LE PLAN
IMMOBILIER DIOCESAIN
faits &
analyses
2ème partie :
ANALYSES
Les faits exposés donnent l’impression
de « zigzags », pour reprendre l’expression de la presse, qui
n’auraient pas de sens. Toutefois on peut chercher à les comprendre en les
reliant à des faits antérieurs ou concomitants. C’est en nous appuyant sur des
informations recueillies au cours d’entretiens et la consultation d’archives
privées et publiques que nous tentons cette analyse sociologique.
Et, pour mieux apprécier la situation
présente, il importe de rappeler comment la réorganisation de la Curie
diocésaine et le déploiement du Plan immobilier ont été entremêlés depuis 2001
jusqu’à ce jour (septembre 2008) ; ce qui laisse quelques questions en
suspens.
On
constate que :
-
la
concentration de l’Exécutif diocésain s’effectue avec la volonté de
restructurer les services et de réaffirmer l’autorité épiscopale,
-
des
incertitudes dans la gestion économique diocésaine et la contestation du
premier plan immobilier conduisent à des changements de personnes et de
méthodes dans cette gestion,
-
les
difficultés de mise en œuvre du deuxième plan immobilier amènent à de nouveaux
remaniements dans la gestion économique diocésaine.
On peut alors s’interroger sur :
-
les
réels tenants et aboutissants de toutes ces restructurations,
-
l’adaptation
des compétences aux difficultés de la tâche,
-
la
hiérarchie des objectifs économiques et pastoraux.
CONSTATS
Concentration de l’Exécutif diocésain
Avant 2002 la Curie diocésaine
fonctionnait avec cinq Vicaires généraux dont trois avaient en charge des
territoires, appelés à Lyon des Archidiacres,
et deux des fonctions transversales :
-
le
Modérateur de la Curie, chargé de coordonner les services diocésains pastoraux
au sein de la structure Inter-Services, assisté d’un Secrétaire des
Conseils,
-
le
Secrétaire général de l’Archevêché, chargé des services de l’Archevêché,
délégué de l’Archevêque au Conseil des affaires économiques et président
délégué de l’Association Diocésaine (forme civile de l’Eglise diocésaine).
Le Conseil épiscopal regroupait les
Vicaires généraux, les Vicaires épiscopaux et des Délégués chargés de services
pastoraux : il était l’Exécutif des décisions épiscopales.
En juillet 2002, le Secrétaire général
de l’Archevêché quitte, comme prévu, ses fonctions : il n’est pas
remplacé.
En septembre 2002, le nouvel Archevêque
nomme un unique Vicaire général et maintient les Archidiacres comme Vicaires
épiscopaux. Il n’y a plus de Modérateur des services diocésains pastoraux ni de
Secrétaire général de l’Archevêché. Le Vicaire général a donc compétence
« générale » sur l’ensemble de services pastoraux et administratifs
(économiques) ; ainsi préside-t-il la commission d’élaboration du futur
Plan immobilier, dont l’Econome diocésain est l’animateur et le secrétaire.
L’Archevêque nomme à son Conseil épiscopal
les Vicaires exécutifs (le Vicaire général et les trois Vicaires épiscopaux),
un diacre et deux laïques, tous engagés dans la mission ecclésiale mais sans
responsabilité directe de service diocésain ou de territoire. S’exprime ainsi
la volonté du nouvel Archevêque d’être « conseillé » avant de prendre
ses décisions.
Restructuration des services diocésains
En février 2003, l’Archevêque réunit la
structure Inter-Services à laquelle il associe l’Econome diocésain et y
annonce son intention de restructurer les services diocésains autour des trois
charges ecclésiales : annoncer, sanctifier, gouverner. Un certain
nombre de réticences surgissent : on ne peut figer les coopérations entre
services dans des sous-ensemble préétablis ; le partage de ces trois
charges « est un principe de compréhension et non d’organisation »
des services ; on ne peut assigner aux services regroupés des lieux
spécifiques comme il était prévu. En effet, les membres de la commission
immobilière parlaient de « briques » juxtaposées pour désigner
les services appelés à constituer des sous-ensembles cohérents en étant mis
côte à côte dans un même bâtiment correspondant à chacune des charges
ecclésiales.
On confondit parfois cette
restructuration avec un autre projet de l’Archevêque qui parlait d’instaurer
une Maison de la Parole, une Maison de la Famille et une Maison
de la Vie, et certains pensaient, par exemple, que la Maison de la
Parole regrouperait les services de la charge annoncer.
Affirmation de l’Autorité épiscopale
L’Evêque diocésain est le seul à pouvoir
décider pour son diocèse ; les Vicaires de l’Exécutif sont chargés de la
mise en œuvre de sa décision. En mars 2003 le nouvel Archevêque instaure la
fonction, non ecclésiale et canonique, de « Directeur de Cabinet de
l’Archevêque », avec les attributions suivantes :
-
la coordination des services matériels dans la
Maison de l’Archevêque,
-
la préparation des voyages de l’Archevêque et ses
rencontres avec les évêques, les autres responsables religieux, les
personnalités des mondes politique, économique, artistique, scientifique…,
-
la communication entre l’Archevêque et ses proches
collaborateurs ; la coordination du travail de la Curie diocésaine,
-
le suivi des dossiers de l’Archevêque.
La coordination des services matériels était assurée
par l’Econome diocésain depuis le départ du Secrétaire général de l’Archevêché
en juillet 2002 et de son Intendant en avril 2002. La communication entre l’Archevêque
et ses proches collaborateurs ainsi que la coordination du travail de la
Curie diocésaine revenaient autrefois au Modérateur de la Curie et au
Secrétaire des Conseils.
