abbaye Saint-Pierre
VIème s.
L’existence d’un monastère bénédictin
féminin Saint-Pierre-et-Saint-Saturnin
est attestée à la fin du VIème siècle. Mais il y en aurait eu un
autre auparavant qui aurait été détruit.
ENNEMOND, évêque de Lyon de 645 (650) à
663, restaure ce monastère selon la règle de saint Benoît. A sa mort, son
corps est inhumé dans l'église Saint Nizier ou dans celle du monastère
Saint-Pierre, où se développe rapidement un culte. Chaque 23 août est célébré
un office en son honneur par les religieuses. ENNEMOND est souvent considéré
comme le véritable fondateur de ce monastère.
En 665 les moniales auraient adopté la règle de saint
Benoît.
LEIDRADE, évêque de Lyon de 798 à 814, fait
reconstruire, après les destructions des Sarrazins, le monastère qui prend le
nom de Saint-Pierre-les-Nonnains (nonnains
étant un féminin pluriel), comme il l’écrit dans sa lettre à Charlemagne :
J’ai encore fait réparer plusieurs églises
dans la ville de Lyon : celle de S.te Eulalie où était un
monastère de filles, celle de St. Paul, le monastère des filles de St. Pierre,
où est enterré St. Ennemond, martyr et fondateur de cette maison, où il y a
maintenant trente-deux religieuses vivant selon la règle.
Au Moyen Âge,
l’abbaye, qui porte donc le nom de Monastère
des Filles de Saint-Pierre, constitue un vaste ensemble de bâtiments.
- L'église
Saint-Pierre (des Terreaux), datée du VIIème
siècle, est reconstruite au XIIème
siècle. Au XIVème siècle des chapelles
latérales sont ajoutées. Au XVIIIème
siècle le chœur est agrandi et construit un clocher. En 1907 elle est désaffectée,
attribuée Musée des Beaux-Arts de Lyon et abrite aujourd’hui une partie de ses
collections de sculpture. Le porche donne sur l’actuelle rue Paul Chenavard.
- L’église
Saint-Saturnin (Saint-Sornin), détruite pendant la Révolution, est située au sud
de l'église Saint-Pierre.
- Les habitations des
religieuses, au nombre de 32 semble-t-il, sont insérées dans la clôture
monastique.
Les religieuses,
issues de la noblesse, ne vivent pas recluses mais ont donc leurs propres
appartements.
L’abbesse est élue
par les moniales réunies en chapitre ; elle porte la crosse, relève de
l’autorité du Pape et non de celle de l’archevêque de Lyon, dirige jusqu’à 14
prieurés, nomme plusieurs curés, a ses « officiers » pour l’aider.
Le monastère est
richement doté et gère de nombreuses propriétés. L’abbaye est l’une des
institutions les plus puissantes de la cité, grâce à ses revenus et aux
origines sociales de ses moniales.
En 1136 des
religieuses seraient parties fonder un prieuré à Blyes ; en 1658 les
religieuses de Blyes viennent s’installer à Lyon.
En 1157 l’église
Saint-Pierre est reconstruite, dont il reste le porche roman et la porte
donnant rue Saint-Pierre (actuelle rue Paul Chenavard).
A la fin du XVème
siècle la règle n’est plus réellement suivie : des religieuses vivent hors
du couvent dans des maisons particulières. En 1503 a lieu un « audit »
du monastère pour faire le poin,t
de la situation : vie monastique, bâtiments… En 1511 François DE ROHAN,
archevêque de Lyon de 1506 à 1536, avec le soutien de Louis XII et de la reine
Anne de Bretagne, leur demandent de reprendre la vie commune selon la règle de
saint Benoît. La plupart des moniales refusent, soutenues par leurs riches
familles, et en appellent à l’autorité du Pape. D’abord désavoué par le
commissaire du Pape, DE ROHAN parvient en 1516 à faire transférer dans d’autres
couvents les religieuses récalcitrantes ; il les remplace par des
religieuses venues du couvent Saint-Laurent de Bourges et met le monastère sous
la tutelle des religieux de Saint-Allyre (Clermont), ces deux institutions
relevant de l’abbaye de Chezal-Benoît (Berry) où avait été initiée une réforme
bénédictine à la fin du XVème siècle. Ce pourrait être la reine qui
en 1514 aurait obtenu cette réforme.
