« Vêpres lyonnaises »
1572
Après le sac de Lyon
par le Baron des Adrets en 1562 (voir
notice) et l’édit d’Amboise de mars 1563, l’occupation de Lyon par les
protestants prend fin le 15 juin 1563 avec la nomination d’un nouveau
gouverneur représentant le Roi.
Le 10 août 1563, se
tient à Lyon le 4ème synode national du protestantisme dirigé par
Pierre Viret, pasteur de Lyon depuis un an. Des milliers de Réformés
participent au culte de la Cène.
Les Protestants
sont autorisés à construire 3 temples : « Fleur de Lys » rue Puits de Sel (actuel quai Pierre-Scize)
dans le quartier de Bourgneuf, « sur
les fossés de la Lanterne » aux Terreaux (actuelle place des Terreaux)
et « Paradis » rue
Establerie (actuelle rue des Quatre-Chapeaux).
La composition du consulat
de la ville de Lyon est modifiée au profit des familles de marchands avec
parité entre les deux partis.
En
1563 arrive à Lyon un nouvel archevêque, Antoine d’ALBON, qui, à l’été 1560,
alors abbé de Savigny et tenant lieu de gouverneur de Lyon, avait déjoué une
tentative de coup de force des protestants.
Il
abandonne son pouvoir de justice au Roi qu’il accueille en juin de l’année
suivante.
A cette occasion
Charles IX (1560-1574) prêche la réconciliation. Il
rencontre le pasteur Pierre Viret. Le Gouverneur est chargé de nommer les
consuls : 8 catholiques et 4 protestants.
En 1565 l’archevêque obtient, malgré l’opposition des
Consuls protestants de la ville, que le Collège de la Trinité soit confié aux
jésuites, d’abord provisoirement puis définitivement en 1567.
Ce
Collège, fondé en 1527 avec l’accord de la Confrérie de la Trinité par le
Consulat de la ville, est géré par ce dernier. Il est soupçonné d’être devenu un
foyer des idées de la Réforme. L’archevêque précédent, François de TOURNON,
avait proposé au Consulat lyonnais de confier le Collège à « certains prêtres religieux nommés jésuites,
lesquels sont propres pour instruire la jeunesse en bonnes mœurs et en religion
chrétienne, sans prendre aucun gage ni salaire ». Mais les échevins
avaient renouvelé leur confiance au responsable Barthélemy ANEAU « homme de bien, de bonnes lettres, savoir et
expérience, religieux et catholique », alors même que certains le soupçonnaient
d’être trop favorable à la Réforme. Celui-ci fut lynché par la foule le 15 juin
1561 après qu’un jeune ait profané le Saint-Sacrement, déclenchant une émeute.
Les Jésuites, avec le Père Edmond Auger comme recteur,
mettent en œuvre la Contre-Réforme initiée par le Concile de Trente
(1545-1563). Des controverses publiques sont organisées entre le
pasteur Viret et le jésuite Edmond Auger.
Avec
les édiles lyonnais l’archevêque fait rebâtir l’église Saint-Just à partir de
1565 à l’intérieur des remparts, à son emplacement actuel.
Cette
même année 1565 le pasteur Pierre Viret doit quitter la ville.
En
février 1567 le temple des Terreaux est saccagé. En septembre 1567, une
conjuration de protestants tente de s'emparer de la ville ; elle
échoue ; le 29 septembre trois autres temples protestants sont détruits.
De
nombreux réformés sont exilés ; des listes de personnalités suspectes sont
établies ; les fonds de bibliothèques sont épurés ; les quatre
échevins protestants sont remplacés par huit catholiques ; des nombreux
arrêts et ordonnances s’en prennent aux réformés.
Il
n’y a plus ni pasteur, ni temple, ni consul protestant dans Lyon ; les
jésuites cherchent à convertir les réformés ; le nombre de réformés a
fortement diminué.