En avril 2003, deux Evêques auxiliaires
sont nommés : l’un était déjà Vicaire général, l’autre le deviendra et
sera chargé de dossiers pastoraux en suspens depuis les décès des évêques
précédents, comme ceux des associations de fidèles.
En même temps que ces nominations est
annoncé que le Service des affaires économiques quitte l’Archevêché pour
rejoindre les autres services et que le Directeur de Cabinet y remplace
l’Econome diocésain dans la fonction de coordination des services matériels.
L’Archevêché regroupe désormais les secrétariats et comptabilités de personnes
et services relevant de la charge « gouverner », à
savoir : Archevêques et Vicaires généraux, Conseil presbytéral et Collège
des Consulteurs, Conseil pastoral, Chancellerie, Conseil diocésain de la Vie
religieuse, Service du Clergé, Commission paritaire des Laïcs en Pastorale
(COPALEP), Conseil épiscopal. En juin 2003 sera ajouté le secrétariat de la
Province métropolitaine. Cette restructuration veut préfigurer celle qui est
demandée à tous les services pour une meilleure efficacité pastorale et une
réduction des coûts de fonctionnement, en partageant les secrétariats et en
intégrant les comptabilités.
Incertitudes dans la gestion économique
diocésaine
En mai 2003, l’Archevêque annonce qu’il
veut accélérer l’élaboration du Plan immobilier décidé par son prédécesseur et
rend publiques plusieurs données transmises par son Service des affaires
économiques : le diocèse était au bord du dépôt de bilan à l’automne 2002,
la masse salariale atteint 85% des dépenses diocésaines. D’anciens responsables
des affaires économiques du diocèse s’étonnent de cette dégradation financière
et contestent les chiffres des charges salariales.
L’Archevêque demande un audit de la
gestion économique, qui relève des anomalies et beaucoup d’incertitudes.
L’Archevêque demande à l’Econome de
s’adjoindre un Chef comptable, qui sera embauché en janvier 2004.
C’est en octobre 2004 que le Service des
affaires économiques informe, dans une de ses publications, que des placements
financiers ont occasionné des pertes financières au cours de l’exercice 2002.
Seront alors rappelées les règles prudentielles auxquelles sont soumis, par la
loi civile, les organismes faisant appel à la générosité publique et, par le
Droit Canon, toute structure ecclésiale.
(voir
note 1)
Contestation du premier plan immobilier
En septembre 2003, le Cabinet APOR
présente le rapport qui lui été commandé sur les six biens immobiliers
diocésains choisis pour cette étude :
-
le
Grand Séminaire de Sainte-Foy-les-Lyon,
-
la
Maison Saint-Joseph de Francheville,
-
l’îlot
Carriès - Place Saint-Jean,
-
le
Centre diocésain rue Adolphe Max,
-
le
300 rue Jean Jaurès,
-
Sainte-Marie
de la Guillotière.
Dans ses conclusions il recommande
de :
-
conserver
le Grand Séminaire, qui est invendable, pour accueillir
o
les
services de la charge annoncer,
o
les
services de la charge sanctifier,
o
le
Séminaire,
-
acheter
l’Archevêché de Fourvière pour accueillir les services de la charge gouverner,
-
mettre
aux normes la Maison Saint-Joseph pour l’accueil des groupes,
-
vendre
les quatre autres sites :
o
îlot
Carriès-Place Saint-Jean,
o
Centre
diocésain rue Adolphe Max,
o
300
rue Jean Jaurès,
o
Sainte-Marie
de la Guillotière,
-
conserver
la Maison diocésaine place Saint-Irénée, qui ne fait pas partie de l’étude,
pour RCF, des logements de prêtres et des bureaux d’associations et mouvements.
Les services du Centre diocésain sont
très réticents à un déménagement au Grand Séminaire de Francheville. A cette
époque, d’autres projets sont évoqués comme la vente de ce Grand Séminaire à
une chaîne hôtelière ou la construction d’un immeuble neuf pour les services
soit à Gerland soit à Sainte-Blandine, site qui ne faisait pas partie du
périmètre de l’étude. Toutefois, les recommandations du Cabinet APOR sont mises
en œuvre durant l’année 2004.
Les négociations de vente de l’îlot
Carriès - Place Saint-Jean et d’achat de l’Archevêché sont confiées à l’Econome
diocésain.
La Mairie de Lyon fait savoir à
l’Archevêque qu’elle :
-
serait
intéressée par l’achat du Centre diocésain, pour créer un ensemble cohérent
avec le Palais Saint-Jean, et celui de la partie de l’îlot Carriès occupée par
le diocèse, pour accueillir la Bibliothèque d’arrondissement,
-
faciliterait,
de diverses manières, l’installation des services diocésains dans deux des
quartiers d’avenir de l’agglomération : Gerland ou La Confluence, projet
qui peine alors à émerger.
Ces propositions ne sont pas retenues.
Rapidement il est annoncé que le Grand
Séminaire de Francheville pourrait être vendu.
(voir
note 2)
Changements dans la gestion économique
diocésaine
Les négociations de vente de l’îlot
Carriès – Place Saint-Jean aux Frères des Ecoles Chrétiennes, dont le collège
occupe une partie, achoppent sur deux points :
-
une
location payante qui remplacerait la mise à disposition gracieuse actuelle,
-
l’achat
du site avant le terme du bail en 2014.
Elles sont alors confiées à un laïc
bénévole.
Les négociations d’achat de l’Archevêché
de Fourvière aux Religieuses de Jésus-Marie achoppent sur les conditions de
vente. Elles sont alors confiées à un laïc puis à un prêtre.