Pendant
l’occupation de la ville par les troupes du baron des Adrets en 1562 la plupart
des religieuses s’enfuient dans leur prieuré de Morancé. Par la suite l’abbaye
est restaurée et devient Abbaye royale
des Dames de Saint-Pierre.
En 1637, l’abbaye
est toujours aussi riche mais a perdu de son influence ; elle passe sous
l’autorité de l’archevêque de Lyon ; l’abbesse est désormais nommée par le
Roi.
Vers
1658 des religieuses quittent l’abbaye ; elles sont
accueillies au monastère des Ursulines de la montée Saint-Barthélemy puis
s’installent en face du monastère des Chazeaux ; elles acquièrent un
terrain près du quai Saint-Vincent pour y construire un nouveau prieuré dédié à
saint Benoît.
En 1646 est décidée la construction de
l’Hôtel de Ville jouxtant le domaine de l’abbaye. Un conflit juridique
s’ensuite qui trouve son accord en 1659 : la place des Terreaux est un
espace public qui sépare les deux propriétés, l’alignement des bâtis est
adopté.
En 1659 Anne de
Chaulnes, abbesse de 1649 à 1672, décide alors de restructurer l’ensemble du
monastère autour d’un cloître. De cette époque date les façades sur la place des
Terreaux et l’actuelle rue Edouard Herriot. Les
rez-de-chaussée sont loués à des marchands pour constituer des revenus.
Antoinette de
Chaulnes, abbesse de 1675 à 1708, confie la décoration intérieure au peintre et
architecte lyonnais Thomas BLANCHET : réfectoire, grand escalier, dessin de
sculptures et de tableaux pour le chœur de l’église, maître-autel, tabernacle,
cloître… ; il est assisté du peintre Louis CRETEY qui réalise le décor du réfectoire, avec des représentations de la Cène, de la Multiplication des pains, de l’Assomption,
de l’Ascension, d’Elie. Sont perdus les sept tableaux de
la salle du Chapitre et les deux sur la vie de saint Pierre.
En 1790 les
moniales sont expulsées. L’une d’entre elles, Mme de Bavoz, participe à la
fondation de l’abbaye de Pradines, une autre, Mme de Montjulin, à celle du
couvent de La Rivette (Caluire).
En 1793 l’abbaye
devient caserne de l’armée, l’église Saint-Saturnin est détruite.
S’y installent en
1801 la Bourse du commerce, en 1802 le tout nouveau Musée des Beaux-Arts de
Lyon, en 1835 la Faculté des sciences, en 1838 la Faculté des lettres ; en
1860 la Bourse et la Chambre de commerce quittent l'ancienne abbaye.
Actuellement
le Palais Saint-Pierre abrite le
Musée des Beaux-Arts de Lyon et quelques boutiques en rez-de-chaussée.
DOCUMENTS
- VACHET Adolphe, 1895, Les
Anciens couvents de Lyon, Saint-Pierre-les-Nonnains,
pp.99-117
- COVILLE Alfred, 1912, Une Visite de
l’abbaye de Saint-Pierre de Lyon en 1503, Revue d’Histoire de Lyon
- HERVIER Marcel, 1922, Le Palais des arts : ancienne abbaye royale des dames de Saint-Pierre :
sa construction, son histoire
- BENASSE Pierre-Maurice, 1998, De l'Abbaye des Dames de Saint-Pierre au Palais Saint-Pierre. Musée des
Beaux-Arts de Lyon
- LE GALL Jean Marie, 2001, Les
moines au temps des réformes : France, 1480-1560
- Musée des Beaux-Arts de Lyon, historique
- Lyon en 1700, église
Saint-Saturnin et clocher-porche de l’église Saint-Pierre
- voir les notices
sur ENNEMOND,
DE ROHAN,
BLANCHET,
CRETEY,
sur LEIDRADE 1
et 2,
sur le prieuré de Blyes et le prieuré Saint-Benoît
g.decourt