musée du diocèse de lyon

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statuts de l’Eglise de Lyon

1166-1181

 

 

 

 

 

Les statuts à la signature de Guichard de Pontigny reprennent en partie l’introduction du De divina psalmodia de AGOBARD qui réfutait les réformes de AMALAIRE pour revenir aux écrits des Pères de l’Eglise de Lyon, en particulier ceux de LEIDRADE ; ce qui pourrait expliquer, par exemple, des défauts de construction grammaticale et des approximations dans les citations bibliques.

 

 

 

GUICHARD

AGOBARD

 

 

Commencement des statuts de l’Eglise de Lyon et de l’ordonnancement de ses offices.

 

Nous G. humble ministre de la Province de Lyon et tout le Chapitre de cette Eglise

à tous,

pour toujours.

 

Il arrive à longueur de temps que la connaissance des belles actions sorte facilement de la mémoire des hommes, si celles-ci ne sont mises par écrit.

 

Puisque par sottise de beaucoup et négligence de tous ou de plusieurs, usant de la calomnie, du mépris et de la moquerie, ils ne cessent de faire jaillir avec méchanceté la bêtise et le malheur de cœurs pervers et de volontés détestables, en des mouvements détestables aux mauvaises manières, comme on dit, et de disséminer sans égard et sans interruption le très vicieux poison de leur folie dans les cœurs indolents des sots, ils s’attachent et s’appliquent à rejeter et abandonner la manière des anciens Pères instituée dans l’Eglise de Lyon ; de plus ils abandonnent l’ordre très saint de l’Eglise de Lyon et la règle éditée par SS. PP. et établie dans l’Eglise de Lyon, confirmée par serment, comme nous la trouvons écrite dans le livre des canons, comme on l’appelle en langage courant, langage employé depuis le début par les SS. docteurs de cette Eglise ;

ce livre est conservé par tous les ecclésiastiques et les convents, il est montré et lu, et aussi, à la faveur de la grâce de Dieu, il est conservé avec déférence dans notre Eglise de Lyon, il est lu chaque année à Quadragésime après la lecture de Prime dans le chapitre de Lyon.

 

Ce livre, nos prédécesseurs, après un examen soigneux et complet, avec l’accord unanime du Concile, l’Esprit saint invoqué le premier, ont veillé à collecter et ordonner,

 

 

 

 

 

 

 

de sorte que tous les fils de bonne qualité de l’Eglise de Lyon, pacifiques, prudents et très sages, entre les mains desquels viendra se déployer la forme, l’ordonnancement et le texte de ce livre, connaissent de manière vraie et claire que cette Eglise de Lyon a toujours été gouvernée et protégée par le Seigneur Jésus Christ, n’a jamais dévié du droit chemin de la foi, et a gardé fidèlement la manière des Pères, que les statuts ecclésiastiques proclament, et par cela ne s’écarte pas de l’antique ordre de l’Eglise ni ne méprise une manière différente d’ordonner, qu’on juge acceptable ,

 

car, selon l’Apôtre, le plus utile et le meilleur sont à suivre. Puis il dit : voici ma prière : que votre charité croissant toujours de plus en plus s’épanche en science de l’ordre et de la règle du service d’Eglise et en jugement de toute espèce, je cite de mémoire, pour que vous discerniez les meilleurs statuts de l’ordre de l’Eglise de Lyon, que vous soyiez purs en ayant une ferme espérance et une saine connaissance des statuts de l’ordre de l’Eglise de Lyon et des règles à conserver, que vous restiez irréprochables pour garder l’ordre vigoureusement, et de pouvoir vous trouver au Jour du Christ avec, reçue de Lui, la récompense des grâces de sa bonne volonté, que vous aviez pour conserver dans l’ordre de l’Eglise de Lyon de façon parfaite et intégrale jusqu’à la fin par le Christ notre Seigneur. Amen.

 

C’est pourquoi nous voulons que soit porté à la connaissance de gens d’aujourd’hui et de demain que dans le chapitre de Lyon il fut fixé, établi, et confirmé par serment, que nous voulons que ce qui suit, institué et observé autrefois par SS.PP. dans l’Eglise de Lyon, soit renouvelé et non modifié.

