musée du diocèse de lyon

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Cité de l’Enfant Jésus

1854

 

 

 

 

 

En 1849, Camille RAMBAUD, âgé de 27 ans, travaille à l’entreprise de Louis Potton auquel il est associé ; il est membre de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul et, à la suite de visites des pauvres, a l’idée d’accompagner les enfants aux offices du dimanche, après leur avoir fait un peu de catéchisme : c’est l’Œuvre du dimanche. Pour les accueillir, avec l’aide d’amis, il loue deux logements, puis fait construire une petite maison près de l’église Saint-Pothin. Par la suite y sont accueillis des enfants malades. C’est la Petite Cité de l’Enfant Jésus.

 

Camille RAMBAUD quitte alors son emploi pour revêtir le bleu des ouvriers et assurer le service dans sa Cité. Il est soutenu en cela par l’archevêque, le cardinal De BONALD.

 

En 1854, un terrain de 13 000 m² est loué aux Hospices Civils de Lyon entre les rues Bonnel (au sud), Rabelais (au nord), Duguesclin (à l’ouest) et Boileau (à l’est, rue autrefois prolongée au sud du cours Lafayette), pour construire un lieu d’hospitalisation gratuite pour des vieillards nécessiteux.

 

 

A la suite des inondations de 1856, de nombreuses familles ouvrières se retrouvent sans logement ; sont alors construits de nouveaux bâtiments. Le projet est financé par des dons et un emprunt de 600 000 francs réparti en 1200 actions avec un intérêt de 5%.

 

Il s’agit de 5 bâtiments, dédiés à Saint-Joseph, Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-François et Saint-Louis, comportant lieux de travail, services communs (lavoir, bains-douches, boulangerie, marché couvert, deux écoles), logements de 2 ou 3 pièces, avec au centre une église.

 

Cette église est composée de 3 nefs en style gothique. Les 5 vitraux du chœur représentent : Marie avec l'Enfant-Jésus et Joseph, les apôtres Pierre et Paul, Thomas et Barthélémy, André et Jacques, l’apôtre Jean et Jean-Baptiste. Les chapelles latérales sont dédiées à Notre-Dame de La Salette et à Saint-Joseph. Le clocher est surmonté d’une flèche visible de loin.

 

Chaque ménage a un appartement mis à sa disposition pour un loyer modeste, où il peut rester même lorsqu’un des membres du couple décède, que l’emploi est perdu ou que survient une incapacité à travailler.

 

Camille RAMBAUD part à Rome se former à la prêtrise, et c’est l’abbé CHEVRIER, vicaire de la paroisse, qui le remplace.

 

En 1861 Camille RAMBAUD est ordonné prêtre. Son ami Paul DU BOURG, qui l’accompagne depuis l’origine de la Cité, est lui aussi ordonné prêtre en 1864. Ils consacrent tous deux leurs fortunes à cette Cité de l’Enfant Jésus.

 

Mais le projet initial s’est détérioré : des familles ouvrières ont préféré partir, d’autres ne paient pas leur loyer, les jeunes ne vont plus beaucoup à la messe, la chapelle n’est pas achevée, un certain nombre de bienfaiteurs et de religieux se retirent ; le Père CHEVRIER, estimant qu’on ne peut s’occuper à la fois des questions matérielles de logement et de l’instruction religieuse, est parti en 1860 fonder l’Œuvre de la première communion dans le bâtiment du Prado. La Cité va alors changer d’objet et se transformer en 1865 en maison de retraite pour personnes seules ou en couple, qui doivent subvenir à leurs propres besoins mais ne n’ont pas de loyer à payer.

 

En 1866 l’église est achevée.

 

Cette même année est fondée à la Cité la Congrégation de la Sainte-Vierge pour remplacer les Frères des Ecoles Chrétiennes qui assuraient l’enseignement dans les deux écoles depuis 1860.

 

En 1869 on compte 300 personnes dont 137 ménages.