Les Lyonnais et
leurs échevins s’opposent alors à ce qu’ils jugent comme des avantages concédés
aux protestants par les différents édits royaux de pacification, par exemple
l’autorisation du culte réformé à Charlieu ou Saint-Genis-Laval, les prêches
protestants dans la commune de La Guillotière…
Le 27 août 1572 la nouvelle des massacres commencés à Paris à l’aube du
24 août, jour de la Saint-Barthélemy (les « Matinées parisiennes ») parvient à Lyon. S’ensuit une chasse
aux Réformés dans toute la cité. François
Mandelot, gouverneur de Lyon depuis 1571, veut, semble-t-il, protéger les Protestants
qu’il regroupe au Palais de Roanne, à l'Archevêché, au Couvent des Cordeliers. Le dimanche suivant, 31 août, en fin de journée, la ville connaît alors
la réplique de ce massacre appelé les Vêpres Lyonnaises. Un millier de Protestants lyonnais meurent dans des
massacres. Le
pasteur Jacques Langlois, à Lyon depuis 1563, est assassiné et jeté à la
Saône ; Claude Goudimel, l’harmonisateur des Psaumes de la Réforme, fait
partie des victimes.
Antoine d'ALBON, fortement marqué par la violence des massacres,
prépare sa succession en résignant son siège en faveur de son neveu, Pierre
d'ÉPINAC.
Il se retire dans son prieuré de Saint-Rambert-en-Forez où il meurt en 1574. Avec l'aide des jésuites,
la nomination du nouvel archevêque reçoit
l’aval du pape et du Roi et le 2 octobre 1574 Pierre d'ÉPINAC prend possession
de son siège. Il continue l’action de réforme (ou de contre-réforme) en
s’appuyant sur les jésuites, les capucins, les chartreux, les carmes...
Le
25 février 1589 Lyon et son archevêque adhèrent à la « Ligue et sainte Union des Catholiques »
contre le roi Henri III (1574-1589). Le Père Auger, qui s’est opposé à cette adhésion,
quitte le Collège. L’archevêque est arrêté, emprisonné, puis libéré mais reste
« ligueur ». La région lyonnaise connaît alors des
combats entre catholiques et protestants. En 1593 Henri IV (1589-1610) se convertit
au catholicisme. En février 1594, sous la pression des lyonnais, le consulat et l’archevêque acceptent de quitter la Ligue et se rallient au Roi ; une
armée royale occupe Lyon ; la soumission de la ville est entérinée en mai.
Henri
IV fait son « entrée triomphale » à Lyon le 4 septembre 1595.
Par l'édit de Chauny de décembre 1595 le Roi
réorganise le Consulat : il réduit de douze à quatre le nombre des
échevins, élus pour deux ans par les représentants des métiers, et il nomme
lui-même à leur tête le Prévôt des marchands.
En 1598, l'Edit de Nantes profite au
peu de protestants qui demeure encore dans la région lyonnaise : le culte protestant
est resté interdit à Lyon ; un temple subsiste à Oullins, un autre à
Saint-Romain-au-Mont-d’Or, qui sera détruit en 1686 en application de la
Révocation de l’Édit de Nantes de 1685.
Pierre d’EPINAC est
remplacé par Claude de BELLIEVRE en 1599.
Le 17 décembre 1600, le roi épouse Marie de Médicis en la Cathédrale
Saint-Jean : signe de réconciliation entre Catholiques et Protestants,
signe de retour à la paix pour les Lyonnais.
DOCUMENTS
- PORCHU-RICHERD Tatiana, 2000, La
Saint-Barthélemy et l’intolérance des Lyonnais pendant les guerres de religions
(1562-1572), Bulletin de la Société
Historique, Archéologique et Littéraire de Lyon, t.30, pp.13-31
- LIGNEREUX Yann, 2001, Les « trois corps
du roi », Dix-septième siècle, 3/212, pp.405-417
- FOA Jérémie, 2008, Le
tour de la paix. Missions et commissions d’application des édits de
pacification sous le règne de Charles IX (1560-1574), thèse en histoire, Université Lyon 2
- KRUMENACKER Yves (dir.)…, 2009, Lyon 1562. Capitale protestante
Recensions par Frijhoff W., Archives
de Sciences Sociales des Religions, 2010/152, Loez M., Les Clionautes,
2011
- Bibliothèque Municipale de Lyon, 2009, Les protestants
à Lyon, entre mémoire et avenir
- Archives Municipales de Lyon, Décembre
1595 : publication de l’Edit de Chauny
- voir notices sur Barthélemy
ANEAU, Antoine
d’ALBON, Pierre d’EPINAC,
Lyon
et l’Edit de Nantes
g.decourt