Semaine religieuse
1893
LETTRE
CIRCULAIRE
DE
MONSEIGNEUR
L'ARCHEVÊQUE DE LYON
A
SON CLERGÉ
Traitant la
question de la « Semaine religieuse du diocèse »
Messieurs et chers
coopérateurs,
En
prenant possession du siège primatial de saint Pothin et de saint Irénée, notre
désir a été de conserver et d'augmenter encore, s'il est possible, l'esprit de
famille qui est l'honneur de notre clergé et la consolation de vos archevêques.
Plusieurs
moyens se présentaient pour atteindre ce but. Il y a en premier lieu la visite
fréquente des paroisses ; devoir bien doux à vos évêques. Mais la vaste étendue
du diocèse, en nous obligeant à des visites plus rares, diminue l'efficacité de
ce premier moyen. Nous voyons en second lieu la régularité de rapports
semestriels sur les paroisses, envoyés par MM. les curés à l'archevêque. Mais
la multiplicité de nos paroisses rend ce travail difficile. Interrogeant alors
l'expérience d'un grand nombre de nos vénérés collègues, nous avons pensé à
utiliser la Revue hebdomadaire du diocèse
; et nous venons, chers Messieurs, vous communiquer à ce sujet notre dessein et
nos décisions.
Tout
d'abord, il est nécessaire que l'administration archiépiscopale ait à sa
disposition un organe étranger à toutes les préoccupations politiques, et lui
permettant de faire connaître au clergé et aux communautés religieuses
certaines communications qui ne réclament pas la formalité d'une lettre
spéciale. Il y a, et il y aura toujours, sans doute, les documents importants
envoyés à part, avec la solennité que réclament les enseignements et les
directions de l'archevêque. Mais combien de circulaires ou d'avis utiles peuvent
parvenir au clergé, par une voie qui simplifie considérablement les travaux
déjà si compliqués du secrétariat, économise un temps précieux, et permet
d'appliquer à nos œuvres une part de la dépense affectée aux impressions
officielles !
Après
ce premier avantage de cette combinaison qui facilite à l'archevêque et à son
administration les rapports avec tous ses prêtres, il faut en signaler un
second qui atteint les prêtres et les fidèles eux-mêmes. Qu'est-ce, en effet,
qu'un diocèse, chers Messieurs ? Nous empruntons à Mgr l'évêque de Chartres la
réponse à cette question. Mgr Lagrange, traitant le même sujet avec ses
prêtres, leur écrivait :
« Un
diocèse n'est pas une juxtaposition de paroisses sans liens entre elles : c'est
une coordination de paroisses, un ensemble, un tout ; et la vie paroissiale a
son expansion naturelle et nécessaire dans la vie diocésaine. Il faut donc que
tous, prêtres et fidèles, vivent d'une vie commune, et par conséquent sachent
ce qui se passe dans toute la famille, ce qui advient des uns et des autres,
afin de pouvoir s'édifier et s'encourager mutuellement. « (Voix de Notre-Dame de Chartres, mai
1890.)
Oui,
un diocèse si vaste qu'il soit, est une famille dans laquelle toutes les joies
et les tristesses sont communes entre les prêtres et les vrais fidèles. Chaque
paroisse, comme un membre de la grande famille, apporte sa part d'intérêt et
d'édification ; et la famille ne trouve sa vie parfaite que si la communion des
idées et des sentiments est absolue entre toutes les parties du diocèse. Nous
n'hésitons pas à reconnaître qu'il y a d'admirables moyens pour opérer cette
union, et nous ne les négligerons pas. Mais il nous a semblé qu'une Revue
religieuse s'alimentant par les envois de toutes les paroisses, et signalant
semaine par semaine les événements accomplis ici et là, aiderait puissamment à
l'œuvre que nous avons en vue. Nous la voyons, cette Revue, captant pour ainsi
dire les eaux de sources nombreuses, ou concentrant dans un seul foyer tous les
rayons du zèle sacerdotal, répandre ensuite dans toutes les paroisses son
action bienfaisante, et porter partout la fraicheur de la Piété et les ardeurs
de la foi. Dès lors, il n'est pas une paroisse, pas une communauté religieuse
qui ne s'intéresse à cette vie générale de la famille. C'est un échange de
prières et d'actions de grâces qui ne peuvent manquer d'attirer sur nous les
bénédictions de Dieu ; et nous pouvons dire sans exagération, que nous
réalisons, dans une certaine mesure, la pensée du Roi-Prophète : Ecce quam bonum et quam jucundum habitare
fratres in unum !
