Relations entre les
Eglises
de Lyon et de
Vienne
Les
relations entre les cités de Vienne et de Lyon, comme entre leurs communautés
chrétiennes, sont très anciennes.
Depuis
l’empereur Auguste (27-14 av.JC) la Gaule est divisée en quatre
provinces :
- une province
« sénatoriale » (Narbonnaise) dont fait partie Vienne, capitale des
Allobroges,
- trois provinces
« impériales » (Lyonnaise, Aquitaine, Belgique) se réunissant à
l’Amphithéâtre des Trois Gaules à Lyon.
L’empereur
Claude (41-54), né à Lyon, dote Vienne d’un sénat.
177
En
177 le martyre à l’Amphithéâtre des Trois Gaules de membres des communautés
chrétiennes de Vienne et de Lyon fait l’objet d’une lettre adressée par ces
deux communautés à leurs frères d’Asie. Est mentionné le nom de Sanctus, diacre
de Vienne. EUSEBE de Césarée présente en ces termes la Lettre des
chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie et de Phrygie :
C’est en Gaule que fut établi le stade des combats que
nous mentionnons. Ses métropoles célèbres, qui l’emportent sur les autres
villes du pays, s’appellent Lyon et Vienne ; elles sont l’une et l’autre
traversées par le Rhône, fleuve qui arrose de flots abondants la région tout
entière. Les illustres Églises de ces cités envoient la lettre que voici sur
leurs martyrs, aux Églises d’Asie et de Phrygie. Voici comment elles racontent
ce qui s’est passé chez elles. Je vais rapporter leurs propres paroles.
Cette lettre commence ainsi :
Les serviteurs du Christ en séjour à
Vienne et à Lyon en Gaule, aux frères d’Asie et de Phrygie qui ont la même foi et
la même espérance que nous en la Rédemption : paix, grâce et gloire de la
part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur.
VIIIè-IXè
siècles
L’évêque de Vienne EOALDE (700-726) construit une
chapelle pour abriter des reliques de saint Maurice qu’il a ramenées d’une
visite à l’abbaye d’Agaune. EUCHER avait écrit après 435 La passion des martyrs d’Agaune, ouvrage dédié à Salvius évêque de
Sion sur les martyres de saint Maurice et ses compagnons au Vème
siècle. C’est en 1251 que le Pape Innocent IV consacre la
cathédrale restaurée et agrandie dédiée à saint Maurice.
BARNARD
(870-842), d’abord marié puis moine de l’abbaye bénédictine d’Ambronay en Bugey
(en 797 ou après 800), est appelé en 810 pour devenir archevêque de Vienne. Il
aurait ordonné AGOBARD évêque coadjuteur de LEIDRADE. Ayant participé à la
déposition de Louis le Débonnaire (833), il est exilé lorsque celui-ci est
rétabli en 835. Il continue de gouverner le diocèse jusqu’à sa mort, mais a
sans doute rejoint son siège en 839. En 837 ou 838, il fonde l’abbaye
bénédictine qui donnera naissance à la ville de Romans-sur-Isère. Il fait
partie du sanctoral lyonnais.
Moyen Age
Les archevêques de Vienne, qui ont titre de comtes,
reçoivent du Pape Calixte II (1119-1124), ancien
archevêque de Vienne (1084-1119), la primauté d’honneur sur les sept provinces du sud de la France
(Aquitaine, Narbonnaise…). Le Pape Grégoire VII avait en 1079 confirmé la
primatie des Gaules au siège archiépiscopal de Lyon.
Au Moyen Age, le chapitre cathédral de Vienne étend
son emprise sur la rive gauche du Rhône, et celui de Lyon sur la rive droite,
avec parfois des rivalités :
- en 1229, s’affrontent les paroisses de Condrieu et de Saint-Clair à
propos du hameau des Roches,
- en 1314, les Viennois prennent le château de Condrieu,
- l’archevêque BRIAND de Lavieu, (1306-1317), qui était chanoine de
Lyon, réussit à arrêter les querelles,
- l’archevêque BERTRAND de la Chapelle (1327-1352), prieur de Cluny,
combat les Lyonnais, le roi de France et le dauphin.
On note qu’en 1444 GEOFFROY VASSIL (1444-1446)
devient archevêque de Vienne et aussitôt, et en même temps semble-t-il,
archevêque de Lyon.
XVIIIè-XXIè
siècles
En juillet 1790, avec la Constitution civile du clergé,
l’archevêché de Vienne est supprimé et intègre le diocèse de Grenoble.
En 1801 le Concordat ne rétablit pas le diocèse de
Vienne.
A la Restauration de 1815 est prévu le
rétablissement des évêchés de Vienne et de Viviers ainsi que de la province de
Vienne comprenant les diocèses de Vienne, Grenoble, Valence et Viviers. En fait
les diocèses de Valence et de Viviers sont rattachés en 1822 à Avignon,
l’évêché de Vienne n’est pas restauré et les évêques de Lyon prennent le titre
d’ « archevêque de Lyon et
Vienne ».
En 1967 une zone pastorale interdiocésaine est
créée qui regroupe des paroisses des diocèses de Grenoble et de Lyon, prises
dans l’archidiaconé Saint-Jean (agglomération lyonnaise) et l’archidiaconé
Saint-Etienne (partie du diocèse de Lyon jusqu’en 1971).
En 1969 est envisagée la création d’un diocèse de
Vienne et La-Tour-du-Pin, comprenant des paroisses des diocèses de Grenoble, Lyon
et Viviers. En 1970 une consultation est organisée qui n’est pas favorable à
cette initiative.
En 2006, la zone pastorale interdiocésaine est
supprimée et le titre d’évêque de Vienne est attribué à l’évêque de Grenoble.
DOCUMENTS
- CHEVALIER, éd.,
1875, Pouillés du Diocèse de
Vienne
- CHEVALIER, éd.,
1889, Cartulaire de l’abbaye
N-D de Bonnevaux au diocèse de Vienne. Ordre de Citeaux
- PIETRI Charles, 1978, Les origines de la mission
lyonnaise : remarques critiques, Les Martyrs de Lyon (177),
colloque international du CNRS, édité par Publications de
l'École Française de Rome, 1997/234 Christiana respublica. Éléments d’une
enquête sur le christianisme antique,
pp. 1165-1185
- voir notice sur
la Lettre
des martyrs de 177
- association Cathédrale Vivante
-
art
médiéval : cathédrale
Saint-Maurice de Vienne
- site du diocèse
de Grenoble-Vienne
- voir notice
sur BARNARD
-
voir notice sur l’érection
du diocèse de Saint-Etienne
g.decourt