Association
de la Propagation de la Foi
1822-1827
Les
premiers numéros des Annales de
l’Association de la Propagation de la Foi font le récit de la structuration
progressive de l’œuvre. L’orthographe originelle a été conservée.
Lyon
et Paris
L'Association
de la Propagation de la Foi compte à peine une année d'existence, et déjà elle
a été favorisée des grâces les plus précieuses du Seigneur. Fondée d'abord dans
la seconde ville de France, où elle compte un nombre considérable d'associés,
elle s'est étendue rapidement dans les Provinces voisines ; et bientôt la
Capitale, jalouse de participer à cette belle œuvre, a vu le Conseil supérieur
de l'Association se former dans son sein, composé des personnages les plus éminens par leur rang, leurs lumières et leur piété. Dès
lors on a dû espérer des succès dignes d'une si noble entreprise.
(1823 n°2)
Les Associés
ont déjà appris avec le sentiment d’une joie chrétienne que le saint Pontife
Pie VII avoit été instruit de l'existence de l'œuvre
peu de mois après sa formation. Il leva sur elle ses mains vénérables, et
appela sur ses membres avec toute l'autorité dont le Ciel l’avoit
revêtu, les bénédictions d'en haut. Ç'a été une de ses consolations avant de
mourir, de voir la France dont la vocation naturelle semble être d'éclairer les
autres nations, et la ville de Lyon si chère à son souvenir entre toutes les
autres villes du royaume très-chrétien, cette cité pieuse qu'il aimoit à appeler la Rome de la France, donner naissance à
une institution qui n'embrasse pas moins que le genre humain tout entier dans
le but qu'elle se propose, et à laquelle, à ce titre, la Rome de l'univers devoit applaudir.
(1824 n°3)
Adresse
au Pape Pie VII
A Notre T.S. Père le Pape Pie VII
Très-Saint
Père,
Une
Association pieuse de prières et d'aumônes a été fondée en France, l'année dernière,
en faveur de l'œuvre, si utile à l'Eglise et si glorieuse à Dieu, des missions
étrangères. Votre Sainteté, informée de son existence par un de ses membres, a
daigné accorder à cette œuvre naissante sa sainte bénédiction. Une protection
visible de Dieu a favorisé les commencemens de cette
association et elle compte déjà dans le diocèse de Lyon où elle a été fondée,
un très-grand nombre de souscripteurs. Elle s'est établie depuis dans le
diocèse d'Avignon, et répandue dans plusieurs villes de France. Elle s'étend
partout, sous les auspices des Supérieurs ecclésiastiques et Mgr le grand
Aumônier de France en a accepté la présidence.
Pour mettre
leur œuvre plus particulièrement encore sous la protection du Ciel, dont ils
attendent tous leurs succès, et pour se voir attachés par un lien de reconnoissance, comme ils le sont déjà par un lien de
soumission, au Saint-Siège apostolique, les associés osent adresser leur prière
à votre Sainteté en la conjurant d'ouvrir en leur faveur ce trésor des
indulgences déposé entre ses mains et qu'elle ouvre, selon les temps et les
besoins, pour le salut des fidèles que Notre-Seigneur lui a confiés.
L'Association
de la Propagation de la Foi, établie en France, supplie donc humblement votre
Sainteté de daigner accorder à chacun de ses membres :
1.° L'indulgence
plénière le jour de la fête de l'Invention de la sainte Croix, 3 mai, jour
auquel a été fondée l'Association dans la ville de Lyon, en l'année 1822.
2.° L'indulgence
plénière, le 3 décembre , jour de la fête de saint François Xavier, que
l'Association a choisi pour son patron.
3.° L'indulgence
plénière, une fois chaque mois, le jour que choisira chaque associé pourvu
qu'il ait récité tous les jours du mois les prières de l'Association.
4.° Une
indulgence partielle, chaque fois qu'on récitera les prières de l'Association.
5.° Une
indulgence partielle, chaque fois qu'on remettra son aumône pour les missions.
6.° Une
indulgence partielle toutes les fois qu'un membre assistera à une assemblée
tenue pour l'objet de l'Association.
Toutes
lesquelles indulgences votre Sainteté est suppliée d'accorder applicables aux
âmes du purgatoire.
L'Association
de la Propagation de la Foi attend avec confiance et respect la part que lui
réserve votre Sainteté dans les dons de sa sainte munificence. Elle vous
supplie d'agréer les vœux qu'elle offre au Ciel pour la prospérité de votre
Sainteté et de l'admettre au baisement de vos pieds sacrés.
Rome, 5 mars
1823.
C’est le Cardinal secrétaire d’Etat
qui présente cette lettre au Pape lors de l’audience du 15 mars 1823. Daté du
même jour un rescrit du Pape accorde les indulgences souhaitées.
(voir texte du rescrit du 15 mars 1823
sur les indulgences)
Implantation
dans les diocèses de France
La « présidence
perpétuelle »de l’association, pour lui donner une assise forte dans le
royaume de France, est confiée au Grand Aumônier de France, le prince de Croy, évêque de Strasbourg.
Celui-ci est invité par le Conseil
supérieur à appuyer l’association auprès des évêques du royaume. Après avoir
reçu l’aval du Roi, il envoie à chaque évêque une lettre datée du 18 août 1823
pour lui présenter l’association et lui demander d’en favoriser l’implantation
dans son diocèse.