En juin 2004, l’Archevêque demande à ce
prêtre de superviser la gestion économique. Celui-ci est nommé« chargé
des affaires économiques » et délégué de l’Archevêque au Conseil des
affaires économiques, puis désigné vice-président et trésorier de l’Association
diocésaine. Il reprend ainsi les fonctions du Vicaire général Secrétaire de l’Archevêché
d’avant 2002. Sa nomination ne paraîtra jamais dans le bulletin diocésain.
Au septembre 2004, devant les retards et
les blocages dans la mise en œuvre de ce Plan immobilier, l’Archevêque demande
à un laïc bénévole de remplacer l’Econome diocésain dans l’animation de la
Commission immobilière, afin de parvenir à un « dossier en vue de
décision » fin décembre 2004. Ainsi le Plan immobilier diocésain
sera-t-il rendu public le 9 janvier 2005.
Aide externe à l’instruction des
dossiers
A l’automne 2004, le Cabinet Transformances
se propose pour un coaching de l’Archevêque. Mais il lui est plutôt demandé
d’aider à la restructuration des services diocésains en intégrant les travaux
des commissions existantes. Ce projet, coordonné par l’un des Vicaires
généraux, comporte cinq chantiers :
-
Management
de la Curie diocésaine, reprenant les réflexions en cours sur la
restructuration des services,
-
Richesses
humaines, intégrant la commission du même nom, présidée par ce même Vicaire
général, sur les questions liées au personnel laïc, aussi bien administratif
que pastoral : statut, organisation du travail, évaluation, salaire…,
-
Communication,
reprenant les projets en discussion au sein du Service de la communication,
-
Finances,
avec les commissions du Service des affaires économiques,
-
Immobilier,
avec la commission immobilière qui prend le nom de Comité de Pilotage (COPIL).
(voir
note 3)
Au final le Cabinet recommande :
Durant l’année 2005 ces recommandations
sont mises en œuvre de la manière suivante :
1. La nouvelle organisation de la Curie
est annoncée au premier trimestre 2005 :
-
un
Vicaire général Modérateur de la Curie diocésaine :
o
il
coordonne tous les services, pastoraux et administratifs (économiques), et les
différentes commissions,
o
il
participe aux réunions hebdomadaires de l’Archevêque avec le Vicaire épiscopal
chargé des affaires économiques et l’Econome diocésain,
o
il
assiste aux réunions du Conseil des affaires économiques et du Conseil
d’administration de l’Association diocésaine.
-
Un
Vicaire général chargé, entre autres, du développement des projets
missionnaires, de l’apostolat des laïcs, des associations de fidèles.
La restructuration des services, regroupés
progressivement au Centre diocésain, est totalement dissociée de la
restructuration immobilière. Trois « pôles » sont constitués sous le
nom de :
-
servir (solidarité, famille…), coordonné par
un Vicaire épiscopal « chargé des questions familiales et sociales »,
-
annoncer (formation, incroyance…), animé par un
« chargé d’une mission de coordination » qui deviendra en 2007
Vicaire épiscopal « chargé de coordonner des services du pôle annoncer »,
-
célébrer (liturgie, catéchèse…), sans animateur
désigné.
2. L’employeur unique sera l’Association
diocésaine à la place de la trentaine de structures existantes. Un Comité
d’entreprise est prévu. Une structure pouvant bénéficier du droit de vente de
livres, revues, etc., est maintenue et il est envisagé une structure pouvant
prétendre aux « emplois aidés par l’Etat », qui
sont refusés aux associations cultuelles. C’est le Vicaire général Modérateur
qui coordonne la gestion du personnel laïc, pastoral et administratif
(commission d’embauche, comité d’entreprise, pôle des richesses humaines…).
3. Le service de la Communication
propose désormais :
-
un
magazine mensuel papier à la place du bulletin bimensuel Eglise à Lyon,
-
un
supplément papier gratuit trimestriel sur un événement,
-
un
média internet d’information rapide, Info-diocèse,
-
un
annuaire papier diocésain annuel avec sa version informatique mise à jour en
permanence.
4. Pour l’organisation interne du Service
des affaires économiques, sont confirmés les résultats de l’audit de gestion
économique de 2003. Sont demandés une comptabilité analytique, une application
des règles prudentielles de gestion financière, des outils de gestion et de
supervision fournis à temps et régulièrement (comptes rendus, tableaux de bord,
situations, états, etc.)... Tout au long de l’année 2005 des tensions internes
à ce service amèneront le Vicaire général Modérateur à assurer lui-même les
réunions internes du service.
Difficultés de mise en œuvre du Plan
immobilier 2005
Le Conseil des affaires économiques et
le Collège des consulteurs, leur accord étant requis en raison d’aliénation de
bien supérieure à 140 000 euros, approuvent les ventes prévues par le Plan
immobilier rendu public en janvier 2005.
L’Archevêque demande l’accord de la
Congrégation compétente du Vatican, en raison de ventes supérieures à 1,4
millions d’euros. Celle-ci autorise la vente du Grand Séminaire et de l’Ilot
Carriès - Place Saint-Jean, réserve son autorisation pour la vente du site
Sainte-Marie de la Guillotière et demande les pièces manquantes indispensables
au dossier : avis du curé de la paroisse Sainte-Marie de la Guillotière
après consultation de son Conseil des affaires économiques, décret de
suppression de cette paroisse, budgets des restaurations de la Maison
Saint-Irénée et du Centre diocésain.
Dès l’annonce du Plan immobilier, deux
Cabinets d’affaires font savoir, séparément l’un de l’autre, qu’ils seraient
prêts à conduire à leur terme les projets dans leurs multiples aspects. Le
diocèse préfère gérer par lui-même ce Plan, que le COPIL est chargé de mettre
en œuvre. Pour ce faire, le Service des affaires économiques est autorisé à
embaucher du personnel qualifié et augmenter son budget de fonctionnement, et
fait appel à des bénévoles.
