musée du diocèse de lyon

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sentence arbitrale rendue entre

l’abbé et le couvent d’Ainay, d’une part,

et les Frères pontifes de Lyon, d’autre part,

au sujet de la nouvelle chapelle du Pont du Rhône

1253

 

 

 

 

 

Nous, B., obédiencier de Saint-Just, et maître Bernard, juge en la curie séculière de Lyon pour le seigneur élu de Lyon, nous faisons savoir à tous ceux qui liront les présents écrits que :

 

Alors qu’un désaccord était survenu entre les religieux Ayglier, abbé, et le couvent d’Ainay, d’une part, et frère Jean, chapelain et maître de la Demeure du Pont du Rhône à Lyon, et les frères de cette Demeure, d’autre part, à ce sujet : l’abbé et le couvent disaient que l’église du pont faite nouvellement construite à la tête du pont l’était ici au préjudice du monastère d’Ainay, pour cette raison que l’église du pont devait être édifiée de l’autre côté du pont, du côté nord,

 

cependant lesdites parties s’en remirent pour un compromis à ce sujet à nous comme arbitres à l’amiable, en prêtant dès lors serment de tenir et observer à jamais notre édit et l’arbitrage à l’amiable.

 

Aussi, ayant reçu le compromis en cette forme, nous proférons l’édit et l'arbitrage à l’amiable selon l’accord desdites parties en ces termes :

 

-      que ladite église reste à jamais au lieu où elle est actuellement ;

-      et que le maître et les Frères du Pont puissent reprendre cette église en murs de pierres et bois de la base au sommet, comme il leur plaira,

-      étant sauf que le maître du Pont est tenu dès lors de donner et fournir à l’abbé d’Ainay douze nouveaux deniers forts de Lyon pour l’antique redevance, qui était due pour le lieu où devait être ladite église ;

-      que nous prescrivons et édictons, en tant qu’auteurs de l’arbitrage et du compromis, que l’antique redevance soit augmentée au-delà des douze deniers, pour le bien de la paix.

 

Nous édictons aussi que le maître et les Frères du Pont puissent édifier, quand ils le voudraient, des demeures et tout ce qu’ils voudraient dans tous les lieux et biens qu’ils détiennent du domaine du monastère d’Ainay autour du dit pont,

étant saufs cependant toujours la propriété des dits biens et les redevances coutumières à ce même monastère, abbé et couvent.

 

Et les dites parties reconnaissent, approuvent et acceptent cet édit et notre arbitrage ou compromis à l’amiable ;

promettant sous serment, prêté pour eux et leurs successeurs, qu’ils conserveront à jamais de manière inviolable cet arbitrage ou compromis à l’amiable, et qu’ils ne lui contreviendront nullement par eux-mêmes ou par un autre, en parole ou en acte, devant la justice ou hors d’elle.

 

Les dites parties renoncent aussi dans cet acte, en pleine connaissance et sous serment, tant au plan canonique que civil, à toutes les actions et exceptions de fait et de dol, au bénéfice de constitution ou restitution intégrale. (*)

 

En témoignage de cela, nous ordonnons chacun d’apposer nos propres sceaux aux présents écrits,

nous B., obédiencier de Saint-Just, et nous B., juge en la curie, aux prières insistantes des parties,

et nous les parties expressément cités, reconnaissant le tout et le détail contenu dans ce compromis comme authentique, et les approuvant en tout.

 

Donné et acté de par l’accord des parties en l’année du Seigneur MCCLIII, au mois de septembre.

 

 

 

 

 

NOTES

 

 

pro domino lugdunensi electo : pour le seigneur élu de Lyon, et non consacré évêque, Philippe de Savoie, qui n’a jamais été ordonné ni prêtre ni évêque

 

Ayglerium : Ayglier, abbé d’Ainay de 1252 à 1268

 

preceptor : traduit ici maître

 

arbitrium seu amicabilem compositionem : arbitrage à l’amiable ou compromis

 

* : traduction incertaine (voir BONJEAN L.B., 1845, Traité des actions ou exposition historique de l'organisation judiciaire et de la procédure civile chez les Romains, vol.2, pp.304sq)

 

 

 

DOCUMENTS

 

-      GUIGUE Marie Claude, 1867, Obituarium Lugdunensis ecclesiae: nécrologe des personnages illustres et des bienfaiteurs de l’Eglise métropolitaine de Lyon du IXè au XVè siècle, pp.198sq

 

-      voir notice sur l’Œuvre du Pont, PHILIPPE de SAVOIE