abbaye de la Joug-Dieu
1115
En 1115 Guichard III a le projet de transformer
l’une de ses maisons située à Thamais, sur la rive droite de la Saône près de
Villefranche, en monastère où l’on priera pour le repos de son âme et celles
des siens.
Les premiers moines viennent de
l’abbaye bénédictine de Tiron dans le diocèse de Chartres, qui vient d’être
fondée par Bernard de Ponthieu, selon une stricte observance de la Règle de
saint Benoît.
Dans la charte de fondation, qui porte
la date de 1118, Guichard évoque un songe, selon l’habitude du temps (MERLET,
1854) :
Une nuit,
dit-il, étant seul dans mon appartement de Thamais, j'eus la vision suivante :
six vénérables hommes, tout resplendissants de lumière, m’apparurent, ayant des
jougs à leur cou et tirant une charrue, sur laquelle était appuyé le saint
homme Bernard, abbé de Tiron, un aiguillon à la main, avec lequel il les
piquait pour leur faire tracer un sillon droit. A mesure qu'ils avançaient, je
voyais sortir de terre des fruits en abondance. Après avoir longtemps songé à
cette vision, j'allai trouver l’abbé Bernard, à qui j'offris ce même lieu de
Thamais, avec ses dépendances, pour y mettre des hommes qui, sous le joug du
Seigneur, prieraient continuellement pour moi et les miens, ce qu'il m'accorda
volontiers. Et pour conserver la mémoire de la vision dont je viens de parler,
je veux que ce monastère s'appelle le Joug-Dieu.
En 1137 le monastère prend le nom
d’abbaye Sainte-Marie- de-Joug-Dieu.
L’abbaye devient rapidement prospère
grâce aux revenus des biens donnés par son fondateur.
En 1160 l’abbaye fonde le prieuré de
Seillon dans la Bresse, qui en 1168 rejoint le tout nouvel Ordre des
Chartreux ; le prieuré de Montmerle passe alors de la dépendance du
prieuré de Seillon à celle de l’abbaye de Joug-Dieu. En 1210 le prieuré de
Montmerle rejoint avec l’approbation du Pape celui de Seillon dans l’Ordre des
Chartreux. Comme l’abbé contestait cette décision, c’est l’archevêque de Lyon,
RENAUD de Forez, qui parvient en 1220 à concilier les deux parties : le prieuré
devient chartreuse et ses dépendances reviennent à Joug-Dieu.
Pour asseoir ses revenus, l’abbaye est
autorisée à acheter des propriétés en Beaujolais ; ainsi l’abbé détient-il
en 1231 la seigneurie d’Azolette et en 1239 la haute justice.
Pendant la Guerre de Cent Ans et les
Guerres de Religion l’abbaye voit ses revenus et le nombre de ses moines
diminuer. Bientôt ceux-ci doivent abandonner l’abbaye qui est gérée par des
abbés occupés à d’autres charges ecclésiastiques ou politiques et bientôt
commendataires (non-résidents).
En 1688 (1687) l’abbaye est réunie au
Chapitre de la Collégiale de Villefranche (Notre-Dame des Marais) et par cet
acte est « sécularisée ». Il faut attendre plusieurs décennies pour
que les conflits d’intérêts entre les parties s’apaisent avec l’accord du Roi,
du Pape et de l’Archevêque de Lyon.
A la Révolution les bâtiments sont vendus
comme biens nationaux. En 1851, ils sont détruits. Demeurent à quelques lieues,
sur la commune actuelle de Crèches, l’ancien hospice qui servait de gite aux pèlerins
de Saint-Jacques.
DOCUMENTS
- MERLET Lucien, 1854, Chartes
fausses de l’abbaye de la Trinité de Tiron, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 15
pp.516-527
- MICHAUD Philippe, 1863, Histoire
du Beaujolais au XIIè siècle
- BALLOFFET Joseph, 1904, L'Abbaye
royale de Joug-Dieu près Villefranche-en-Beaujolais 1115-1738
- voir notices sur les
routes et sites jacquaires, sur les
chartreuses dans le diocèse de Lyon
-
site de la mairie d’Arnas,
historique
m.philippon