciles régionaux pour appliquer la réforme « grégorienne ».

 

En 1086 il est pressenti pour devenir pape mais c’est Didier, abbé du Mont-Cassin, qui est élu sous le nom de Victor III (1086-1087).

 

HUGUES tarde à reconnaître l’autorité de Victor III qui l’excommunie au Concile de Bénévent le 29 août 1087.

 

Le nouveau Pape, Urbain II (1088-1099), dont HUGUES reconnaît immédiatement l’autorité, le réhabilite, mais ce n’est qu’en 1094 qu’il le nomme son légat en Gaule. En octobre 1094, il convoque le concile d'Autun pour excommunier le Roi Philippe 1er qui s’est remarié.

 

Au printemps 1095 il part en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle et, pour ne pas avoir assisté au Concile de Plaisance, il perd son pouvoir de légat. Il se réconcilie aussitôt avec Urbain II qu’il accompagne dans son voyage en France à la fin de l’été.

 

Au Concile de Clermont qui rassemble 13 archevêques et 225 évêques, le pape Urbain II rappelle, le 18 novembre 1095, la condamnation de l'investiture laïque, il confirme l'excommunication de Philippe Ier, il lance la première croisade et il confirme la primatie lyonnaise des Gaules sur les provinces ecclésiastiques de Sens, Rouen et Tours.

 

En 1097, HUGUES accueille Anselme de Cantorbéry, archevêque en conflit avec le roi d’Angleterre, et l’accueillera plusieurs fois durant son exil (1099-1100, 1103-1105).

 

En 1098, en tant que légat, il soutient le projet de vie monastique d’un groupe d’une vingtaine moines de l’abbaye de Molesme dans un nouveau monastère, qui s’implante alors à Citeaux, dans l’évêché de Chalon, sur les terres de la famille de HUGUES.

 

En 1099 le nouveau Pape Pascal II (1099-1118) lui retire son autorité de légat et envoie deux italiens comme légats en Gaule. Ces derniers convoquent le Concile de Valence pour déposer l’évêque d’Autun. HUGUES refuse de se rendre à ce concile où est jugé l’un des évêques suffragants de Lyon. Il part à Rome le défendre et obtient son absolution.

 

En 1100-1101 il part en Terre Sainte et à son retour par Rome en 1103 il est nommé légat du pape pour l’Asie.

 

En 1106 il quitte Lyon pour se rendre au Concile de Gustella et décède en cours de route le 7 Octobre à Suze (Piémont) où il est enterré dans l’église abbatiale San Giusto devenue cathédrale.

 

 

 

Le Réformateur

 

 

La réforme de l’Eglise dite « grégorienne » est finalisée par le Pape Grégoire VII, ancien moine de Cluny, mais a commencé bien avant lui. Elle porte sur une réforme du statut des clercs :

 

- indépendance vis-à-vis des laïcs pour les nominations aux bénéfices ecclésiastiques : vingt-sept propositions du Dictatus papae en 1075 pour réserver au collège des cardinaux l'élection des papes, condamnation des investitures laïques (c’est-à-dire du pouvoir des souverains de nommer les évêques),

- interdiction aux prêtres de se constituer, au détriment de l’Eglise, un patrimoine à transmettre aux leurs,

- application stricte de la règle du célibat pour le clergé (lutte contre le nicolaïsme),

- lutte contre le commerce de biens ecclésiastiques (simonie),

- mise en place d’une formation des clercs.

 

Grégoire VII nomme des légats ayant autorité sur les autres évêques pour mettre en œuvre cette réforme et renforcé par là-même son autorité sur l’ensemble de l’épiscopat.

 

Pour mettre en œuvre cette réforme HUGUES convoque de nombreux conciles régionaux : Anse, Dijon, Clermont, Autun, Poitiers, Troyes, Lyon, Avignon, Bordeaux, Saintes, Issoudun, Meaux…, où sont prises des mesures disciplinaires à l’encontre d’évêques comme ceux de Clermont, Tours, Arles, Narbonne, Chartres, Chalon-sur-Saône, Sens, Bourges, Reims… En tant que légat du pape, HUGUES affirme ainsi l’autorité de l’évêque de Rome. Mais ce n’est pas sans causer quelques résistances chez les évêques ou les prêtres.

 

Ces conciles édictaient aussi une législation importante, réprimant la simonie, l’investiture laïque, le concubinat des prêtres ou l’usurpation des biens ecclésiastiques par les laïques. Leur sévérité les rendait parfois impopulaires et l’accueil réservé aux décisions prises sous leur impulsion, manqua fréquemment d’enthousiasme. Ils se heurtèrent à l’opposition de membres du haut clergé condamnés, ou à de fréquentes résistances du clergé du second ordre.

(BASDEVANT-GAUDEMET, p.129)

 

Dans le diocèse de Lyon HUGUES fait régler la dîme et autres taxes pour la vie du clergé.

 

Il cherche à promouvoir des chanoines réguliers, c’est-à-dire soumis à une règle, comme à Saint-Irénée. Mais il se heurte comme son prédécesseur aux chapitres en place (Saint-Just, Saint-Jean, Saint-Paul) qui ne renoncent pas à leur mode de vie séculier.

 

« Le redoutable promoteur de la réforme grégorienne en Gaule », tel est le souvenir que laisse HUGUES à plusieurs auteurs.

 

 

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

- FLICHE Augustin, 1926, La Réforme grégorienne, Revue d’histoire de l’Eglise de France, 12/55, pp.145-167

 

- RONY, 1928, Election de Victor III. Conflit entre le nouveau pape et Hugues archevêque de Lyon, Revue d’histoire de l’Eglise de France, 14/63, pp.145-160

 

- BLOTH Thierry, 2000, Le Curé, pasteur. Des origines à la fin du XXe siècle. Etude historique et juridique

        

- RUBELIN Michel, 2003, Eglise et société chrétienne d’Agobard à Valdès

 

         - BASDEVANT-GAUDEMET, 2006, Eglise et autorités : études d’histoire du droit canonique médiéval, pp.128-130

 

- ARCCIS, De la fondation de Cîteaux à la famille cistercienne

 

- DUMAS Auguste, Hugues de Die, Encyclopédie Catholicisme

 

         - voir les notices sur la primatie des Gaules, sur JUBIN

g.decourt