A
ces premiers avantages déjà considérables, vient s'ajouter un avantage précieux
au point de vue de l'administration générale et de l'histoire du diocèse.
Si
un peuple heureux n'a pas d'histoire, un diocèse heureux a des annales. Nous
conservons à Lyon, avec une légitime fierté, les traditions de nos martyrs.
Pourquoi n'aurions-nous pas les annales des temps présents ? Pourquoi chaque
paroisse n'aurait-elle pas des archives diocésaines gardées soigneusement ? Ce
qui peut être difficile en collectionnant des feuilles éparses, devient facile
avec une Revue religieuse telle que nous la comprenons. Elle publie non
seulement les actes épiscopaux, mais les encycliques et documents pontificaux,
les décisions des congrégations romaines, les questions de droit et de
jurisprudence, la biographie des prêtres défunts, les traits édifiants,
l'histoire des paroisses. Une table détaillée des matières, jointe à chaque
volume, permet de retrouver sans difficulté les pièces que l'on recherche. Dans
certains cas, l'autorité diocésaine n'aura qu'à renvoyer à tel volume, telle
page de la publication, pour rappeler des mesures déjà prises et des décisions
déjà données. Que de trésors actuellement perdus qui eussent été conservés, si
nous avions possédé depuis longtemps un recueil de ce genre !
Vous
connaissez, chers Messieurs, le comité qui préside à la rédaction de notre Semaine religieuse. Composé de tous les
éléments qui représentent les intérêts du clergé diocésain, il est très digne
d'inspirer toute confiance. Nous avons reçu déjà plusieurs fois MM. les membres
de ce comité, et nous n'avons pas hésité, en constatant leur dévouement, à les
remercier pour le passé et à les bénir pour l'avenir.
Si
nous désirons que la Semaine religieuse
soit un lien de famille dans le diocèse, nous vous demandons à tous, chers
Messieurs, dans la mesure du possible, le concours de votre collaboration à
cette œuvre qui doit être la vôtre.
Et
voici dans quel sens nous entendons ce mot :
MM.
les archiprêtres ou curés des paroisses plus importantes, peuvent envoyer à la Semaine les annonces des cérémonies
particulières qui doivent avoir lieu dans leurs paroisses, les détails des
principaux offices, prédications, réunions d'œuvres, etc.
Dans
plusieurs diocèses, qui nous ont précédé dans cette organisation, chaque
conférence a désigné pour le canton le prêtre chargé de recueillir ou de faire
lui-même les communications.
Pourquoi
les prêtres instruits, si nombreux dans ce diocèse, ne rendraient-ils pas à
leurs confrères le service de leur signaler, par des comptes rendus publiés
dans la Semaine religieuse, les
ouvrages qui doivent être lus ou au moins connus par le clergé, pour qu'il soit
tenu au courant du mouvement des idées à notre époque ?... etc., etc.
Nous
avons entendu parfois certains correspondants de nos Semaines religieuses se plaindre de ce que les articles rédigés par
eux n'étaient pas toujours intégralement reproduits. Sur ce point délicat et
important, nous demandons à nos prêtres confiance et désintéressement
personnel. Le bien général réclame parfois des modifications qui ne sont pas
une censure, mais une nécessité qui s'impose à la Rédaction.
Le
vrai seul est aimable, et nous ajouterons : le vrai seul est utile. La
simplicité, la précision, avec le charme que leur apporte la piété, édifieront
toujours mieux les fidèles que les phrases sonores et emphatiques. Nous
désirons que ce caractère de vérité et de simplicité soit le cachet très
spécial de la Semaine religieuse du
diocèse de Lyon. Si Dieu peut en retirer un peu de gloire et les âmes quelque
profit, vos confrères qui se dévouent à cette œuvre se trouveront généreusement
récompensés.
Enfin,
chers Messieurs, il nous semble entendre quelques prêtres dire que c'est vous
entretenir bien longtemps d'une chose en apparence bien simple et qui, il est
vrai, aurait pu se résumer en deux mots.
