Ce
qu’on a fait de l’Eglise.
Etude
d’histoire religieuse
Avec une
humble supplique à Sa Sainteté le Pape Pie X
1912
Cet
ouvrage de 554 pages est :
- imprimé à Lyon
(chez A.Rey, rue Gentil),
-
mis
en vente à Paris le 28 février 1912,
-
condamné
par l’archevêque de Paris le 6 mars 1912,
- plusieurs fois
réédité.
Un
avant-propos explique les raisons de l’anonymat « des auteurs ». BRUGERETTE (1938, pp.286-287) parlera d’un seul
auteur qui ne fait pas partie de l’Ecole
de Lyon mais en est proche. De fait, plusieurs rédacteurs de la revue Demain sont cités comme Léon CHAINE ou
le Docteur RIFAUX. On a évoqué l’abbé démocrate Paul NAUDET ou même Léon CHAINE
qui démentait.
La
supplique au Pape figure en tête de l’ouvrage et rappelle que les auteurs sont
soumis à son autorité (ils ont accepté l’encyclique Pascendi de 1907) mais pensent de
leur devoir de catholiques de dire ce qu’ils pensent de la crise que traverse
le catholicisme, français en particulier, et de la manière dont Rome la traite.
L’ouvrage
est savamment argumenté, avec de nombreuses citations. Il aborde la description
de la crise en quatre chapitres :
- La conquête romaine (la montée de l’autorité de Rome),
-
La vie morale et la
vie intellectuelle
(le recours au mensonge, la faiblesse de l’instruction religieuse, la formation
des prêtres, etc.),
-
Instrumenta Regni (les congrégations
romaines, l’Index, le Saint-Office, etc.),
- Le modernisme et la séparation.
Le
diagnostic est sévère. De profondes réformes de l’Eglise sont demandées sur les
plans théologique et organisationnel, surtout après la double condamnation :
- du modernisme en
France, vue comme un refus de prendre en considération les mentalités
contemporaines,
- de la séparation de
l’Eglise et de l’Etat en France, vue comme une confusion du temporel et du
spirituel et une mise sous tutelle des catholiques français.
Cibles
à la fois des anticléricaux pour leur soumission à Rome et des catholiques
intransigeants pour leurs critiques, les auteurs concluent par cette profession
de foi :
C’est parce que nous aimons l’Eglise que nous avons
voulu la défendre. L’Eglise, ce n’est pas la théologie, ce n’est pas simplement
le dogme ; ce n’est pas l’autoritarisme, ce n’est pas simplement
l’autorité. L’Eglise, c’est la masse énorme des « hommes de bonne
volonté » ; plus spécialement, c’est la foule des fidèles qui se
réclament de notre Sauveur adoré.
(p.538).
DOCUMENTS
- BRUGERETTE Joseph,
1938, Le Prêtre Français et la Société
Contemporaine. Sous le régime de la séparation. La reconstitution catholique
(1908-1936)
-
voir
notices sur BRUGERETTE, Léon CHAINE, Docteur RIFAUX, L’Ecole de Lyon et la revue Demain, la mise
en œuvre de la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat dans le diocèse, les mises
à l’Index
g.decourt