musée du diocèse de lyon

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Jean-Paul-Gaston Des Pins

1766-1850

 

 

 

 

 

Jean-Paul Gaston Des PINS naît le 8 février 1766 à Castres.

 

Il est ordonné prêtre en 1789, devient par la suite vicaire général de son oncle archevêque de Bourges, s’exile un temps durant la Révolution, revient en 1799 comme évêque de Saint-Pons (Béziers). Le 15 février 1822 il est nommé évêque de Limoges.

 

Sa nomination à Lyon en 1823 appartient à une époque mouvementée de la vie du diocèse.

 

 

 

En avril 1814, avec la chute de son neveu Napoléon, le Cardinal FESCH quitte le diocèse et transfère ses pouvoirs à ses trois vicaires généraux : Courbon, Renaud et BOCHARD.

 

En 1817 le diocèse de Lyon est amputé du département de l’Ain, et l’archevêque d’Albi, Mgr de Bernis, est pressenti pour devenir archevêque de Lyon, le Cardinal FESCH pouvant alors devenir évêque suburbicaire de Rome. Mais celui-ci proteste contre le nouveau découpage du diocèse et refuse de céder son titre. Le 1er octobre 1817 le Pape nomme alors Mgr De Bernis administrateur apostolique et interdit au Cardinal FESCH de s’immiscer dans le gouvernement du diocèse par l’intermédiaire de ses vicaires généraux toujours en place.

 

En 1819 devant une situation toujours aussi peu claire Mgr De Bernis renonce au titre : les vicaires généraux continuent leurs missions.

 

Deux partis s’opposent au sein du diocèse, incarnés d’une part par le curé de Saint-Nizier, l’abbé Besson, et son vicaire Wurtz, qui cherchent à mettre un terme à l’ère FESCH, d’autre part par un vicaire général du Cardinal FESCH, l’abbé BOCHARD.

 

En 1821 l’abbé Besson dans un Mémoire sur l’exercice actuel de la juridiction ordinaire dans le diocèse de Lyon dénonce une gestion du diocèse par des vicaires généraux sans pouvoir. Avec l’appui de la Congrégation des Messieurs il cherche à faire nommer un administrateur apostolique, en la personne de Mgr Des PINS.

 

Le 22 décembre 1823 le nouveau pape, Léon XII, accepte la proposition du Roi Louis XVIII et de son gouvernement de nommer Mgr Des PINS administrateur apostolique du diocèse de Lyon. Celui-ci reçoit le titre d’archevêque d’Amasie. L’abbé Besson est nommé évêque de Metz.

 

Mgr Des PINS demande à Mgr Besson, évêque nommé mais non encore sacré, de prendre en son nom possession du siège : le 7 février 1824 celui-ci est reçu par le Chapitre et le vicaire général BOCHARD, qui lui signifie son amertume et annonce son retrait dans son pays natal à Poncins dans l’Ain.

 

Le 18 février 1824 Mgr Des PINS arrive à Lyon.

 

Le 28 février il sacre évêque Mgr Besson en l’église Saint-Nizier.

 

Dans son premier mandement il ne fait aucune allusion au cardinal FESCH, dont il fait remplacer au canon eucharistique (cum Antistite nostro…) la mention du prénom par celle du sien.

 

Il nomme ses propres vicaires généraux : BAROU, curé de Saint-Pierre de Montbrison, Cholleton directeur du Grand Séminaire et aumônier de la Congrégation, Recorbet, proche de la Congrégation qui meurt en 1825 et qu’il remplace par l’abbé Simon CATTET, grand vicaire de Viviers et professeur au Séminaire Saint-Irénée.

 

En 1825 il fait chanoine titulaire l’abbé LINSOLAS qui avait animé le diocèse durant la Révolution et que le Cardinal FESCH avait refusé d’aider durant son exil.

 

En 1827, il publie les nouveaux Statuts synodaux du diocèse et en annexe ceux édictés par ses prédécesseurs : Malvin De Montazet (1760-1761), De Tencin (1756), De Saint-George (1705), Camille De Neuville (1663, 1687), Duplessis De Richelieu (1631), De Marquemont (1614), D’Epinac (1577), D’Albon (1565), De Tournon (1560), De Bourbon (1466), De Villars (1298) et De Tourette (1286).

 

Le 15 janvier 1828 il est nommé Pair de France.

 

Son gouvernement, et celui de ses vicaires, continue d’être l’objet des critiques du parti de FESCH. Selon les sources, ses actes sont donc diversement appréciés. On peut citer quelques événements de cette période :

 

-      En 1828 Mgr Des PINS s’oppose au Gouvernement pour défendre les petits séminaires.

-      En 1829 le nouveau Pape Pie VIII ne parvient pas, lui non plus, à faire renoncer le Cardinal FESCH à son titre. Certains souhaitent un renversement du régime « carliste », qui a lieu de fait en 1830, ainsi qu’un changement à la tête du diocèse.