Ventes
Gerland
Rapidement la Foncière
Habitat et Humanisme se porte acquéreur du 300 avenue Jean Jaurès. Le prix
de 800 000 euros, au lieu du million prévu initialement, est annoncé comme
un geste fait en faveur de cet organisme social. Dans le même temps
l’Association diocésaine, après accord du Conseil des affaires économiques,
demande à la Foncière de racheter les 3 650 actions que le diocèse
détient dans son capital depuis 1994. Bien que cette aliénation de biens
mobiliers dépasse les 140 000 euros, le Collège des Consulteurs n’est pas
sollicité pour donner son accord. Cette vente est prévue en plusieurs temps. La
Foncière rachète d’abord 3 212 actions pour 367 260 euros.
Plusieurs personnes ayant fait remarqué à l’Archevêque que cet argent était
originellement destinée aux plus pauvres, le diocèse conserve les 438 actions
restantes, soit 50 080 euros, au sein du capital d’Habitat et Humanisme.
Grand Séminaire
de Francheville
Tout aussi
rapidement une chaîne hôtelière étrangère, conseillée par l’un des Cabinets qui
s’était proposé pour conduire le Plan, se dit intéressée par le Grand Séminaire
mais s’étonne qu’on lui propose un prix bien supérieur à celui qui est paru
dans la presse locale. Les discussions durent une année. Le diocèse refusant de
baisser son prix, l’affaire ne peut se conclure. Il faut rechercher de nouveaux
acquéreurs potentiels. Un organisme public de logement social propose 6,5
millions ; un autre organisme public de logement social, en association
avec une structure d’insertion sociale par le logement et une institution de
formation, propose 7 millions. Ces offres sont écartées, et finalement retenue
celle d’une entreprise spécialisée dans la mise sur le marché d’immeubles à
caractère historique. Il était prévu initialement que le prix de cette vente
couvrirait les frais de restauration de la Maison Saint-Joseph. Le montant de
la transaction n’a pas été rendu public, mais a sans doute rempli cet objectif.
Sainte-Marie de
la Guillotière
La vente de
Sainte-Marie de la Guillotière est, elle aussi, soumise à quelques remous.
L’annonce de la destruction d’une église récente, à laquelle étaient attachées
les donateurs et les paroissiens, suscite beaucoup d’émois :
manifestations aux sorties des messes, pétitions, interventions auprès des
instances romaines, constitution d’une association pour le classement de
l’église à l’inventaire des monuments historiques. Fin 2005, le Préfet, après
un entretien avec l’Archevêque, retire la demande de classement de l’église de
l’ordre du jour de la commission chargée de statuer. La presse s’empare de
l’affaire. C’est pourquoi en janvier 2006, le COPIL rédige un communiqué pour
rappeler qu’il a la confiance de l’Archevêque dans la conduite du projet et que
la destruction de l’église, qui sera reconstruite dans une autre configuration
plus adaptée à la liturgie de la communauté candidate à l’achat, amènera un
gain substantiel au diocèse. La Mairie de Lyon fait savoir qu’elle ne permettra
pas la destruction d’une église contre l’avis même de ses usagers. Puis elle
propose l’achat du site par une école catholique, qui cherche à s’agrandir et
conserverait l’église. Le dossier, suivi par les Cabinets du Maire de Lyon et
de l’Archevêque, est finalisé en quelques jours par l’intermédiaire de la
Direction de l’école, avec accord sur le prix de vente de la part de la
Congrégation religieuse tutelle de l’école et levée des obstacles administratifs.
En avril 2006, le COPIL demande à l’Econome de retirer le permis de démolir
l’église qu’il avait déposé l’année précédente.
Réaménagements
Maison
diocésaine Saint-Irénée
La
restructuration de la Maison diocésaine Saint-Irénée, elle aussi, connaîtra des
retournements de situation subits. Alors que le Plan Immobilier de janvier 2005
prévoyait l’achat du terrain et des bâtiments, pour loger l’Archevêque et des
services, et la restauration de tous les bâtiments, le Cabinet d’architectes
remet en juin de la même année un projet différent : la maison achetée
pour loger l’Archevêque serait détruite, ainsi que les quatre chapelles et une
partie du bâtiment de l’entrée avec le cloître ; un jardin serait aménagé
sur les espaces dégagés par ces destructions ; seraient aussi détruits les
garages pour permettre la construction d’une partie du nouveau Séminaire et de
sa chapelle ; les diverses dépendances de l’immeuble central seraient
détruites à leur tour pour mettre en valeur l’architecture initiale de Soufflot ;
enfin, comme prévu, la Maison Jean-Marie Vianney serait réhabilitée pour
devenir une partie du Séminaire. Il s’agit de donner un « cadre
prestigieux digne du Primat des Gaules », avec un jardin donnant sur
la place, une « galerie des évêques » en rez-de-chaussée
exposant leurs portraits, etc. L’architecte estimait que le coût des
restaurations (4,7 millions d’euros) était trop élevé par rapport aux avantages
d’une démolition et construction estimées en mars 2006 à 6,5 millions.
Plusieurs
personnes attirent l’attention de l’Archevêque :
-
sur
les difficultés prévisibles de fonctionnement d’un ensemble où devraient
cohabiter les services de l’Archevêque requérant une certaine discrétion, des
séminaristes de plusieurs diocèses et une radio chrétienne diocésaine et
nationale,
-
sur
la difficulté à faire accepter par l’opinion catholique le surcoût lié à la
mise en valeur de l’immeuble Soufflot, sans recourir à des aides
extérieures, publiques ou privées.
