association
des patrons catholiques
1871
(à
compléter)
En 1871 est fondée l’Association
des Patrons catholiques de Lyon qui « se propose (…) de
grouper les hommes dévoués aux principes qui sont la base des sociétés et de
rechercher en s’inspirant de la loi chrétienne les moyens de concourir au
progrès moral et matériel du travail industriel et commercial ».
Pour ce faire elle s’appuie
sur plusieurs structures dont elle a pu favoriser la fondation :
Union corporative de la Fabrique lyonnaise (1885),
Syndicat mixte des patrons et employés du commerce et de l’industrie,
Ecoles du soir (4) et une école du dimanche (200
élèves),
Bibliothèque (10 000 volumes, 600
abonnements familiaux) avec un système de prêt par le biais des paroisses,
Bureau de placement pour demandeurs d’emploi,
hommes et femmes, et entreprises respectant les principes chrétiens du travail,
Bureau de placement pour les employés de maison,
La Fraternelle, coopérative de
consommation de la Croix-Rousse.
Elle soutient l’école
congréganiste du 41 rue Centrale, l’école laïque
du 64 rue de Sèze, l’école du soir de la place
Saint-Pothin et l’école du dimanche de la place Saint-Polycarpe. Elle défend le repos
dominical. Elle est très liée aux Maristes.
L’Union corporative de la Fabrique lyonnaise réunit en 1885 les métiers de la soie :
-
quelques fabricants de l’Association
des Patrons Catholiques de Lyon,
-
quelques employés des
Cercles de Saint-Denis et de Saint-Augustin, du Bon-Pasteur et de
Saint-Bernard,
-
une centaine de tisseurs de
ces cercles, qui se constituent en syndicat en 1886.
Les soyeux se constituent
bientôt en Unions chrétienne des fabricants de soieries et les tisseurs
en Corporation des Tisseurs lyonnais.
Les employés se
constituent, eux aussi, en syndicat reconnu le 7 octobre 1886 sous le nom de Corporation
des employés de la soierie lyonnaise qui a pour but :
-
d’étudier et de défendre les intérêts moraux et matériels des
employés et de poursuivre
l’amélioration constante de ces intérêts,
-
d’établir entre les membres de
l’Union corporative de la soierie lyonnaise (fabricants, employés et ouvriers
tisseurs) un lien de solidarité et de fraternité chrétienne qui leur permette
de se concerter et de se prêter
un mutuel appui pour l’étude et la
défense de leurs intérêts économiques et industriels ainsi que pour
l’exercice de leurs droits professionnels,
-
de créer et soutenir des
institutions économiques, comme des
caisses spéciales de secours mutuels et de retraites, ainsi que des offices de
renseignements pour les offres et les demandes d’emplois.
Au début du XXème siècle l’Union semble inactive :
-
la Corporation
des employés poursuit ses activités, perçues parfois comme celles de l’Union elle-même : fondation en 1887
d’un bureau de placement, en 1897 d’une caisse de retraite, bibliothèque
technique, cours, etc.
- les tissages urbains sont devenus rares et beaucoup de tisseurs se sont
reconvertis, car à leur place, pour plus de rentabilité, se sont développés des
tissages situés en milieu rural,
-
les fabricants soyeux semblent avoir eu peu d’activités
communes, partagés en divers courants :
Idéologiquement, le monde soyeux est
également divers. Avant 1914, les soyeux tels Ennemond Morel, Léon Permezel,
Ulysse Pila, Auguste Isaac sont fortement représentés au sein du groupe animé
par le banquier et député Edouard Aynard et dont la Société d'économie politique
de Lyon est le laboratoire d'idées. Ce groupe contrôle l'institution consulaire
présidée par Édouard Aynard de 1890 à 1899 puis par Auguste Isaac de 1899 à
1911. Ces républicains libéraux, liés aux progressistes puis engagés dans la
Fédération républicaine, sont aussi pour la plupart des catholiques libéraux
qui se méfient des dévotions trop affichées et adhèrent à un libéralisme
économique tempéré par l'action philanthropique laïque ou confessionnelle.