 

En 1878 (1879) une deuxième maison de retraite est construite, la Cité Lafayette à Villeurbanne rue Saint-Antoine, en 1880 une troisième, la Cité de l’Industrie à Vaise rue des Docks, grâce aux dons d’industriels catholiques.

 

En entrant dans la cité le vieillard conserve sa famille, ses relations, sa liberté. Il y est comme chez lui, avec sa femme, s'il n'est pas veuf, avec son ménage, son métier, parfois même avec ses petits-enfants. A la différence de l'hospice, il est libre d'aller et de venir ; tous les jours, s'il lui plaît, sont des jours de sortie. Il a son chez lui, aussi respecté, et peut-être plus, que là où il paierait un loyer ; il garde enfin toute sa dignité d'homme et de père de famille, n'étant assujetti, cela va sans dire, qu'à se conduire honorablement. En fait de devoirs religieux, il n’est tenu qu’à assister le dimanche à la messe dans la chapelle de la cité.

(BOUILLER, 387-388)

 

Les fondateurs sont inhumés dans l’église de la Cité de l’Enfant Jésus :

 

Ici reposent les fondateurs de la Cité de l’Enfant-Jésus,

Camille Rambaud, né à Lyon le 17 mars 1822,

ordonné prêtre le 25 mai 1861, décédé à la Cité le 13 février 1902.

Paul Du Bourg, né à Lyon le 25 juin 1827,

ordonné prêtre le 21 mai 1864, décédé à la Cité le 2 janvier 1898.

In morte quoque non sunt divisi.

 

 

 

En 1904 une société civile est constituée, présidée par Edouard AYNARD, pour gérer les maisons de retraite.

 

En 1948, le maire de Lyon, Édouard Herriot, cherche à déplacer l'établissement délabré hors du centre-ville ; en 1957, la restructuration du quartier Moncey-Nord entraîne la destruction des bâtiments et de l’église.

 

Les sépultures des fondateurs sont déplacées en la chapelle des Dames du Sacré-Cœur de Jésus et de Marie à Villeurbanne, devenue l’église paroissiale du Cœur Immaculé de Marie en 1959, proche d’une maison de retraite de la Fondation Rambaud, dans le parc de laquelle sont érigés les bustes de C.RAMBAUD et P. DU BOURG.

 

 

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

 

-      BOUILLER Francisque, 1895, L'abbé Rambaud et la Cité des vieillards de Lyon, Revue du Lyonnais, pp. 381-392

 

-      VACHET Adolphe, 1900, Lyon et ses œuvres, La Cité de l’Enfant-Jésus

 

-      Nécrologie. M. l’abbé Rambaud, 1902, Semaine religieuse du diocèse de Lyon

 

-      MARTIN Jean Baptiste, 1909, Histoire des églises et chapelles de Lyon, tome 2, La Cité de l’Enfant Jésus dite Cité-Rambaud

 

-      VACHET Adolphe, 1910, Nos Lyonnais d’hier. 1831-1910, Paul DU BOURG

 

-      MAS Gabriel, 2007, Camille Rambaud : de la Fabrique lyonnaise à la Cité de l’Enfant-Jésus, Le cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870), thèse de l’Université Lyon 2

 

-      ANGLERAUD Bernadette, 2011, Lyon et ses pauvres : des œuvres de charité aux assurances sociales (1800-1939)

 

-      DUMONS Bruno, 2013, « La bande à Aynard ». Des catholiques libéraux et modérés à Lyon (1860-1920), in PREVOTAT J., VAVASSEUR-DESPERRIERS J. (dir.), Les « chrétiens modérés » en France et en Europe (1870-1960)

 

-      Photographies de la Cité Rambaud 1910, de la Chapelle

 

-      Notices de H.HOURS sur Camille RAMBAUD (1822-1902), l’église du Saint-Nom-de-Jésus

 

g.decourt