Cependant les
permis de démolir et de construire sont déposés, qui deviendront sans objet
après la révision du projet et son abandon en 2006-2007.
Maison
Saint-Joseph
Le chantier de
la Maison Saint-Joseph est le seul à respecter les délais prévus malgré les
modifications apportées en cours de route. Une SCI est constituée pour la
maîtrise d’ouvrage, alors que, pour la Maison Saint-Jean Baptiste,
l’Association diocésaine est maître d’ouvrage, assistée d’un Cabinet. Cette SCI
semble devoir perdurer pour assurer la gestion de la Maison. Néanmoins c’est
toujours l’Association de la Maison Saint-Joseph qui continuerait d’en être
directement gestionnaire. La Maison s’inscrit fortement dans la pastorale
diocésaine, confirme la Directrice.
Archevêché de
Fourvière
La destination
du site de l’Archevêché connaît, elle aussi, des variations. En 2004, le
diocèse cherche à acheter le bâtiment de l’Archevêché, en 2005 à en partir, en
2006, après l’abandon du site de la Maison Saint-Irénée, à l’acheter de
nouveau, puis à demeurer là en location. Les travaux de réfection intérieure,
abandonnés un temps, ont donc repris. Il existe par ailleurs un droit de
passage dans la cour de l’Archevêché, empêchant une totale confidentialité des
lieux.
Il fut aussi
envisagé un temps, dans l’hypothèse du départ de l’Archevêque et de ses
services, d’y loger l’Année propédeutique (préparatoire à l’entrée au
Séminaire), qui fut à l’origine au Monastère de Tassin, puis, après une année
d’interruption, est située actuellement en dehors de la Province
ecclésiastique, mais aussi l’Officialité et le Studium canonique, oubliés dans
le Plan Immobilier de 2005.
Les coûts de ce
Plan augmentent de telle manière avec tous ces ajouts que le déficit en arrive
à tripler en avril 2006 et que l’on parle alors de vendre d’autres biens,
diocésains et paroissiaux, et de transformer un emprunt de trésorerie en
emprunt hypothéqué. Plusieurs personnes alertent l’Archevêque sur le danger de
la situation financière engendrée par ces évolutions et l’incompréhension grandissante
de l’opinion catholique.
(voir note 4)
Remaniements dans la gestion économique
diocésaine
Fin février 2006, se désolidarisant de
la gestion économique diocésaine, le Directeur de Cabinet de l’Archevêque remet
sa démission, qui sera rendue publique le 5 juin. Entre temps, l’Archevêque
reconduit l’Econome diocésain pour un second mandat de cinq ans à dater du 1er
mars, consulte à ce sujet le Conseil des affaires économiques et le Collège des
consulteurs qui rendent un avis favorable. L’Archevêque décide de modifier la
composition de son Conseil des affaires économiques et du Collège des
Consulteurs.
Le nouveau Conseil des affaires économiques
ne comporte plus les Délégués aux affaires économiques des Archidiacres, mais
des laïcs ayant la connaissance de l’économie et de la direction d’entreprise,
l’animateur du COPIL et deux prêtres, dont l’un sera appelé à devenir Vicaire
général Modérateur, membre du Collège des consulteurs et du Conseil
d’administration de l’Association diocésaine, et l’autre membre du Collège des
consulteurs. La majorité de ce conseil n’est pas directement impliquée dans la
gestion ordinaire du diocèse. Il a pour fonction de « conseiller »
l’Archevêque avant sa décision.
(voir
note 5)
Le nouveau Collège des Consulteurs
comporte, entre autres, deux anciens Vicaires généraux du diocèse, dont celui
qui suivait les affaires économiques jusqu’en 2002, deux membres du Conseil
d’administration de l’Association diocésaine, l’un étant déjà Vicaire épiscopal
et l’autre appelé à devenir Vicaire général Modérateur et membre du Conseil des
affaires économiques. Désormais ce Collège est consulté sur toutes les
décisions importantes d’ordre économique, même s’il n’y a pas obligation du
Droit Canon.
Le Conseil d’administration de
l’Association diocésaine ne comporte plus les Délégués des Archidiacres pour
les affaires économiques, qui étaient en même temps membres du Conseil des
affaires économiques. Au Conseil d’administration de l’Association diocésaine,
en 2003 l’Econome diocésain est invité permanent ; en 2008 sont invités
permanents l’Econome diocésain, les Archidiacres et les Délégués des
Archidiacres pour les affaires économiques.
Il y a donc une séparation plus grande
des fonctions de conseiller de l’Evêque et d’exécutif de l’Evêque, des
fonctions civiles et des fonctions canoniques.
Après consultation de ses Conseils,
l’Archevêque décide de modifier le Plan Immobilier.
Un ancien membre du Conseil des affaires
économiques reçoit commande d’un travail pour l’intégration des comptabilités
des paroisses dans le budget 2006 de l’Association diocésaine, les paroisses
étant considérées comme des établissements locaux de l’Association diocésaine
au regard de la loi civile.
En septembre 2006 une laïque bénévole
occupe le poste de Chef comptable, laissé vacant depuis octobre 2005, après le
départ de la personne recrutée en janvier 2004.
(voir
note 6)
QUESTIONS EN SUSPENS
Réorganisation
ou désorganisation de la Curie diocésaine ?
Exécutif diocésain
L’Exécutif du diocèse de Lyon, depuis
plusieurs années, connaissait une double
dichotomie :
-
l’Archevêque
d’un côté, et de l’autre la Direction des œuvres devenue coordination des
services pastoraux,
-
le
Vicaire général chargé des affaires temporelles, administratives, économiques,
d’un côté, et de l’autre le Vicaire général chargé de la coordination
pastorale.