Mais certains soyeux influents comme
Cyrille Cottin, Claude Gindre ou Jean-Baptiste Guise ont des positions plus
conservatrices, voire contre-révolutionnaires, ultramontaines et autoritaires
en religion comme en politique. Ils animent l'Association catholique des
patrons de Lyon (1871), l'Union corporative de la fabrique lyonnaise (1885) et
l'Union chrétienne des fabricants de soieries.
Ces deux courants se retrouvent toutefois
dans leur opposition au combisme, à l'interventionnisme étatique ou au
socialisme. Ils soutiennent l'idée d'une hiérarchie sociale fondée sur la
fortune et l'éducation et partagent la conviction qu'un encadrement des masses
par les élites est nécessaire pour contrebalancer l'influence des démagogues.
Par ailleurs, ils participent à la sociabilité des élites lyonnaises dont ils
suivent le rythme : d'octobre à mai-juin, durant leur séjour lyonnais, ils
participent aux réunions mondaines, fréquentent les cercles et les sociétés
savantes ; les beaux jours venus, ils se retirent dans leurs résidences rurales
plus ou moins proches de Lyon. Enfin, les divergences n'empêchent pas les liens
matrimoniaux.
(JOLY…,
2010, chapitre : Soyeux lyonnais)
Ces distinctions se
retrouvent dans l’enseignement secondaire : les fabricants de soieries
envoient leurs fils au Collège catholique de Mongré (Guérin, Brunet-Lecomte…),
le patronat lyonnais à l’Institution des Chartreux, les milieux d’affaires
conservateurs à l’Externat Saint-Joseph (Jarrosson,
Permezel, Baboin, Baboin-Jaubert,
Brunet-Lecomte, Payen, Boucharlat…), les catholiques libéraux
à l’Ecole Ozanam (Gillet, Isaac…), selon ROJON.
Les patrons
catholiques lyonnais se partagent entre le Cercle
du Divan (Baboin, Guérin, Montessuy,
Saint-Olive…), le Cercle de Lyon, proche de la Congrégation (Dugas, Cottin,
Gindre...), et le Cercle du Commerce.
ADHERENTS
Dans
les documents disponibles apparaissent les noms de plusieurs adhérents
comme :
CHOMER Alexandre, administrateur
du Crédit Financier et Industriel.
COTTIN Cyrille
(1838, Jujurieux-1905, Lyon)
Fabricant de soieries. Administrateur du Crédit Financier et Industriel, du Dispensaire général de Lyon.
Co-fondateur du journal Le Nouvelliste,
actionnaire du journal La Croix de Lyon. Marié à Louise Payen, beau-frère de
Claude Gindre. Membre de la Congrégation, du Conseil central de la Propagation
de la Foi. Chevalier
GILLET François (1813, Bully-1895, Bully)
Issu
d’une famille modeste il devient apprenti tisseur. En 1838 avec un associé il
ouvre un atelier de teinture. En 1869 est créée la Société Gillet et fils. En 1880 l’ensemble des sites emploie 1200
personnes. Fondateur d’une école
d’apprentissage et d’une école de jeunes filles. Avec Edouard AYNARD et
Mangini, il fonde en 1886 la SA des Logements Economiques (les premiers HBM), pour encourager la
création de « cités ouvrières » à proximité des usines de Lyon et Villeurbanne. Il fonde une caisse de retraite et un système
d’intéressement de ses salariés aux bénéfices. Il fait construire la primitive
église Saint-Charles de Serin.
GINDRE Claude (1842, Lyon-1898)
Fabricant de soieries. Administrateur de la
Société immobilière des Brotteaux,
filiale du Crédit financier et industriel,
du Crédit
Financier et Industriel Fondateur de la Société
agricole et immobilière de Madagascar. Marié à Zoé Augustine Payen. Membre
de la Congrégation. Proche de l’abbé Camille RAMBAUD. Chevalier de l’Ordre de
Saint-Grégoire-le-Grand. Membre de la Commission de Fourvière.