Quand
nous nous rappelons les enseignements de Léon XIII au sujet de la bonne presse,
nous ne regardons pas comme de peu d'importance une œuvre, modeste il est vrai,
mais destinée à répondre aux désirs du Saint-Père. Si nous la comprenons bien,
si nous intéressons les fidèles à la diffusion de cette Semaine religieuse, elle ira dans les familles porter la bonne
nouvelle, favoriser l'instruction chrétienne et sanctifier les âmes. Nous
admirons les prêtres vaillants ou les catholiques fidèles qui fondent,
soutiennent, rédigent les journaux religieux défenseurs des intérêts de
l'Eglise et, par le fait, gardiens des intérêts de la Patrie ; mais nous
encourageons sans hésiter les publications plus modestes qui, sous mille
formes, apportent à l'apostolat la part de leur dévouement. C'est vous donner
le vrai sens de cette lettre et de l'importance que nous attachons à une œuvre
qui, parce qu'elle est diocésaine, nous est très spécialement chère.
En
conséquence :
1° A
partir du 1er décembre 1893, la Revue
hebdomadaire paraîtra sous le titre de Semaine
religieuse du diocèse de Lyon. Ce nom la désignera mieux à l'attention des fideles.
2°
Elle publiera sous le titre de : Partie
officielle, tous les actes épiscopaux, avis, prescriptions diverses de
l’autorité diocésaine. Dans plusieurs circonstances nous ne ferons pas d'autre
expédition de nos actes épiscopaux ; par le fait de leur insertion dans la Semaine religieuse ils devront avoir
leur plein et entier effet.
3°
Le conseil qui préside à la rédaction et à l'impression de la Semaine religieuse, n'a pas hésité à entrer dans nos vues en
augmentant, par une combinaison typographique, la contenance de chaque numéro
et en abaissant à la somme de 6 francs l'abonnement annuel.
4° A
partir du 1er décembre prochain, toutes les paroisses et communautés
religieuses qui ont un aumônier, recevront un abonnement à la Semaine religieuse. Dans les paroisses,
l'abonnement sera adressé à M. le curé pour la Fabrique, et le prix en sera
inscrit ou budget.
5°
Dans nos visites pastorales nous demanderons à voir la collection de la Semaine religieuse.
Nous
vous renouvelons, Messieurs et chers coopérateurs, l'assurance de notre
respectueuse et profonde affection.
Lyon, le 17 octobre
1893.
† PIERRE, Archevêque de Lyon et de Vienne.
Le Comité de la Semaine Religieuse
Il
se réunit chaque mardi à l'Archevêché, sous la présidence de M. le vicaire général
Ollagnier. Il compte comme membres M. le vicaire
général Dadolle ; M. l'abbé Condamin,
professeur aux Facultés Catholiques ; M. l'abbé Petit, aumônier de l’Œuvre des
Cercles Catholiques ; M l'abbé Penel, directeur au
pensionnat des Chartreux ; M. l'abbé Nitellon, curé
de Sainte-Blandine, rédacteur de la Chronique Diocésaine ; M. l'abbé Leistenschneider, de la maison des Chartreux, rédacteur en
chef.
Conseils pratiques relatifs aux
communications.
Puisque
nous parlons des communications qui nous seront adressées, qu'on nous permette
de reproduire ici les conseils aussi brefs que pratiques donnés récemment à ses
correspondants par un journal américain :
1°
Quoi que vous vouliez adresser à un journal, faites vite et envoyez de même :
ce qu'on remet à demain, est exposé à n'être jamais.
2°
Soyez bref, vous épargnerez le temps du lecteur et quelquefois le vôtre. Ayez
pour devise : Des choses et non des mots;
des faits plus que des réflexions.
3°
Soyez clair, écrivez lisiblement. Soignez surtout les noms propres et les
chiffres. Ne mettez pas hier ou aujourd'hui : mettez le jour ; ou
mieux la date.
4°
Multipliez les alinéas, vous ferez le bonheur du metteur en pages. Faites vos
phrases courtes, vous ferez celui du lecteur. Mettez plus de points que de
virgules, mais n'oubliez ni les uns ni les autres.
5°
Ne surchargez jamais ni un mot ni un nombre. Raturez et écrivez plus loin, ou
au dessus, le mot douteux.
6° Essentiel. N'écrivez jamais, jamais, que
sur un côté de la page. Cent lignes écrites sur le recto, séparées en vingt parties et remises à vingt ouvriers, se
composent en sept minutes. Cent lignes écrites sur le verso et recto ne peuvent
plus être confiées qu'a un seul compositeur et demandent plus de deux heures.
DOCUMENTS
- Semaine
religieuse du diocèse de Lyon, 1894
- voir les notices sur le fondateur
de la première Semaine religieuse
(H.HOURS) et les différentes
formules (H.HOURS)