 

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De la divine psalmodie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puisque récemment un sot et méchant calomniateur connu de tous pour sa sottise et sa méchanceté s’est signalé, qui ne cesse de déchirer, non seulement en paroles mais aussi par en écrits, notre sainte Eglise, celle de Lyon, comme si elle n’exécutait pas correctement les célébrations des chants divins, ni selon la manière et l’usage des Pères,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

il fut nécessaire de collecter et ordonner toute la série des offices sacrés, que montre le ministère ordinaire des chantres tout au long de l’année dans les convents ecclésiastiques, telle qu’en cette Eglise, à la faveur de la grâce de Dieu, elle est gardée avec soin et en totalité dans un ouvrage qu’on appelle en langage courant Antiphonaire ; aussi est mise en entête une préface du pieux et orthodoxe Père, dont la foi très saine et la doctrine en matière de service du Seigneur notre Dieu sont rendues célèbres et reconnues de tous,

 

 

de sorte que tous les fils pacifiques et prudents de l’Eglise, entre les mains desquels arrivera le texte de cet ouvrage, connaissent de manière vraie et claire que cette Eglise du Christ, ce Christ Seigneur qui la gouverne et la protège, n’a pas dévié du droit chemin de la foi, et a gardé fidèlement la manière des Pères que les statuts ecclésiastiques proclament, et par cela ne s’écarte nullement de l’usage de l’antique Eglise de Dieu ni ne méprise une manière différente, qu’on juge acceptable ;

 

 

car, selon l’Apôtre, le plus utile et le meilleur sont à suivre. En effet il dit : voici ma prière : que votre charité croissant toujours de plus en plus s’épanche en science et en jugement de toute espèce pour que vous discerniez le meilleur et que vous soyiez purs et irréprochables pour le Jour du Christ. Et dans un autre endroit : qui vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui est agréable, ce qui est parfait. Et ailleurs : Aspirez aux dons supérieurs. Et encore : Ne vous montrez pas enfants pour le jugement. En effet les vénérables Conciles des Pères décrètent de ne jamais chanter de psaumes en langue vulgaire dans l’Eglise et de ne faire usage d’aucune composition poétique dans les louanges divines.

 

…………

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Rom II/18)

 

 

 

(Phil.1/9)

(Rom. 12/2)

 

(ICor.14/20)

 

Dans la suite du texte sont décrits, avec plus ou moins de précision et des longueurs variables, dans cet ordre :

-      Les sanctions pour manquement aux règles

-      La charge liturgique des Chanoines prêtres (sacerdos), des custodes Sainte-Croix, des quatre chanoines prêtres (sacerdos) de Saint-Etienne, du gardien du trésor et du sacriste de Saint-Etienne,

-      La rémunération des chanoines prêtres (sacerdos), des lévites (diacres) et des sous-diacres

-      La charge des deux custodes de Sainte-Croix

-      La succession des chanoines

-      La succession des 12 chapelains de Saint-Spérat

-      L’interdiction de changement de l’ordo

-      Les invitatoires

-      Les messes aux autels de Saint-Etienne

-      Le règlement des choristes

-      L’ordre du diaconat

-      Le règlement des matines et des vigiles

-      Le règlement pour les enfants

-      Les répétitions

-      Les tenues vestimentaires des clercs

-      Le comportement des clercs

-      Les avertissements aux clercs

-      Le règlement des petits clercs (clericulus)

-      Le règlement au chœur dans les églises Sainte-Croix et Saint-Etienne et en l’Eglise majeure (Saint-Jean)

-      L’expulsion des clercs

-      La tenue et le comportement des chanoines

-      La charge de matriculier (matricularius) : il fut établi que le sacriste installât un matriculier qui garde l’église jour et nuit, homme de confiance, mûr et honorable, qui sache et puisse organiser dans l’église tout ce qui doit l’être et en assurer un fidèle gardiennage…. A l’origine il tient le registre des pauvres (matricula) ; il est appelé par la suite marguillier, et bien plus tard, avec l’élargissement de ses compétences de gestionnaire, conseiller de Fabrique ou fabricien.

-      Le règlement pour les servants (servitores) d’église.

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

-      Texte latin

o    AGOBARD, 1666, Sancti Agobardi, archiepiscopi lugdunensis operum, tome 2, pp.80sq

 

o    MARTENE Edmond, 1764, De Antiquis Ecclesiae ritibus, livre 3, pp.223sq

 

o    MIGNE, Patrologie latine, Antiqua statuta ecclesiae lugdunensis a Guichardo archiepiscopo renovata, col.1091sq

 

-      COLLOMB Pascal, 1995, Les statuts du chapitre cathédral de Lyon (XIIe-XVe siècle) : première exploration et inventaire, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 153/1, pp.5-52

 

-      voir les notices sur les statuts de Philippe de Savoie de 1251, la charte de fondation de 1320

 

g.decourt