Deux Conseils centraux, celui du Nord
à Paris, celui du Midi à Lyon, recueillent les fonds transmis à un Conseil
supérieur qui en assure la répartition.
Dès la fin de l’année 1823 existent
des conseils de l’association dans plusieurs diocèses dont : Autun, Avignon,
Belley, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Le Mans, Marseille, Metz,
Montpellier, Moulin, Nancy, Nantes, Nîmes, Rouen, Valence…
Asie
et Amérique
Les
premières aides sont versées aux Missions de la Presqu’ile au-delà du Gange et de la Chine,
aux diocèses de La Nouvelle-Orléans (Louisiane), Bardstown (Kentucki)
et Cincinnati (Ohio), au séminaire de
Mont-Sainte-Marie de Baltimore, à l’église de
Babylone, aux Missions étrangères de Paris pour les frais de voyage des
missionnaires.
Dans
les 6 premiers numéros des Annales
sont publiées nouvelles et remerciements, à travers les lettres des
missionnaires, évêques et prêtres, provenant de la Chine, du Tong-king, de la Cochinchine, du Siam, des Malabares, de l’Ile
de Java, de La Louisiane, du Kentucki.
Chaque année sont publiés les
comptes : versements et répartition entre les missions.
DOCUMENTS
- Annales de l’association de la Propagation de la foi,
o
1827, n°1-6
de 1823 à 1825 réunis en 1 volume
o
1833,
volume
6
o
1866,
tome
38
- Les Missions catholiques, 1869, revue, recension
VACHEZ Adolphe, 1883, Une publication périodique lyonnaise. Les Missions catholiques, Revue
lyonnaise, pp.168-174
- ESSERTEL, Yannick, 2001, L’Aventure
missionnaire lyonnaise (1815-1962) : de Pauline Jaricot
à Jules Monchanin. Résumé :
Au début du
XIXe siècle, le renouveau missionnaire du diocèse de Lyon [départements de la
Loire et du Rhône] doit beaucoup à l'Œuvre de la propagation de la foi fondée
par Pauline Jaricot en 1822. Les Annales publiées par
cette œuvre ont entretenu un climat de ferveur qui a favorisé l'éclosion de
centaines de vocations missionnaires, dont près de la moitié sont issues du
monde rural. Ce fut la pépinière des congrégations nées dans le diocèse - Pères
maristes, Frères maristes des écoles, Frères du Sacré-Coeur,
Société des missions africaines, Sœurs de Jésus-Marie, Sœurs missionnaires de
Notre-Dame-des-Apôtres... L'ouvrage de Yannick Essertel
s'inscrit dans le renouveau des études menées ces dernières années concernant
l'expansion du christianisme. Outre la précocité du mouvement missionnaire
lyonnais, il révèle l'existence de multiples réseaux familiaux qui facilitèrent
les vocations religieuses, en synergie avec les paroisses, les écoles
congréganistes, les séminaires. En un siècle et demi, deux mille prêtres,
frères et religieuses essaimèrent sur tous les continents. Leur apostolat
multiforme illustre un certain mode d'insertion du message évangélique dans les
cultures les plus diverses.
-
DREVET Richard, 2002, Laïques de France et missions catholiques au
XIXème : l'Œuvre de la Propagation de
la Foi, origines et développement lyonnais (1822-1922), thèse de doctorat de l’Université Lyon 2. Résumé :
En 1822,
l'Église de France poursuit sa restauration diocésaine alors que, dans le même
temps, des prélats d'Amérique parcourent le pays à la recherche de ressources
financières. C'est une secrète Congrégation lyonnaise de piété, aux relations
privilégiées avec ces évêques étrangers, qui entreprend de subvenir à leurs
besoins en érigeant l'Œuvre de la Propagation de la Foi, organisant à grande
échelle la souscription populaire - le sous hebdomadaire des missions - initiée
par Pauline Jaricot. Très rapidement, la riche
Association en vient à financer l'expansion globale du catholicisme dans le
monde. Bien que laïque, elle doit recevoir la caution du Saint-Siège. Dès lors,
son développement dans le siècle devra prendre en compte le croissant intérêt
missionnaire de Rome. Au niveau local (Lyon), l'étude montre la dépendance de
l'Œuvre vis à vis de l'encadrement ecclésiastique paroissial, mais elle mesure
aussi la vitalité religieuse d'une micro-société de
notables monarchistes. Par ce biais, l'Association missionnaire intègre un
processus complexe d'identification sociale. Par ailleurs, l'élaboration et la
diffusion d'une littérature édifiante (Annales, Missions Catholiques etc.)
confèrent aux laïques le pouvoir de mettre en scène la Mission et d'en
contrôler les représentations, quand la répartition des fonds récoltés aux
diverses missions du globe leur assure une autorité concrète sur les Églises
d'outre-mer. L'étude met ainsi en lumière leur détermination à rayonner sur
l'univers catholique. Or, l'histoire missionnaire rend parallèlement compte de
l'intensification des processus de centralisation pontificale et de
cléricalisation de l'appareil ecclésial. Finalement, le transfert à Rome de la
direction de l'Association, en 1922, sous le contrôle de la Congrégation De Propaganda Fide, met un terme aux revendications
d'autonomie des notables de Lyon et annihile leur autorité sur le processus
missionnaire.
- site des O.P.M. Fondateurs
- voir notice sur Pauline
Marie JARICOT
g.decourt