Permutatio
1173
comtes du Forez et
comtes de Lyon
C’est
par le jeu des mariages qu’on en arrive au Xème siècle à avoir le titre de comte du Forez et du Lyonnais.
Comme
existe alors une double juridiction, ecclésiastique et civile, les comtes
concèdent la première à l’archevêque, en revanche revendiquent la seconde, en
jouant sur les alliances avec la Royauté contre l’Empire ou l’inverse.
En
952 le Lyonnais appartient au Royaume de Bourgogne.
Les
comtes cherchent à exercer leur autorité sur le Forez, sur le Beaujolais et sur
le Lyonnais.
En
1032 le Lyonnais est réuni à l’Empire.
Le
diocèse de Lyon comprend alors :
- en son centre, les paroisses de la « cité métropole
de Lyon »
- à l’est les 7 archiprêtrés de
l’ancienne « cité de Besançon » : Ambronay, Bagé, Chalamont, Coligny,
Dombes, Sandans, Treffort, et les 2 archiprêtrés de l’ancienne « cité de
Vienne » : Meyzieux, Morestel
- à l’ouest les 8 archiprêtrés de l’ancienne « cité de
Feurs » : Anse, L’Arbresle, Feurs (puis Montbrison), Jarez (ou Gier),
Néronde, Pommiers, Roanne, Sainbel (puis Courzieu).
Tout au long du XIème
siècle se poursuivent les luttes, armées souvent, entre comtes et archevêques.
Vers 1035-1040,
Géraud (Gérard), comte du Forez, échoue à faire nommer l’un de ses fils
archevêque de Lyon.
En 1076, un accord
est signé à la conférence de Tassin entre le comte Artaud et l'archevêque
Humbert :
- certains droits (de péages) sont partagés
entre les deux parties,
- l’archevêque a seul le droit de frapper
monnaie.
Pour
certains auteurs Humbert obtient, sans doute des empereurs, le droit de « battre
monnaie » et donne comme légendes à ses pièces à l’avers Lugdunum et au revers Prima sedes Galliarum, selon l’obituaire
de Lyon ; pour d’autres ce droit s’était éteint avant lui.
Il
obtient du Pape Grégoire VII l’excommunication du comte de Forez et du Sire de
Beaujeu coupables de sacs d’églises.
En
1157 l’empereur Frédéric Barberousse accorde à l’archevêque de Lyon, Héracle de
Montboissier (Heraclius) et à ses successeurs, par sa « Bulle
d’Or », les pouvoirs, déjà
reconnus par ses propres prédécesseurs, sur la cité de Lyon et tout le
diocèse :
…Nous avons donc concédé au susdit archevêque et primat
Heraclius, et par lui à tous ses successeurs à perpétuité, le corps entier de
la ville de Lyon et tous les droits régaliens dans toute l’étendue de l’archevêché
en deçà de la Saône, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la ville, sur les
abbayes et leurs possessions, les monastères, les églises et leurs dépendances
en quelque lieu qu’elles soient, sur les droits comtaux, les tribunaux, les
duels, les marchés, la monnaie, les tonlieux, les péages, les châteaux, les
bourgs et villages, les terres, les serfs et les serves, les tributaires, les
dîmes, les forêts et les bois, les chasses, les moulins, les eaux et les cours
d’eaux, les champs, les prés, les pâturages, les terres cultivées et incultes,
et généralement tout ce qui relève de l’Empire dans l’évêché de Lyon. Nous lui
avons concédé, relevant de l’ancien comme du nouveau droit, les casamenta
[=fiefs ?] tant du comte de Savoie que tous les autres relevant de
l’Eglise de Lyon, et dans tous, que ce soit dans ou en dehors de l’évêché de
Lyon, la juridiction générale. Que nul n’entreprenne donc d’exercer sur ces
choses un pouvoir tyrannique, que nulle puissance ne cherche à s’y immiscer
avec violence, que nul comte, nul juge ne prétende y exercer quelque
juridiction, sinon l’archevêque et primat de Lyon…
(selon GUIGUE in
RUBELLIN, p.373)
Aussitôt
la guerre reprend entre les deux parties et en 1158 l’armée de l’archevêque est
battue par celle du comte Guy.
En
1162 le comte Guy prend Lyon et contraint Héraclius à fuir. Celui-ci cherche
refuge auprès de l’Empereur, tandis que le comte du Forez demande au Roi de
France d’arbitrer en sa faveur.
En
1167 un accord est conclu sous l’égide de l'archevêque Pierre de Tarentaise
représentant le Pape Alexandre III : la ville est gérée désormais
conjointement par les deux parties. Cet accord s’avère rapidement inapplicable.
En
1173 un autre accord connu sous le nom de « permutatio » est
signé par le comte Guy et l’archevêque Guichard, sous l’égide du Roi et du
Pape, avec la ratification de l’Empereur :
- le comte abandonne à l’archevêque Lyon la
rive gauche de la Saône, au nord (comme Chazay) et au sud de Lyon (comme
Givors), le Lyonnais constituant un comté dont les chanoines deviennent comtes,
- l'archevêque abandonne au comte ses
terres situées en Forez ou à proximité, le Forez constituant un comté propre,
- l’archevêque verse une somme d’argent au
comte.
Ainsi :
- les biens matériels sont-ils regroupés et
délimités avec, d’une part, le comté de Lyon, possession ecclésiastique, et,
d’autre part, le comté du Forez,
- les juridictions temporelles et
spirituelles sont-elles distinguées : le comté du Forez restant sous
l’autorité spirituelle de l’archevêque de Lyon.
En
1193, le fils du comte Guy, Renaud de Forez, est élu archevêque de Lyon.
DOCUMENTS
-
Les Archives départementales du Rhône possède la Bulle
d’Or de 1157
- voir la traduction
française de la Bulle d’Or
- La Bibliothèque Municipale de Lyon
possède, dans le fonds Coste (manuscrits 1237) trois documents à propos de la
Bulle d’Or de 1157 :
- Bulle du pape Alexandre III, portant confirmation de
l'échange contracté entre le comte du Forez et l'archevêque de Lyon. 1174,
- Lettres-patentes de Phillippe-le-Bel, confirmatives de l'échange fait entre le comte de
Forez et l'archevêque de Lyon. Septembre 1307,
- Ratification par Louis, comte de Forez, de l'échange
fait entre un de ses ancêtres et l'archevêque de Lyon en 1173. Et foi et
hommage, 6 mars 1359
- voir la traduction française
de la Bulle du pape Alexandre III,
portant confirmation de l'échange contracté entre le comte du Forez et
l'archevêque de Lyon en 1173, 1174
- voir
le plan de
partage, La Diana
- voir
précisions sur le partage dans La Diana,
1892, La Diana
1894
- RUBELLIN Michel, 2003, Eglise
et société chrétienne d’Agobard à Valdès, texte
de la Bulle d’Or de 1157 traduit aux pages 372 et 373
- BONNASSIEUX
Pierre, 1874, Observations
sur cette question : le Lyonnais faisait-il partie de la France en
1259 ? , Bibliothèque de l'école des chartes, tome
35. pp. 57-65
-
PERROY Edouard, 1976, Les
Familles nobles du Forez au XIIème siècle. Essais de filiation
- TIJET Jean-Jacques, L’histoire
tumultueuse des comtés de Lyon et de Forez
-
voir la notice de M.HOURS Joseph sur les
chanoines-comtes de Lyon
- voir les notices sur GUICHARD,
HUMBERT
g.decourt