En 2002, la nomination d’un seul Vicaire
général réduit ces dichotomies :
-
il
collabore chaque jour avec l’Archevêque,
-
il
coordonne tous les aspects de la pastorale, gestion des moyens compris.
Le Service des affaires économiques
intègre le corps des services diocésains avec :
-
d’une
part, la participation de l’Econome aux réunions de coordination des services,
-
d’autre
part, le partage des mêmes locaux.
Il est donc davantage en mesure
d’adapter en permanence les moyens aux exigences pastorales.
Le Directeur de Cabinet de l’Archevêque
doit faciliter cette transition en gérant l’administration de la décision
épiscopale, sa préparation et sa publicité, rôle proche de la fonction
canonique de Chancelier.
En 2008, l’organisation de l’Exécutif
ressemble à celle des épiscopats antérieurs, avec trois différences
notoires :
-
un
seul Vicaire général coordonne l’action pastorale diocésaine et la gestion des
moyens mis à disposition de cette pastorale,
-
tous
les services sont logés à la même enseigne,
-
un
Vicaire général est chargé de suivre les projets pastoraux, hormis les projets
économiques (immobiliers par exemple).
Le Conseil épiscopal, autrefois lieu de
l’Exécutif diocésain, est désormais mixte en ce sens qu’il allie la fonction de
conseil, préalable à la décision épiscopale, et d’exécution de cette décision.
Cette seconde fonction est renforcée avec la nomination du Vicaire épiscopal
chargé de la pastorale des jeunes et la restauration progressive des conseils
« élargis » aux chefs de service. Le statut de ce conseil demeure
ambigu et peut être source de confusion. En effet, mêler l’activité de conseil
préalable à la décision et celle d’exécution de cette décision peut, certes,
améliorer cette décision et en faciliter l’application, mais aussi la retarder
ou même la paralyser, et parfois en modifier la mise en œuvre ou même l’empêcher.
Econome diocésain
Dans le même temps la tâche assignée à
l’Econome diocésain subit plusieurs modifications :
-
restauration
de la supervision par un Vicaire de l’Exécutif chargé des affaires économiques,
puis un Vicaire général Modérateur de tous les services diocésains, celui des
affaires économiques compris,
-
instauration
d’un Comité chargé de piloter le Plan immobilier, présidé par le Vicaire
Modérateur et animé par un membre du Conseil des affaires économiques,
-
création
d’un poste de Chef comptable, avec le travail fait par un ancien membre du
Conseil des affaires économiques pour l’intégration des budgets des paroisses.
L’Econome assure la trésorerie
ordinaire, les placements financiers, les actes administratifs (achat, vente,
bail…), dans le cadre des délégations de signature de l’Archevêque, Président
de l’Association diocésaine.
En fait, ces variations reflètent les
deux tendances qui traversaient les Eglises diocésaines en France jusqu’à ces
dernières années :
-
primat
de la loi civile, où l’Econome est considéré comme un Directeur général de
l’Association diocésaine, dont le Conseil d’administration correspond au
Conseil des affaires économiques, avec une large délégation de gestion des
biens et des personnes,
-
primat
de la loi ecclésiale, où l’Econome est gestionnaire des biens matériels selon
les directives du Conseil des affaires économiques, l’Association diocésaine
traduisant en actes civils les décisions épiscopales de gestion du temporel.
Comité immobilier
De son côté, le COPIL est
progressivement déstabilisé :
-
d’une
part, par les critiques faites à sa mise en œuvre du Plan immobilier
(imprécisions sur les coûts, les délais, les acquéreurs, les critères de choix,
etc.),
-
d’autre
part, par des circuits de décision qu’il ne contrôle pas (vente de Sainte-Marie
de la Guillotière, arrêt de la restauration de la Maison Saint-Irénée,
installation du nouveau Séminaire, ajouts de chantiers en cours de Plan, etc.).
Depuis janvier 2006, où il rappelle
qu’il a la confiance de l’Archevêque pour conduire ce Plan avec toute la
transparence requise, le COPIL, qui, jusque-là a régulièrement informé de
l’avancée du Plan, ne communique plus. Il faut attendre septembre 2008 pour
qu’il donne à nouveau des informations sans justifier les revirements de
situation (arrêts de chantiers et ouvertures d’autres). Le COPIL semble devoir
piloter maintenant des chantiers non prévus dans le Plan de 2005.
En prenant le nom de « Cap 2009 »,
on ne sait s’il annonce par là le terme du Plan, et donc de sa mission, ou bien
une année difficile à négocier pour les finances diocésaines, comme un « cap »
à franchir.
Services diocésains
Les services diocésains perçoivent leur
réorganisation souvent plus comme une désorganisation que comme une
restructuration. En effet, celle-ci s’est déroulée en parallèle avec une
restructuration immobilière placée officiellement sous le signe de l’économie
de moyens et en a épousé les conditions contraignantes. A la crainte de la
réduction de personnel, s’est jointe celle du changement d’emploi et de lieu de
travail. On parle plus en termes de réticences, de contraintes, de doutes,
qu’en termes de développement des ressources et des compétences, d’adaptation à
la modernité et aux besoins nouveaux.
Si la mise en place de pôles de coordination
a pour avantage de ne pas avoir à supprimer de services ou à les hiérarchiser
selon des choix pastoraux, toujours sujets à débat, la définition du périmètre
de ces pôles s’avère difficile en raison de l’inachèvement des restructurations
des services de la Conférence des Evêques de France et, avec une moindre
importance, des services du Vatican. Mais surtout, on s’aperçoit que des
services échappent à cette coordination et semblent jouir d’un statut
d’exception : les pôles ne concerneraient donc que les
« petits » services. De plus, un des pôles ne se réunit pas. Enfin,
les Vicaires épiscopaux coordinateurs ne jouissent pas d’un statut
correspondant à leur charge au sein de l’Exécutif diocésain. Un travail
efficace supposerait une coordination des réflexions, des actions et des
moyens, humains et matériels, des services concernés au sein de chacun des
pôles.
