Pierre Hector Coullié
1829-1912
Pierre Hector
COUILLE naît à Paris en 1829.
Il est
élève du l’abbé DUPANLOUP au Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet à
Paris.
Il
ordonné prêtre en 1854.
Il est
nommé vicaire de paroisse, entre autres à Saint-Eustache pendant la Commune de
Paris. Il en écrit un livre en 1872 : Saint-Eustache
pendant la Commune : mars,
avril, mai 1871.
En 1876
il est consacré évêque et devient coadjuteur de Mgr DUPANLOUP, évêque
d’Orléans, auquel il succède en 1878.
Sa
devise est Obedientia et dilectio.
En 1893
il est nommé archevêque de Lyon.
Il
inaugure la basilique de Fourvière en 1896.
Il déclare son
hostilité au Congrès de la Démocratie chrétienne qui se tient à Lyon en 1896 en
raison de l’orientation ouvertement antisémite d’une partie du programme et met
en garde son clergé contre ces rassemblements jugés trop politiques pour eux.
Le congrès de 1897, tenu toujours à Lyon, n’aura pas de caractère antisémite et
recevra son soutien.
Dans l’opposition entre
ceux qui pensent que les catholiques sont libres de leur organisation politique
sans en référer à l’épiscopat et ceux qui pensent que face à ce
« laïcisme » ils doivent s’organiser sous l’autorité de l’épiscopat,
le cardinal COULLIE précise au fondateur du Nouvelliste :
En dehors des circonstances où
l’obéissance s’impose, je laisse et laisserai à chaque journal son indépendance
au sujet des questions si délicates et si difficiles qui agitent les esprits.
Evêque et ministre de la Paix, avec le Souverain Pontife, je prie pour l’union
des âmes dans la charité et dans la liberté.
(MAYEUR,
pp.190-191)
L’année
suivante il mettra à nouveau en garde le directeur de La France libre pour son antisémitisme.
En
1897 il est créé cardinal.
C’est
sous son épiscopat qu’est construit le séminaire de Sainte-Foy-les-Lyon.
En
1904 s’opposant au contrôle de l’administration sur les finances des fabriques
(paroisses), il est perd quelque temps son traitement versé par l’Etat.
Diminué
physiquement, il obtient en 1906 que son Vicaire général, Louis DECHELETTE,
devienne évêque auxiliaire.
Il
accomplit de nombreuses visites pastorales et écrit chaque année une Lettre
pastorale de Carême, dont les sujets portent sur des questions de société (le
Travail, 1895, l’Eglise et le droit d’enseigner, 1900, la loi de Séparation et
nos devoirs actuels, 1906) que vie ecclésiale (la Foi, 1897, L’Eglise, 1898,
L’Eucharistie, 1899, les Congrégations religieuses, 1901, le Décalogue, 1902,
ou la Communion fréquente, 1908).
C’est
lui qui obtient du pape Pie X une adaptation du décret promouvant la première
communion dès l’âge de raison : en effet la coutume française est de la
proposer en fin de parcours catéchétique et scolaire vers l’âge de 12 ans
(cérémonie devenue par la suite la « Communion solennelle » pour la
distinguer de la « petite communion » ou « première
communion »).
Il est
un pasteur qui préfère la conciliation et la discussion à la décision
autoritaire. Ainsi tolère-t-il dans son diocèse, malgré les pressions, La Chronique du Sud-Est, Demain. Mais il montre avec netteté les
limites infranchissables, comme lorsqu’il condamne l’antisémitisme de certains.
Comme
tous les autres évêques en France il doit affronter les turbulences du début du
XXème siècle (tensions avec l’Etat, crise moderniste, etc.) mais avec
« prudence » ; il « fait
preuve de grande fermeté dans les paroles mais de beaucoup de modération dans
les actes » (LAPERRIERE, 1973, p.41).
Le 29
juin 1907, à la veille de la condamnation des thèses « modernistes »,
il rappelle les dangers de l’époque et sa crainte que des idées fausses ne
« fassent école » dans son clergé :
Au milieu de l’anarchie qui règne et se généralise chaque
jour, que devient le principe d’autorité ?(…)
La Sainte Eglise est une hiérarchie sainte.(…)
C’est à nos prêtres de conserver le principe d’autorité
comme on conserve un trésor. Il sera, au jour marqué par Dieu, le salut de la
France qui, une fois de plus, devra son salut à l’Eglise catholique.
Une des causes de ce malheur que nous déplorons, c’est
l’orgueil insensé qui s’est emparé de certains esprits. (…) C’est l’ultra-critique pour les questions d’exégèse ; c’est
le modernisme progressiste sur les
questions dogmatiques.
(rapporté par la
revue Demain n°90, qui porte les
idées de l’Ecole de Lyon qui est
particulièrement visée par ces propos)
Il
meurt à Lyon en 1912.
DOCUMENTS
- LAPERRIERE Guy, 1973,
La « Séparation » à Lyon
(1904-1908)
- MERLE Jean 1969, Monseigneur Coullié : Ses prises de position
face aux problèmes politiques et sociaux de son épiscopat
- Voir les notices sur Demain et l’Ecole de Lyon, sur Les Congrès
de la Démocratie chrétienne
- voir sa Lettre à propos de l’encyclique
Gravissimo de Pie X (1906), son Mandement de Carême sur la Situation
présente et ses devoirs (1907)
g.decourt