GINDRE Jean Symphorien dit Joannès
(1835-1899)
Frère de Claude. Soutien des
journaux : Le Nouvelliste, Le Salut Public. Membre de la
Congrégation. Chevalier de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. Membre de la
Commission de Fourvière.
GIRAUD Paul
Co-fondateur du journal Le Nouvelliste.
Commandeur de l’Ordre de
Saint-Grégoire.
GUERIN Charles
Président de l’Association des familles de Saint-Pierre-des- Terreaux, membre de
l’Œuvre des cercles catholiques
d’ouvriers,
GUERIN Ferdinand (1847, Lyon-1921, Sérézin)
Banquier, marchand de soie. Administrateur
de la Société immobilière des Brotteaux,
filiale du Crédit financier et industriel,
secrétaire de la Chambre de commerce, président du syndicat des marchands de
soies, de l’Union des chambres syndicales lyonnaises et d’administrateurs de
diverses société. Membre de la Congrégation.
MANHES Pierre
(1841, Lyon-…)
Ingénieur,
administrateur de la S.A. Lyonnaise des
Placers Aurifères des Apennins (S.A.
des Mines d’or du Gorzenti), de la société des Naphtes et Pétroles du Caucase, de la Banque de Lyon et de la Loire. Actionnaire du journal Le
Nouvelliste Co-fondateur de la Caisse
lyonnaise. Membre de la Congrégation des Messieurs.
MONTESSUY Just-Antoine, administrateur de
la Société stéphanoise de Dépôts et de
Comptes Courants et de Crédits Industriels, de la Société Lyonnaise de banque, de la Banque de France à Lyon.
MONTESSUY Georges, administrateur
du Crédit Financier et Industriel
constituée en décembre 1881.
PARISET Ernest
(1826-1912)
Rentier. Marié à Antoinette-Honorine
Teillard, fille d’un fabricant de soieries auquel il succède. Ecrivain, auteur
d’une Histoire de la Soie. Président de l’Association de la Fabrique lyonnaise, administrateur
du Crédit Financier et Industriel.
Il participe à l’organisation du Musée
des Tissus.
RAMBAUD Joseph, (voir
notice)
VITTE Emmanuel,
imprimeur éditeur (voir
notice)
On note aussi la
présence de Baboin Henri, Brunet-Lecomte Joseph, Duplay Francisque et
Ferdinand, Girodon Alfred, Martin Albert, Mayor Charles, Mouth Ernest, Poncet
père et fils, Saint-Olive Louis, Servier Camille, Testenoire Ferdinand et
Antoine, de membres des familles Duplay-Balaÿ, Payen,
Palluat de Besset...
DOCUMENTS
- VACHET Adolphe,
1900, Lyon et ses oeuvres, Patrons
catholiques
- ROJON Jérôme, 2007,
L’industrialisation
du Bas-Dauphiné : le cas du textile (fin XVIIIe siècle à 1914), thèse
d’Histoire de l’Université Lyon 2
- MAS
Gabriel, 2007, Le
cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870), thèse
d’Histoire de l’Université Lyon 2
- PINOL Jean-Luc, 2009, Mobilités
et immobilismes d’une grande ville : Lyon de la fin du XIXe siècle à la
Seconde Guerre mondiale, thèse d’Histoire de
l’Université Lyon 2
- JOLY H., FRABOULET D., FRIDENSON P.,
CHATRIOT A., 2010, Dictionnaire
historique des patrons français
- Archives du département du Rhône, Famille
Guérin (1621-1959)
- site Giraud, 1936, Notes
sur la famille Payen
-
sites du Grand Lyon : François
Gillet, De
l’épopée industrielle de l’Est lyonnais au…
- site
histoire-genealogie, La Corporation
des Employés de la Soierie Lyonnaise. Les pionniers du syndicalisme chrétien
- voir les notices sur le Comité
de défense de Lyon, Edouard
AYNARD, Auguste
ISAAC, Camille
RAMBAUD, Le
Cercle de Lyon
g.decourt