(voir
note 7)
Un autre pôle pourrait exister pour
coordonner, au niveau du diocèse et de ses territoires, la mise à disposition
des moyens, humains et matériels, nécessaires à la pastorale, concernant donc :
-
les
personnes (prêtres, diacres, religieux, laïcs en mission ecclésiale, laïcs en
services administratifs), pour les nominations, missions, postes de travail,
formations, etc.
-
les
biens (mobiliers et immobiliers), pour la gestion financière, comptable, etc.,
avec le Service des affaires économiques,
-
les
actes (administration des sacrements, des biens temporels, des contrats,
etc.), pour leur rédaction, conservation et publication, avec la Chancellerie,
les différents « notaires » (secrétaires) de la Curie et des
paroisses, et le Service de la communication.
Difficultés
ou erreurs de gestion ?
La variation dans les estimations des
coûts d’aménagement, certes, dépend de l’évolution du marché mais, dans le cas
présent, apparaît comme une conséquence des modifications apportées aux projets
en cours de route, pour plusieurs raisons :
-
désir
des architectes (Maison Saint-Irénée),
-
mauvaise
anticipation des obstacles (Sainte-Marie, Maison Saint-Jean Baptiste),
-
manque
de concertation (Séminaire),
-
imprécision
des objectifs (Archevêché),
-
etc.
Après avoir dit que le diocèse était au
bord de la faillite, que la réduction des moyens humains et matériels était
urgente, on envisage d’ouvrir de nouveaux chantiers :
-
les
uns, de développement pastoral (Vaulx-en-Velin, Sainte-Blandine, Séminaire,
Maison du Curé d’Ars),
-
d’autres,
de restauration (Cathédrale, La Sauvegarde).
(voir
note 8)
Le Plan immobilier avait pour objectif
premier d’adapter les moyens immobiliers aux ressources et aux besoins en
réduction : on diminue ainsi de moitié les surfaces utiles à la pastorale.
Désormais il semble avoir aussi l’objectif d’adapter les moyens à des besoins
supplémentaires.
Le doute peut s’installer sur la
fiabilité de l’information financière, car on ne sait pas :
-
si
les ressources étaient vraiment épuisées en 2002 et maintenant suffisantes pour
assurer ces nouveaux développements,
-
si
de récents produits exceptionnels comme des dons et legs, des ventes de biens
mobiliers (actions, etc.) et immobiliers, ont permis de reconstituer les
réserves,
-
si
les charges de personnels sont lourdes ou non, puisqu’elles sont passées de 85%
des charges en mai 2003 à 60% en 2006, sans plan social drastique de mises à la
retraite ou de licenciements, ni diminution subite du nombre de prêtres à
rémunérer.
Pour combler le déficit des opérations
de vente et restauration, on a parlé d’emprunt, de souscription, de quête
« impérée » (affectée totalement au Plan immobilier), puis de
mécénat d’entreprise.
A ces incertitudes sur les modes
financement s’ajoute l’absence d’un projet pastoral fort, qui soit mobilisateur
des énergies et ressources de tous et puisse englober la totalité des projets
immobiliers. A défaut, en septembre 2008, il est proposé que les donateurs
précisent l’affectation de leurs dons ou legs à l’un des chantiers, comme cela
a été fait pour le nouveau Séminaire, et, par là même, indiquent les chantiers
diocésains qui mobilisent leurs ressources, sinon les énergies.
Une « bonne » gestion
des moyens matériels de l’action pastorale semble devoir exiger :
-
une
connaissance des règles ecclésiales de la gestion des biens ecclésiastiques
(Droit Canon, Livre V),
-
une
connaissance des règles civiles de gestion (financière, comptable…), liées aux
lois civiles et aux codes professionnels,
-
une
éthique de gestion conforme aux exigences évangéliques de la morale chrétienne.
Priorité
des critères économiques ou des critères pastoraux ?
De 2001 à 2005 l’élaboration du Plan
Immobilier se fait sur des critères économiques : ce qui est vendable et
ce qui ne l’est pas, ce qui rapporte le plus et ce qui rapporte le moins.
Lorsque la restructuration des services diocésains accompagne celle de
l’immobilier, on ne se pose pas la question du rôle des services dans un
diocèse, de leur hiérarchie, de leur avenir, etc. Les changements dans la
constitution des pôles en témoignent : le pôle gouverner disparaît au
profit du pôle servir, des services importants échappent à la
coordination par pôles comme la formation des futurs prêtres, la catéchèse, la
formation des adultes, la liturgie.
Si dans les documents on invoque comme
finalité de ces restructurations « l’entrée dans le XXIème
siècle », on reprend là le discours commun, car de toute façon tout le
monde entrera dans le nouveau siècle ; l’important est de savoir « comment
entrer dans ce siècle » en répondant au préalable à des questions
comme celles-ci : des services diocésains en proche banlieue, près de la
Cathédrale ou dans un quartier d’avenir ? un Archevêché au sein des
services ou isolé ? un séminaire à part ou proche de l’Archevêque ?
Etc.
Par exemple, on aurait pu annoncer que
le diocèse quitte « la colline de Fourvière pour descendre dans
la plaine », au cœur de la cité du XXIème siècle qui émerge
à Gerland ou à La Confluence, qu’il préfère construire du neuf plutôt que
restaurer de l’ancien pour épargner aux générations futures des contraintes
trop fortes... Une telle visée, ou une autre, aurait pu susciter l’adhésion
d’un plus grand nombre, personnels diocésains et fidèles donateurs, faire
accepter des sacrifices comme la vente de certains biens, et justifier des
opérations très rentables à côté d’autres qui témoignent de la solidarité
évangélique.