-      Le 28 juillet 1830, Mgr Des PINS, qui avait refusé les archevêchés de Bordeaux et de Toulouse, est confirmé dans sa fonction par un bref pontifical.

-      En 1831 il se réjouit du retour à l’ordre après la première révolte des Canuts.

-      En 1834 il soutient des prêtres sympathisants de la seconde révolte des canuts.

-      La même année il défend la Maison des Chartreux convoitée par le Gouvernement pour en faire un fort militaire.

-      Le 1er janvier 1938 il édicte Le Cérémonial de la sainte Eglise de Lyon qui restaure l’ancien culte lyonnais ; il avait cherché sans succès à réaffirmer, à Rome et à Paris, la primatie de Lyon que le Pape Pie VII avait supprimée.

-      Le 22 avril 1939 il publie le Règlement des Hospitaliers de la Ville de Lyon.

-      Il a sans doute mené une certaine reprise en main du clergé : pour 847 ordinations entre 1824 et 1840, on compte 415 sorties du diocèse pour divers motifs.

-      Il appuie les initiatives de la Congrégation, du clergé diocésain avec par exemple les prêtres missionnaires des Chartreux, et la fondation de paroisses : une quarantaine dans les communes rurales, Saint-Pothin et Saint-Charles-de-Serin sur Lyon.

-      Sous son mandat, ont lieu la réinstallation des Jésuites à Lyon en 1832 et des Capucins en 1833, la création de 9 établissements des Frères des Ecoles Chrétiennes et de nombreuses écoles tenues par les religieuses de Saint-Charles ou de Saint-Joseph, la création d’une vingtaine de providences et de refuges de jeunes filles avec leurs ateliers, et la fondation de nombreuses congrégations religieuses féminines et instituts missionnaires comme d’ailleurs en beaucoup de diocèses de France.

 

En 1839, à la mort du Cardinal FESCH, le 13 mai, il refuse de célébrer un office solennel à sa mémoire.

 

Le 18 juin, le Chapitre le choisit comme administrateur capitulaire, fonction qu’il refuse car il estime être toujours l’administrateur apostolique du diocèse : ni Rome ni le gouvernement de Louis-Philippe ne le soutiennent dans ce conflit.

 

Le 14 juillet 1839, il est démis de sa fonction d’administrateur apostolique.

 

A l’arrivée de Mgr De BONALD, début 1840, il se retire à la Grande Chartreuse. La passation de pouvoirs ne se déroule pas de façon très harmonieuse.

 

Le 28 avril 1840 le Pape Grégoire XVI lui adresse une lettre de remerciement pour la mission accomplie durant toutes ces années.

 

Malade il revient sur Lyon où il décède en 1850.

 

 

 

… le catholicisme dans le diocèse montrait un visage particulièrement dynamique et ce, depuis le début du siècle : les missions de l’abbé Linsolas avaient empêché l’interruption de la vie religieuse pendant la Révolution ; le travail de réorganisation des paroisses et de réinstallation de certains ordres religieux, s’était effectué de manière efficace, (…) ; les laïcs de la Congrégation avaient restauré des œuvres anciennes et créé des œuvres nouvelles, assurant la formation religieuse des plus jeunes et la visite des plus démunis. De plus, sous l’épiscopat de Mgr de Pins, les « Chartreux de Lyon », dont la société avait été créée dès 1816, avaient intensifié leur œuvre de mission et de retraite alors que les congrégations religieuses s’étaient multipliées. Quant aux prêtres dont le nombre avait fortement augmenté dans la première moitié du XIXe siècle, ils s’étaient attachés, dans leur diversité, aussi bien à sanctifier leurs paroisses en imitant le curé d’Ars, nommé dans un village du diocèse voisin de Belley, qu’à faciliter la formation religieuse des enfants, en créant des congrégations religieuses enseignantes ou à améliorer l’accueil des fidèles en construisant de nouvelles églises ou, pour certains curés des villes, en fondant une nouvelle paroisse. Mgr de Bonald poursuivit l’œuvre de son prédécesseur en essayant d’améliorer la formation de ses séminaristes et de ses prêtres…

(MAS, 1ère partie, conclusion)

 

 

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

-      MAS Gabriel, 2007, Le cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870), thèse en histoire, Université Lyon 2

 

-      BAROU Joseph, 2013, Un grand vicaire de Lyon originaire de Chalmazel : Jean-Joseph Barou (1772-1855), forezhistoire

 

-      LATREILLE André, 1944, Un épisode de l'histoire religieuse de la Restauration. La question de l'administration du diocèse de Lyon, 1814-1839, Revue d'histoire de l'Église de France, 30/117, pp. 54-93

 

-       voir notices sur Mgr MIOLAND supérieur des Chartreux, Jean-François CATTET frère de Simon, Claude BOCHARD, mandement du jubilé de 1833

 

 

g.decourt