(voir
note 9)
Souvent on dit qu’il faut avoir « les
moyens de sa pastorale et la pastorale de ses moyens » ; c’est
une manière de rappeler que la gestion des moyens, humains et matériels, est
soumise aux finalités pastorales poursuivies. Par exemple, la pastorale des
JMJ, certes, a un coût très important, mais, si elle est jugée nécessaire par
les autorités pastorales, il convient d’en trouver les moyens, en sachant que
l’on prive ainsi de moyens d’autres types de pastorale. Quand une congrégation
religieuse vend les biens du pays où elle est née, c’est pour favoriser son
essor dans d’autres pays, ou bien pour ouvrir des maisons de retraite pour
religieuses, etc. Son chapitre assume des choix dont il rendra compte.
Ainsi une action qui se veut pastorale
doit-elle reposer sur des choix pastoraux à conséquence économique, et non pas
sur des choix économiques à conséquence pastorale.
[1] Pour plus d’informations, se
reporter au Livre
blanc sur les finances du diocèse de Lyon, paru en 1992, et
au tableau comparatif
des données chiffrées de 1988 à 2007 publiées par le diocèse sur
son budget.
[2] Il n’a pas été rappelé à cette
époque que dès 2000 une estimation de vente avait été faite de 22 millions de
francs (3,3 millions d’euros) et qu’une association caritative catholique
internationale s’était portée candidate à l’acquisition de la moitié du
bâtiment. Cette destination du bien respectait l’une des clauses restrictives
de l’acte de cession à l’Association Diocésaine datée de 1966. Par ailleurs, le
Grand Lyon et la Chambre de Commerce cherchaient à accueillir dans
l’agglomération de grands chaînes hôtelières spécialisées dans les séminaires
d’entreprises (le Grand Séminaire convenait), et à installer le siège social de
la Croix Rouge International ou Euronews qui envisageait de rejoindre l’Ile de
France (la Maison Saint-Irénée convenait à ces deux demandes).
[3] Ce cabinet est dirigé par un homme
connu dans les media pour avoir introduit en France deux techniques
américaines : l’analyse transactionnelle et le coaching individuel de
chefs d’entreprise. Le coût de l’intervention de quatre mois de travail d’une
équipe de quatre personnes aurait avoisiné les 150 000 euros, couverts par
des dons d’entreprises. On ne peut à proprement parler de mécénat ou sponsoring
puisqu’il n’y a pas eu de publicité sur cette opération financière ni au sein
des entreprises donatrices ni du diocèse bénéficiaire.
[4] Le cardinal Gerlier, dans les années
50, avait du hypothéquer les biens diocésains pour obtenir des prêts bancaires
destinés au développement immobilier diocésain : la construction
d’églises, de cures et de salles de réunion paroissiales. L’Office Diocésain
des Paroisses Nouvelles (ODPN) était constitué pour gérer l’emprunt et le
rembourser à l’aide des dons des paroisses marraines des nouvelles paroisses et
d’une taxe sur chaque honoraire de messe, qui fut supprimée avec le dernier
remboursement dans les années 80. La situation est toute autre en 2006
puisqu’il s’agit de réduire le parc immobilier à l’indispensable à la mesure de
la réduction des ressources : on parle de rationalisation et non plus de
développement ou d’expansion. Les projets plus « missionnaires » de
Vaulx-en-Velin et de Sainte-Blandine ne surgissent qu’en 2007.
[5] Les Délégués aux affaires
économiques sont, pour chaque territoire, « donneurs d’ordre »
par délégation des Archidiacres, et collaborent ainsi régulièrement avec
l’Econome diocésain qui est trésorier comptable du diocèse.
[6] Les conditions et raisons réelles de
ce départ pourraient faire l’objet d’une étude en soi débordant le champ
sociologique.
[7] En 1993 un essai de coordination des
budgets par pôle avait été tenté sans être concluant : il s’agissait, en
fait, de faire assumer par les chefs de service des choix pastoraux dictés par
la compression budgétaire du moment.
[8] La Maison du Curé d’Ars a été
envisagée un temps comme Maison de la Famille ou Maison de la Vie.
Le projet de la Cathédrale concernait l’autel, l’ambon et les luminaires, et
remonte à une entente de 1993 entre l’Archevêque, la Direction Régionale des
Affaires Culturelles et une artiste « designer » de renom,
Andrée PUTMAN. Les luminaires sont déjà en place. Devant l’opposition de
prêtres, l’autel, offert par le clergé diocésain à son Archevêque en 1936, ne
devrait plus être remplacé. Au changement de l’ambon s’ajoutera celui des
bancs.
[9] Outre leur intérêt pastoral, de tels
projets avaient un intérêt économique certain. C’est pour cela que l’Institut
Catholique de Lyon a fait le choix, plutôt que de restaurer son site historique
de Bellecour, de chercher à construire dans un quartier d’avenir comme La
Confluence. Bien que le Président des Facultés catholiques soit l’Archevêque de
Lyon et son Président l’animateur du COPIL, le diocèse a fait des choix
inverses. Notons encore que les charges de fonctionnement sont moindres dans un
immeuble neuf aux normes HQE que dans un bâti ancien même restauré et que ces
projets auraient pu recevoir des aides publiques. Et sans doute l’opération
serait-elle achevée, puisque, dans l’année 2005 le groupe Le Progrès
décidait de transférer ses bureaux à La Confluence et les inaugure en 2007.
Decourt Georges, octobre 2008